Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Saint Igny (Jean de)

Dessinateur, peintre et graveur français (Rouen [ ?] v. 1595/1600  – Paris [ ?] après 1649).

Sa carrière est documentée à Rouen : apprenti en 1614, il fait partie des fondateurs de la confrérie de Saint-Luc en 1631 et en devient maître en 1635. À Paris en 1632, il reçoit une commande pour le couvent des Augustins. De nouveau à Rouen en 1641, il est à nouveau documenté à Paris en 1649. Le musée de Rouen conserve de lui, venant de l'église des Cordeliers, deux grands tableaux en grisaille, l'Adoration des bergers et l'Adoration des Mages, datés 1636, qui peuvent servir de base à la reconstitution de son œuvre peint. On a aujourd'hui retiré à Saint Igny pour les donner à Juste d'Egmont une série de tableautins en grisaille (musée de Rouen, de Nîmes, musée des Arts décoratifs de Paris, musée Condé de Chantilly, de Versailles et Poughkeepsie, Vassar College Art Gallery). On doit à l'artiste, qui collabora avec Abraham Bosse, des dessins et des gravures de costumes à la mode (Cinq Cavaliers sur une place publique, plume, Metropolitan Museum). Environ 35 dessins à la sanguine montrant, en buste, des figures empanachées d'exécution virtuose, toujours données à Bellange, sont aujourd'hui rendues à Saint Igny (exemples au Louvre, à l'E. N. B. A., au musée de Berlin, à la Pierpont Morgan Library de New York) et font de l'artiste un des plus séduisants représentants du maniérisme tardif.

Saito (Yoshishige)

Peintre et poète japonais (Tokyo 1904-id. 2001).

Saito est l'un des pionniers de l'abstraction au Japon. Après avoir suivi les cours de l'Académie Nihon à Tokyo (1914-1924), il s'investit d'abord dans un travail d'écriture et ne choisit la peinture qu'au tout début des années 30. Tourné vers la production européenne, il adopte dans un premier temps une facture cubo-futuriste, puis, après une brève étape marquée par le surréalisme, entreprend une série d'œuvres géométriques sous l'influence du constructivisme russe, notamment de l'œuvre de Naum Gabo dont on retrouve certains échos dans Kara Kara (1936). Après une longue période d'interruption consécutive au drame de la nation japonaise, réfugié depuis 1954 dans un petit village de la côte, il renoue progressivement avec la peinture à la fin des années cinquante, dans un style hésitant entre une figuration allusive, fortement calligraphique, et une abstraction géométrique. Il expérimente alors de nombreuses techniques, incisions dans des panneaux de bois, matières plastiques. Il a reçu un prix aux cinquième et sixième Biennales de São Paulo (1959, 1961) et est présent dans de nombreuses collections publiques japonaises, notamment au musée d'Art moderne de Tokyo.

Salimbeni (Lorenzo) , dit Salimbeni da San Severino

Peintre italien (San Severino, Marches, 1374  – id. [ ?] avant 1420).

Il a signé et daté de 1400 un triptyque (Mariage mystique de sainte Catherine, San Severino, pin.) qui le désigne comme l'un des premiers adeptes italiens du style gothique international. Peut-être y fut-il initié, dans les Marches même, par Zanino di Pietro ; sa manière révèle en tout cas une parfaite connaissance des précieux modes lombards et même nordiques. Les fresques de la crypte de la collégiale de S. Ginesio (la Vierge et l'Enfant, Martyre de saint Étienne et saint Ginesius, Scènes de la vie de saint Blaise), qui datent de 1406, confirment cette orientation. Des autres œuvres de l'artiste (fresques demeurées dans les églises de San Severino ou transférées à la pin. de cette ville), deux ensembles se détachent, tous deux exécutés avec la collaboration du frère de Lorenzo, Jacopo (documenté de 1416 à 1428)) : les fresques d'une chapelle de la cathédrale de San Severino (Scènes de la vie de saint Jean l'Évangéliste), montrant une singulière vivacité narrative, et surtout les fresques de l'oratoire de Saint-Jean à Urbino, qui portent la signature des deux frères et la date de 1416. Il s'agit d'un des chefs-d'œuvre européens du Gothique courtois. Les Salimbeni y ont représenté le Calvaire avec de nombreux personnages, la Madone du paradis, la Madone avec saint Jean-Baptiste et saint Sébastien et une suite de 12 Scènes de la vie de saint-Jean-Baptiste, où l'histoire sacrée est interprétée avec une verve stupéfiante. Chaque épisode, traité comme une scène populaire ou mondaine, fournit aux artistes prétexte à exalter la richesse chromatique ou le pittoresque des costumes, la variété des végétations ou des architectures, mais aussi permet de prouver leur sensibilité expressive. Mêlant l'élégance linéaire la plus raffinée et la plus fluide (où certains critiques reconnaissent la marque de Lorenzo) à un naturalisme fort savoureux (qui serait plutôt le fait de Jacopo), les deux peintres réalisent ici l'accord subtil entre l'abstraction décorative et la vision cordiale de la réalité qui caractérise les meilleurs peintres qui se situent dans la tradition du Gothique courtois et singulièrement leur grand contemporain et compatriote Gentile da Fabriano.

Salimbeni (Ventura)

Peintre italien (Sienne 1568  –id. 1613).

Sur la base des sources anciennes, on a récemment tenté de reconstituer son œuvre et sa formation romaine, soumise aux diverses influences de la suite de Baroche, à la fin du XVIe s. : Andrea Lilio, Ferrau Fenzoni, Baglione, le Cavalier d'Arpin. Salimbeni travaille, sous le pontificat de Sixte V (1585-1590), au Vatican (Libreria, Sala Regia) et au palais du Latran et pour plusieurs églises romaines. On connaît une série de gravures à l'eau-forte, datée de 1588 à 1591, marquée tant par Baroche que par les graveurs néerlandais. De retour à Sienne en 1593-1595, l'artiste entreprend une série de fresques pour les églises, souvent en collaboration avec Francesco Vanni : à l'église de la Trinita (entre 1595 et 1602), à S. Spirito (Histoire de saint Hyacinthe), à S. Bernardino (Histoire de saint Bernard), à l'église du Santuccio enfin, tout à fait à la fin de sa vie (6 scènes de la Vie de saint Galganus, 1612). Il travaille aussi pour Assise, Pérouse, Lucques et Pise (Crucifixion, S. Domenico). Par sa fraîcheur narrative, la ductilité de son pinceau (souplesse dont témoignent aussi ses dessins) et son chromatisme brillant, Salimbeni renouvelle, aux côtés de Francesco Vanni, et sous l'influence de Baroche, certains traits de la tradition siennoise.