Wootton (John)
Peintre britannique (Warwickshire 1678 ou 1682 – Londres 1764).
Élève de Wijck à la fin du XVIIe s., il travailla, en 1694, avec Siberechts. En 1714, il est connu comme le " peintre des chevaux ", et ne changera guère de style jusqu'à sa mort. Il lui arriva de collaborer avec Dahl et il exécuta le cheval dans le portrait par ce dernier de Henry Hoare (1726, coll. part.). Dans les années 1720, il séjourna à Rome avec le duc de Beaufort, son protecteur (la Chasse du duc de Beaufort, 1744, Londres, Tate Gal.). En 1754, il peignit une scène de bataille, George II à Dettingen (Londres, National Army Museum). Le rôle de Wootton n'est pas négligeable : il fut le premier peintre à populariser les scènes de chasse à courre en Angleterre ; c'est lui, d'autre part, qui, avec George Lambert, instaura en Angleterre le paysage classique composé dans la tradition de Claude Lorrain.
Wouters (Frans)
Peintre flamand (Lierre 1612 –Anvers 1659).
Entré comme élève dans l'atelier du paysagiste Pieter Van Avont en 1629, il collabora avec ce peintre jusqu'à la mort de son père, en 1634. Il rompit alors le contrat qui avait été conclu avec son maître pour passer dans l'illustre atelier de Rubens. En cette même année, il devint franc maître de la gilde des peintres à Anvers. Il participa en 1635, sous la direction de Rubens, à la décoration de la ville d'Anvers lors de l'entrée triomphale du Cardinal-Infant Ferdinand d'Autriche. En 1636, il fut à la cour de Ferdinand II à Vienne, d'où il partit pour Londres en compagnie d'un envoyé de l'empereur. L'année suivante, il devint le peintre du prince de Galles, le futur Charles II. En Angleterre, Wouters eut sans doute l'occasion de rencontrer son compatriote Van Dyck. Il retourna en 1641 à Anvers, où il collabora de nouveau avec P. Van Avont et où il se produisit également dans le marché d'art. Son mariage avec Maria Doncker, fille du trésorier de la ville d'Anvers, en 1644, lui procura une fortune assez considérable. En 1648, il devint doyen de la gilde de Saint-Luc. Il mourut accidentellement, tué par un coup de pistolet.
Ses compositions religieuses et mythologiques, conçues dans des paysages d'une exécution large et décorative, ne sont généralement pas datées, ce qui rend difficile l'étude de son évolution. Le plus souvent, Wouters s'est adapté au style du maître, avec qui, ou dans l'entourage duquel, il travaillait. Au début, il est influencé par Pieter Van Avont (Sainte Famille, Vienne, K. M.). Pendant et après son séjour en Angleterre, il se rapproche de Van Dyck (Danse des amours, Hampton Court). Après son retour à Anvers, il s'inspire des scènes et des paysages de Rubens (Diane et Callisto, Kremsier, château du prince-évêque). De 1650 à sa mort, sa facture devient lisse et plus soignée ; son coloris rappelle alors celui d'Adriaen Van der Werff (Vénus et Adonis, Copenhague, S. M. f. K.). Dans certains tableaux, Wouters a été directement influencé par la peinture italienne du XVIe s. (l'Enlèvement d'Europe, musée de Gotha). Ses œuvres sont souvent confondues avec celles de Gerard Seghers, bien qu'elles soient très différentes de style et d'exécution.
Wouters (Rik)
Peintre et sculpteur belge (Malines 1882 – Amsterdam 1916).
Fils d'un sculpteur sur bois, Wouters travaille dans l'atelier paternel et suit les cours de l'Académie ; d'abord à Malines, puis à Bruxelles, où il se rend en 1902. Mais, en peinture, il est autodidacte. S'il a pratiqué jusqu'à sa mort les deux techniques, la première tend à l'emporter jusqu'en 1911. Entre 1908 et 1911 prend place une œuvre d'aquafortiste (56 planches), vues de paysages surtout, en notations prestes. Wouters se marie en 1905, et sa femme, Nel, devient un modèle à peu près exclusif. Ses débuts se ressentent de la période impressionniste d'Ensor et font appel à une gamme chromatique sobre, à une exécution vigoureuse au couteau à palette : Autoportrait au chapeau noir (1908). En 1910, il s'installe à Boitsfort (près de Bruxelles), sa résidence jusqu'à la guerre. Un voyage à Paris (printemps de 1912) confirme une évolution amorcée l'année précédente au bénéfice d'un style plus suggestif ; Wouters visite les collections Durand-Ruel, Vollard et Pellerin — dont les Cézanne l'enthousiasment. Il demande au maître français une leçon de construction par la touche haute en couleur, la référence cézannienne étant explicite dans les deux versions du Ravin (1913), mais son génie personnel, plus mobile et allègre, le rattache à une conception encore impressionniste de la lumière. Ces influences fusionnent au profit d'un intimisme très chaleureux, qui évoque celui de Renoir (Fleurs d'anniversaire, 1912, la Repasseuse, 1912, musée d'Anvers). En 1913, Wouters exploite avec plus de hardiesse les contrastes de rouges et de verts, dont les fauves avaient justifié l'emploi (les Rideaux rouges ; la Femme en rouge, 1913, Rotterdam, B. V. B.), et des effets analogues témoignant d'une égale maîtrise se retrouvent dans les pastels contemporains (Femme à la mantille, Bruxelles). Peu avant la guerre, la palette avait baissé d'un ton, admettant les bleus, tandis que les motifs, de plus en plus elliptiques, laissaient vierges des parties entières de la toile (Femme en bleu). Mobilisé, Wouters est interné en Hollande. Il souffrait de maux de tête depuis 1911. Opéré à Utrecht, il fut libéré en juin 1915 et s'installa à Amsterdam, où il reprit son activité (surtout aquarelles et dessins à l'encre de Chine). Une intervention ultime échoua (avr. 1916), et il mourut deux mois plus tard. Le Stedelijk Museum d'Amsterdam lui consacrant la même année une exposition rétrospective. Les derniers tableaux du peintre se situent dans le prolongement des précédents, mais la forme, serrée de plus près dans quelques-unes de ces œuvres, dénote cependant une recherche inédite à laquelle le milieu amsterdamois n'est sans doute pas étranger (Petit Nu couché, 1915).
Tempérament exceptionnellement doué de coloriste et de dessinateur, Wouters laisse une œuvre, accomplie de 1908 à 1915, presque tout entière dévolue à une joie de vivre (en dépit même des tragiques circonstances de sa fin) dont peu d'artistes du XXe s. se sont faits les interprètes avec une telle spontanéité. Rik Wouters a réalisé également un œuvre sculpté important par sa qualité et sa portée historique (la Vierge folle, bronze, 1912). Il est représenté dans la plupart des musées belges, au M. N. A. M. de Paris (Portrait de Nel Wouters, 1912), à Amsterdam (Stedelijk Museum), à Rotterdam (B. V. B.) et dans des coll. part., dont la plus remarquable est celle de Ludo von Bogaert, à Anvers. En 1935, le Palais des Beaux-Arts de Bruxelles lui rendit hommage par une très importante rétrospective.