Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Cassinari (Bruno)

Peintre italien (Plaisance 1912-Milan 1992).

Formé à Milan au contact du mouvement Corrente (1938-1940), il signe en 1946 le Manifeste du Fronte nuovo delli arti. Il subit également l'influence de Picasso. Toutefois, son œuvre présente certains traits expressionnistes auxquels s'allie un graphisme facile et décoratif, dérivé de la manière de Modigliani (la Grand-Mère, Milan, coll. part. ; Donna Lorenza de'Medici, Gallarate, G. A. M.). L'emploi d'une couleur émaillée et dense rappelle son activité initiale d'orfèvre : la Chèvre (1951, Turin, G. A. M.). Sa première exposition à Milan (1940) fut présentée par l'écrivain Vittorini. Après un séjour à Paris (1947), il s'est fixé à Milan. Il a pris part aux plus grandes expositions internationales, et la Biennale de Venise, en 1952, lui a consacré une exposition où il a remporté le grand prix de la peinture italienne. Il a exécuté un grand panneau décoratif pour la Triennale de Milan (1951). Une rétrospective de son œuvre s'est tenue à Piacenza (Palazzo Farnese, 1983) et à Milan (Palazzo Reale, 1986). Une exposition lui a été consacrée, présentant aussi des œuvres de Federico Chiecchi (Vérone, Palazzo Forti), en 1996.

cassone (coffre peint)

Les " cassoni " étaient en Italie des meubles destinés le plus souvent à contenir le trousseau, les étoffes et le linge que les femmes apportaient habituellement en dot à leur mariage (coffre de mariage). D'abord décorés " a pastiglia " de staff ou de stuc, gainés de velours ou de tissu damassé, ils s'ornèrent, à partir du XVIe s., d'un somptueux décor sculpté. En Toscane, depuis les premières années du XVe s., il fut d'usage de les décorer de panneaux peints de scènes de la mythologie ou de l'histoire ancienne ou récente. Sous le même nom de " cassone " on a pris l'habitude, dans le langage de l'histoire de l'art, de désigner à la fois le coffre décoré et les peintures qui l'ornent ; le terme s'étend improprement encore à certains panneaux décoratifs, utilisés dans l'ameublement florentin de la fin du XVe s. au début du XVIe, que l'on disposait le long des murs en frise continue dans les grandes salles ou les chambres nuptiales (" spalliere ").

   Les auteurs des " cassoni " sont presque tous anonymes, distingués par des surnoms évoquant l'œuvre réalisée ou son thème principal (Maître des Cassoni, Maître du Cassone des Adimari, Maître de Didon, Maître de Paris, Maître d'Anghiari, Maître de Virgile).

   Mais des artistes florentins notoires — comme Giovanni dal Ponte (les Arts libéraux, Prado), le Maître du Bambino Vispo (Bataille, Altenburg, Lindenau Museum), Pesellino (Triomphes, Boston, Gardner Museum ; Histoire de David, Wantage, coll. Lloyd) — ainsi que certains peintres siennois décorèrent aussi des " cassoni ".

   Généralement liés à la culture gothique tardive, ces peintres furent également influencés par Paolo Uccello et Domenico Veneziano, auteur lui-même d'un " cassone ", aujourd'hui perdu, peint en 1447 pour le mariage Parenti-Strozzi. Des artistes de grande renommée exécutèrent au contraire des " spalliere " (panneaux de lit) avec des épisodes mythologiques, antiques ou bibliques, ou des contes médiévaux. On doit ainsi à Botticelli les Histoires de Lucrèce (Boston, Gardner Museum) et de Virgile (Bergame, Accad. Carrara) ainsi que celles de Saint Zénobie (Londres, N. G. ; Metropolitan Museum ; Dresde, Gg) ; avec son atelier, il illustra, pour le mariage d'un Pucci, une nouvelle de Boccace, Nastagio degli Onesti (Prado). On doit à Filippino Lippi les Histoires de Moïse (Londres, N. G.) et celles d'Esther (Chantilly, musée Condé ; Ottawa, N. G. ; Louvre). Les " spalliere " de la maison de Francesco del Pugliese, aujourd'hui identifiés avec les Épisodes de l'humanité primitive (Oxford, Ashmolean Museum ; Metropolitan Museum), ainsi que les Histoires de Silène (Cambridge, Fitzwilliam Museum ; musée de Worcester) pour les Vespucci ou celles de Prométhée (musée de Strasbourg ; Munich, Alte Pin.) sont l'œuvre de Piero di Cosimo. Du début du XVIe s. datent la décoration de la chambre de F. Borgherini avec des Scènes de l'histoire de Joseph, suite, aujourd'hui dispersée (Londres, N. G. ; Florence, Pitti), exécutée par Andrea del Sarto, Bacchiacca, Pontormo et Granacci, de même que celle de la petite salle des Benitendi, œuvre de Franciabigio, Bacchiacca et Pontormo. D'autres " cassoni " ou " spalliere " furent peints par Bartolomeo di Giovanni (Noces de Thétīs et Pelée, Louvre), Biagio d'Antonio (Jason et Médée, Paris, musée des Arts décoratifs), le Maître de Griselda (Londres, N. G.) et l'auteur anonyme des Histoires de Persée (aujourd'hui à Florence, palais Davanzati).

   Parmi les " cassoni " peints à Sienne, on peut citer ceux de Liberale da Verona (Enlèvement d'Hélène, Avignon, Petit Palais), de Francesco di Giorgio, de Neroccio di Landi (Sujets romains, Raleigh, North Carolina Museum), de Cozzarelli (Ulysse, Écouen, musée de la Renaissance), du Maître de Stratonice (San Marino, musée d'Huntington) et de B. Fungai (musée de Houston, Texas).

Castellani (Enrico)

Peintre italien (Castelmassa, Vénétie, 1930).

Il étudia à Milan et à Bruxelles, qu'il quitta avec un diplôme d'architecte. Ses débuts se rattachent aux théories soutenues dans la revue Azimuth, qu'il fonda en 1959 avec Piero Manzoni : en réaction contre l'abstraction informelle, ses premières " structures lumineuses " jouent sur l'absence de facture et la neutralité de la composition. Sa démarche est alors intuitivement proche de celle de l'unisme polonais du début des années 30. Il expose à la galerie Azimuth en 1960, à Milan. Ses tableaux monochromes sont constitués d'une toile tendue sur un support de bois, qui est soulevée ou enfoncée par des clous, disposés régulièrement en quinconce ; cette technique donne à l'œuvre, avec ses creux et ses bosses sur lesquels joue la lumière, un aspect de relief. Castellani conservera cette manière, introduisant de multiples variations dans la répartition des éléments et parfois changeant aussi la couleur de la surface (bleu, rouge, jaune...). Il participe aux expositions de la Nouvelle Tendance (Voir Gruppo N et Gruppot T) organisée par Matko Mestrovic à Zagreb. En 1963, il introduit dans certaines œuvres un élément supérieur en retour qui forme dais et évoque l'aspect d'un retable. Il a réalisé également des ambiances qui sont des installations entièrement conçues sur le même principe que ses tableaux-objets et dans lesquels la lumière joue sur les structures. Castellani est représenté dans de nombreuses collections publiques en Italie, ainsi qu'au musée de Grenoble (Superficie blanche, 1987).