Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
G

Grant (Duncan)

Peintre britannique (Rothiemurchus, région d'Inverness, 1885  – Aldermaston, Berkshire, 1978).

Il se forma à Londres et à Paris, où il travailla avec J.-É. Blanche à l'académie de la Palette en 1907. Par l'entremise de son cousin, Lytton Strachey, Grant se joignit au groupe de Bloomsbury, formé par Roger Fry, Clive, Vanessa Bell et Virginia Woolf. En 1909, il visita Gertrude et Michael Stein à Paris et rencontra Matisse et Picasso. Mais ce n'est qu'en 1910-1912 qu'il change de technique en découvrant les deux expositions postimpressionnistes organisées par Fry à Londres et les mosaïques byzantines lors d'un voyage en Turquie. Ses œuvres de 1910-1916 furent influencées par Matisse (The Blue Sheep, 1913, Londres, V. A. M.) et par la période nègre de Picasso (le Tub, 1913). Il peignit également des œuvres abstraites (Abstract, 1915, Courtesy Anthony d'Offay Gal., Londres). Après 1916, il adopta un style d'un réalisme impressionniste haut en couleur (Nymphes et satyre, 1925). Grant exécuta aussi des peintures murales, souvent en collaboration avec Vanessa Bell, réalisa des décors de théâtre et fournit des modèles de tissus et de poteries pour les Omega Workshops de Fry de 1913 à 1919. Entre 1927 et 1938, il séjourne régulièrement en France, à Cassis. Il est représenté notamment à Londres, à la Tate Gal. et au Courtauld Inst., à Birmingham (City Museum). La Tate Gal. lui a consacré une rétrospective en 1959.

graphisme

Ce terme s'emploie dans le vocabulaire des arts du dessin et de la peinture pour désigner une manière qui, pour rendre les contours, privilégie le trait et la ligne, par opposition à celles qui ont recours au modelé et qui procèdent par masses, par empâtements ou par des hachures. 

graphite

Forme allotropique cristalline du carbone. Le graphite utilisé comme pigment est naturel ou artificiel. Le crayon graphite est plus connu chez les artistes sous le nom de mine de plomb. Les premiers gisements de graphite furent découverts en 1654 à Borrowdale dans le Cumberland. Employé tout d'abord comme procédé d'esquisse dans les écoles européennes de peinture, le crayon graphite a trouvé un usage plus étendu dès le XVIIe s., en Flandre et en Hollande. Il accompagne en outre, vers la même époque, les lavis d'encre de Chine. Le graphite artificiel moderne a été inventé par Nicolas-Jacques Conté à la fin du XVIIIe s. (Voir CRAYON et MINE DE PLOMB.)

Grasset (Eugène)

Peintre et illustrateur français d'origine suisse (Lausanne 1845  – Sceaux 1917).

Figure marquante des arts appliqués et grand admirateur de Viollet-le-Duc, élève du Polytechnicum de Zurich, fixé à Paris en 1871, il est un des initiateurs de l'Art nouveau. Sa manière se place sous la double inspiration des entrelacs celtes et de l'art japonais (illustrations pour les Quatre Fils Aymon, 1883 ; affiche pour Sarah Bernhardt, 1890), avec parfois une sorte d'idéalisme préraphaélite (Semeuse de la Librairie Larousse).

   Il est l'auteur de vitraux, de bijoux, d'affiches (entre autres pour Harper's Magazine, 1889 et 1892), de meubles, d'un caractère typographique, etc. Il a notamment écrit une importante Méthode de composition ornementale (1905). Son influence s'est exercée à l'étranger, essentiellement aux États-Unis.

Grassi (Nicola)

Peintre italien (Zuglio Carnico, Udine, 1682  – Venise 1748).

Influencé à ses débuts par son compatriote Carneo, il poursuit son éducation à Venise dans l'atelier de Nicolo Cassana (v. 1700-1709). Il fit carrière à Venise (hormis un voyage entre 1723 et 1725 qui le conduisit sans doute à Tunis, à Augsbourg et en Dalmatie), où il est signalé à partir de 1712, tout en restant sa vie durant en rapport avec Udine. Son œuvre, longtemps méconnue, comprend surtout des toiles religieuses et bibliques, où transparaît parfois l'influence de Piazzetta (Prophètes, Évangélistes, 1716, Venise, Ospedaletto), celles de Ricci (Baptême du Christ, église d'Augsbourg), de Pellegrini ou de Pittoni, mais filtrées par une sensibilité très fine, naturellement portée à l'élégance formelle, à un certain lyrisme coloré (son chromatisme diaphane rejoint parfois celui du pastel), et, finalement, séduit par les arabesques fluides du Rococo. Grassi est représenté par des toiles importantes au musée communal d'Udine (Adoration des mages, 1740 ; Loth et ses filles), au musée d'Ascoli Piceno (scènes bibliques) et dans les églises d'Eudenna, de Formeaso, de Sezza, de Torre (Trinité), à la cathédrale de Tolmezzo, à S. Valentino d'Udine. Il fut aussi un portraitiste délicat (Federico Marcello, Venise, Accademia ; Jacopo Linussio, cathédrale de Tolmezzo ; Portrait d'homme, musée de Varsovie).

graticulage

Procédé utilisé pour reproduire, généralement en plus petit (réduction), un dessin original, au moyen d'un petit quadrillage. D'où l'expression " dessiner aux petits carreaux " (voir CARREAU [MISE AU]). Pour ce faire, on trace sur le modèle que l'on veut recopier et sur le support (papier ou toile destinés à recevoir la copie) des carreaux de dimensions proportionnelles. Un autre procédé consiste à reporter, sur une feuille avec mise au carreau, l'image (ou modèle) vue au travers d'une vitre également carrelée ou d'un grillage monté sur châssis, tous deux étant posés verticalement. Cette méthode a été pratiquée depuis la Renaissance, notamment par Dürer et Vinci. Plus tard, certaines Vedute de Canaletto ont été exécutées suivant le même principe.

   Un carrelage serré permet la mise en perspective de plans compliqués ou de courbes. Ce procédé se nomme également graticulage. Il correspond dans ce cas à la mise au carreau par châssis vertical, telle que Dürer la pratiquait.

Grau-Garriga (Josep)

Peintre espagnol (San Cugat del Vallès, Barcelone, 1929).

De 1943 à 1951, il est étudiant à l'école des Arts appliqués, puis à l'école des Beaux-Arts de Barcelone. Il réalise en 1954 une série de peintures murales dans différentes villes de Catalogne et exécute en 1957 ses premiers cartons de tapisserie et tableaux abstraits. La même année, il travaille à Paris dans l'atelier de Jean Lurçat et commence également une œuvre gravée.

   En Espagne, il développe une activité pédagogique importante (directeur artistique de l'école catalane de tapisserie de San Gugat del Vallès, professeur à l'école de Dessin textile de Madrid, à l'école des Arts appliqués de Barcelone), puis au États-Unis, au Canada, au Mexique et à Marseille, où il donne des cours et des conférences.

   Reconnu pour ses œuvres textiles, Grau-Garriga a engagé des pratiques dépassant leur spécificité. Dès la fin des années 50, il développe une recherche de la matière, introduisant des matériaux divers, qui le mène dans une voie tout à fait novatrice dans l'art de la tapisserie.

   Grau-Garriga réalise à partir de 1970 ses premiers environnements textiles monumentaux, confrontant ses propositions à des dimensions architecturales. Ni sculpteur, ni peintre, ni artisan, il a su, toutefois, utiliser les spécificités de chacun de ces domaines pour renouveler les arts du textile de la seconde moitié du siècle.

   Ses premières expositions importantes, aux États-Unis, datent de 1971 et plus récemment de 1989, à Angers. Son œuvre, exposée dans les différents pays d'Europe, est présente dans les musées de Marseille, d'Arles (musée Réattu), au Houston Fine Arts Museum, au Metropolitan Museum de New York, au musée d'Art contemporain de Séville, au musée d'Art moderne de la Ville de Paris.