Golub (Leon)
Peintre américain (Chicago 1922-New York 2004).
Historien d'art diplômé de l'université de Chicago, il poursuit des études artistiques à l'Art Institute de cette même ville (1946-1949). Peintre expressionniste figuratif à ses débuts, il compose des œuvres très subjectives, des autoportraits émotionnels, comme en témoignent les séries qu'il réalise sous les titres In Self (1952-1955), Birth (1953-1957), Phinx (1954-1957). En 1954, il participe à l'exposition organisée par le Solomon R. Guggenheim Museum, " Younger American Painters ". Par la suite, Golub évolue vers plus d'objectivité et relate dans ses œuvres les événements du monde : l'utilisation des photographies de presse sera souvent le point de départ de ses peintures. De 1966 à 1974, la guerre du Viêt-nam se trouve au centre de son œuvre (Napalm I, 1969, coll. de l'artiste ; Vietnam II, 1973, id.). Sa participation à certains mouvements de protestation (" Artists and Writers Protest ", pendant le conflit vietnamien, " Artists Call Again America", lors des événements du Salvador) appuie et justifie le développement de son œuvre. La violence des scènes représentées (mercenaires menaçants, interrogatoires sanglants, manifestants violents) est accentuée par la brutalité de sa technique (Mercenaires II, 1979, Montréal, musée des Beaux-Arts). Au moment où les médias tendent à banaliser toutes les images, l'œuvre de Golub constitue une volonté d'universaliser l'événement et de lui laisser sa force émotionnelle. Golub est représenté dans de nombreux musées et collections américains. Présent dans l'exposition " Paris New York " (Paris, M. N. A. M., 1977), il a connu une rétrospective de son œuvre en 1985 au New Museum of Contemporary Art de New York.
Gonçalves (André)
Peintre portugais (Lisbonne 1692 – id. 1763).
Formé à Lisbonne auprès du peintre génois Giulio Cesare Temine et du maître d'azulejos Antonio de Oliveira Bernardes, il eut une carrière féconde, à Lisbonne et à Coimbra. N'hésitant pas à s'inspirer de gravures et d'œuvres italiennes célèbres (Descente de Croix, Coimbra, église Santa Cruz, reprenant l'œuvre de Daniele da Volterra), il utilisait une gamme chromatique très riche, d'un grand effet décoratif (Adoration des mages, musée de Coimbra, Couronnement de la Vierge, Lisbonne, église Madre de Deus). Malgré le tremblement de terre de 1755, plusieurs églises de Lisbonne conservent encore ses œuvres (San Vicente de Fora, Comendadeiras de Santos).
Gonçalves (Nuno)
Peintre portugais (actif dans la seconde moitié du XVe s.).
La documentation connue au sujet de ce maître commence en 1450, lors de sa nomination comme peintre du roi Alphonse V, pour se terminer en 1492, date à laquelle on peut présumer qu'il était déjà mort. Nuno Gonçalves peignit en 1470 le retable de la chapelle du palais royal de Sintra, malheureusement disparu. Grâce à la citation de l'artiste portugais Francisco de Holanda, auteur des célèbres Dialogues avec Michel-Ange (1548), on sait qu'il peignit également le grand Retable de saint Vincent pour la cathédrale de Lisbonne, démonté et remplacé à la fin du XVIIe s. Ce magnifique ensemble de 6 peintures sur bois est actuellement conservé à Lisbonne (M. A. A.). À ce noyau principal viennent s'ajouter, au même musée, par affinités de style et de technique, une demi-douzaine de peintures sur bois, dont les plus intéressantes sont deux panneaux (l'un d'eux est un fragment) représentant, grandeur nature, deux phases du martyre de saint Vincent et un retable avec deux Saints franciscains, surmonté d'une Adoration des mages.
La réputation croissante du vieux maître portugais est issue de cet ensemble exceptionnel de peintures, où ce qui l'emporte est non pas la composition, mais la qualité de son extraordinaire dessin synthétique et de la pénétration psychologique des portraits. Le Polyptyque de saint Vincent nous présente une lointaine et pourtant vivante assemblée, composée de dizaines de personnages d'âges et de conditions sociales les plus variées — princes, prêtres, moines, chevaliers — unies par la même concentration autour d'une énigmatique figure sanctifiée et dont les portraits sont exécutés avec une incomparable économie de moyens. La technique de Nuno Gonçalves, caractérisée parfois par l'emploi, surprenant et moderne, de la matière en pleine pâte, sans les apprêts épais et les recettes précieuses des maîtres flamands, par une application originale d'ombres violacées et par un traitement remarquable des blancs, est parfaitement adaptée à l'expression directe du document humain, saisi dans sa profonde et dramatique vérité intérieure.
Son sens de la couleur, à la fois brillante et " harmonique ", suggère la leçon flamande, qui était alors assimilée par toutes les écoles de la péninsule Ibérique.
Il est difficile d'expliquer sa formation artistique, étant donné que l'on sait très peu de chose sur les ateliers portugais contemporains. L'apprentissage avec Van Eyck, qui se trouvait au Portugal en 1428-29, est une hypothèse exclue pour des raisons d'ordre chronologique et stylistique. On admet, d'autre part, que Nuno Gonçalves se rendit en France en 1476, attaché à la suite d'Alphonse V, lors de la visite que ce dernier rendit au roi Louis XI. Mais un tel voyage, où le peintre aurait rencontré Jean Fouquet, n'est pas documenté et serait une justification trop tardive de son art. On suggère également une relation possible entre la peinture de Gonçalves et celle de l'école d'Avignon, qui serait toutefois le fait d'une évolution commune et spontanée des écoles régionales, éloignées des grands centres créateurs. Au demeurant, le problème subsiste.
Gondouin (Emmanuel)
Peintre français (Versailles 1883 – Paris 1934).
L'existence de ce peintre " maudit " fut marquée par la misère continue, la maladie et la détresse. Il vécut à Montmartre, subsistant de quelques travaux de dessin industriel, puis à Montparnasse, où il se lia avec Modigliani. Après sa mort à l'hôpital, une vente de ses toiles ne réalisa que 1 800 F. Mais à Paris, une importante rétrospective à la gal. Druet, en 1935, puis une exposition à la gal. René Drouin en 1945 lui attirèrent de fervents admirateurs.
Son œuvre comprend de vastes compositions, brossées avec une énergie large et fruste. Celles-ci unissent des figures strictement réalistes (le Chat noir, 1920, coll. part ; Grand Nu bleu, 1926, id.), combinées avec des éléments géométriques traités de façon abstraite ; la Négresse (1927-1930, Paris, M. N. A. M.), l'Égyptienne (1928-1932, id.) et le Nu aux rochers (id.), qui a été commencé en 1928 et repris plusieurs fois, en sont des exemples caractéristiques. La même ampleur décorative se retrouve dans les natures mortes : Pot de fleurs (1927, id.). À la fin de sa vie, Gondouin, parti du Cubisme, multiplie diagonales et verticales, introduit des feuilles, des fleurs et un curieux motif de cœurs (le Vase diabolique, 1927, coll. part.). Sa manière, ponctuée, striée, aux cernes onduleux et aux souples frottis, atteste l'avidité de recherches d'un artiste qui exécuta plus de 300 aquarelles, inquiet dans son effort pour se réaliser et qui ne manque pas d'un souffle indéniable de grandeur.