Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
A

Amaury-Duval (Eugène Pineu Duval, dit)

Peintre français (Montrouge 1808  – Paris 1885).

Issu d'un milieu cultivé et artistique — son père, membre de l'Institut, est l'animateur de la Décade philosophique et du Mercure —, apparenté à Chassériau et Regnault, Amaury-Duval entre en 1825 dans l'atelier d'Ingres. En 1829, il fait partie de la commission d'artistes et de savants désignés par Charles X pour une expédition en Grèce. Il y découvre la statuaire grecque d'Olympie et la peinture byzantine. En 1835-1838, un séjour en Italie, à Florence puis à Rome, où Ingres dirige la Villa Médicis, lui permet d'étudier les primitifs, Giotto, Cimabue et, plus particulièrement, Fra Angelico, à travers les fresques de la chapelle Niccolina du Vatican. Il visite également la Villa Massimo décorée par les nazaréens, et montre un vif intérêt pour les peintures d'Overbeck. Son admiration pour les primitifs, qui transparaît dans sa manière stylisée, le place généralement parmi les disciples d'Ingres, aux côtés de ceux qu'on a pu qualifier de " préraphaélites français " (A. Roger, Papety, Ziegler) et qui réalisent de grands décors religieux. Ainsi, il orne la chapelle Sainte-Philomène de l'église Saint-Merri à Paris (1840-1844), la chapelle de la Vierge de l'église Saint-Germain-l'Auxerrois à Paris — dont le Couronnement de la Vierge s'inspire de celui de Fra Angelico du Louvre —, la chapelle de l'asile Mathilde à Neuilly (1860-1864, œuvre détruite en 1970). Il peint de grandes compositions murales, à la fin de sa vie, pour le château de Linières (œuvre détruite en 1912). Il fournit des cartons pour les vitraux de l'église Sainte-Clotilde à Paris. Parallèlement, il exécute de nombreux portraits dans un style défini par Ingres comme " bien plat, sans modelé, sans couleur " (Isaure Chassériau, 1839 ; Alice Ozy, 1852 ; Mme de Loynes, 1862, Paris, Orsay ; Rachel, 1854, Paris, Comédie-Française). Il laisse des écrits qui constituent un témoignage important sur la vie artistique : l'Atelier d'Ingres, souvenirs (1878, Paris), Souvenirs, 1829/30 (1885, Paris).

Amberger (Christoph)

Peintre allemand (Franconie ou Souabe v.  1505  – Augsbourg 1561 ou 1562).

Christoph Amberger fut probablement formé par Hans Burgkmair. Il travailla essentiellement à Augsbourg, où il devint membre de la gilde des peintres en 1530. En 1548, il rencontra Titien, alors de passage à Augsbourg. Plus que ses tableaux religieux solennels qui accusent l'influence de l'Italie : Vierge et l'Enfant entre saint Ulrich et sainte Afra (1554, cathédrale d'Augsbourg), Christ avec les vierges folles et les vierges sages (1560, Augsbourg, église Sainte-Anne), ou ses décorations de façades, ce sont ses portraits de la haute bourgeoisie augsbourgeoise qui établirent sa réputation. Le portrait de Charles Quint (v. 1532, musées de Berlin) fut, à l'époque, comparé aux œuvres de Titien. Généralement traitées avec un modelé ferme et dans de chauds coloris (Christoph Fugger, 1541, Munich, Alte Pin. ; Sebastian Münster, 1552, musées de Berlin), les effigies expressives et aristocratiques conçues par Amberger se rangent au nombre des meilleures créations de l'école d'Augsbourg, après celles de Holbein le Jeune.

American Abstract Artists (A. A. A.)

L'association des American Abstract Artists constitue dans le domaine de l'Art abstrait l'aboutissement des nombreuses activités et entreprises qui ont eu lieu aux États-Unis dans les années 20 et 30. En premier lieu, il faut citer la fondation et l'activité de la Société anonyme de Katherine Dreier, ensuite la présentation de la collection Gallatin à l'université de New York, ensuite le Federal Art Project, qui va fonctionner de 1935 à 1939 en donnant aux artistes l'occasion de se regrouper et de s'exprimer à grande échelle dans un programme consacré à la peinture monumentale. Enfin, l'exposition-bilan du musée d'Art moderne de New York, organisée par Alfred Barr dès 1936 sous le titre " Cubist and Abstract Art ". L'association des American Abstract Artists a été fondée cette année-là : elle a tout de suite compris les principaux peintres abstraits américains, en particulier Albert E. Gallatin, George L. K. Morris, Charles Shaw, Ilya Bolotovsky, Balcomb Greene, Carl Holty, Harry Holtzmann et par la suite de nombreux autres artistes tels que Fritz Glarner, Charmion von Wiegand, R. D. Trumbull, Willem De Kooning, Ibram Lassaw, Ad Reinhardt, Jean Xceron ou encore John Ferren. Cette association a été pour les artistes l'occasion de montrer leur travail dans des expositions collectives, organisées dans des galeries ou dans des musées, leur a permis de faire connaître leur mouvement par l'intermédiaire de conférences et a développé une activité de type international en accueillant ou en suscitant l'adhésion de membres étrangers, même après la guerre, tels que, dans les années 50 par exemple, Pierre Soulages. Les American Abstract Artists sont une associa-tion identique à celle fondée à Paris dans les années 30 par Auguste Herbin et Georges Vantongerloo sous le nom d'" Abstraction-Création " ou à l'association " Allianz ", fondée par Leo Leuppi en 1937 à Zurich.

Amerling (Friedrich von)

Peintre autrichien (Vienne  1803  – id.  1887).

D'une famille pauvre, il dut subvenir à ses besoins tout en faisant ses études à l'Académie de Vienne, où il entra en 1816. En 1824, il décida de gagner Prague à pied et y poursuivit ses études à l'Académie. Des commandes de portraits améliorèrent sa situation et lui permirent de se rendre à Londres v. 1825, où il fut fortement influencé par Lawrence, puis à Paris, où Horace Vernet — qui pourtant n'aura guère d'influence sur son art — l'intéressa particulièrement. En 1828, il revint à Vienne. Très apprécié, il fut nommé en 1832 peintre de la Cour. Il entreprit de nouveau de longs voyages et séjourna en Italie une vingtaine de fois ; à Rome en 1837, il se lia d'amitié avec Schadow, Koch et Overbeck, dont il fit le portrait.

   Portraitiste le plus en vue de l'époque du Biedermeier viennois, il représenta la société aristocratique et la riche bourgeoisie. Amerling rend les détails avec un soin particulier, notamment les insignes impériaux dans le portrait de l'Empereur François Ier (Vienne, Schatzkammer) ; celui de Rudolf Althaber et de ses enfants (1837, Vienne, Österr. Gal.) porte à son achèvement son sens de l'intimisme bourgeois. C'est lorsqu'il prit ses modèles dans son milieu familial qu'Amerling se montra le plus subtilement pénétrant, Portrait de sa mère (1836, Vienne, Österr. Gal.) ou celui en buste, si émouvant et délicatement peint, de son fils Fritz sur son lit de mort (1850, Vienne, Historisches Museum). Recherché dans toute l'Europe pour ses portraits à la facture ingresque et aux coloris raffinés, l'artiste en aurait exécuté un millier. Il put ainsi acquérir le château Mollard à Vienne, qu'il installa luxueusement. Jusqu'à la fin de sa carrière, il conserva sa réputation internationale, mais, à Vienne, l'" époque Makart " le rejeta dans l'ombre.