Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
B

Brekelenkam (Quirin Gerritsz Van)

Peintre néerlandais (Zwammerdam, près de Leyde, v.  1620  –Leyde 1668).

Peintre d'intérieurs, Brekelenkam aurait été l'élève de Gerrit Dou ; en 1648, il est inscrit à la gilde de Leyde. Ses scènes de la vie familiale et quotidienne : la Consultation (Louvre), la Boutique du tailleur (1653, Londres, N. G. ; 1661, Rijksmuseum), la Vieille Fileuse (1654, Munich, Alte Pin.), l'Homme écrivant (1662, musée de Lille), Deux Vieillards fumant et buvant (1664, Rijksmuseum), le Savetier (musée d'Amiens), allient le réalisme délicat d'un Pieter De Hooch à un traitement subtil du clair-obscur et des jeux de lumière dérivé de Rembrandt et de Dou.

Brenet (Nicolas Guy)

Peintre français (Paris 1728  –id. 1792).

Fils du graveur en médailles Guy Brenet, Nicolas fut formé dans l'atelier de Boucher et se rendit à Rome en 1756. L'Académie lui ouvrit ses portes en 1769, mais dès 1763 il devait participer régulièrement au Salon comme " peintre d'histoire ". Ses nombreuses compositions profanes sont consacrées non seulement à l'allégorie (six toiles, 1769, du palais de justice de Douai) ou à l'histoire romaine (l'Agriculteur romain, 1777, musée de Toulouse ; Metellus condamné à mort par Auguste, 1779, musée de Nîmes), mais aussi à l'histoire nationale (Mort de Du Guesclin, 1777, Louvre ; Saint Louis rendant la justice, 1785, hôtel-Dieu de Compiègne). Ses toiles à sujets religieux, non moins nombreuses (bel ensemble à l'église Saint-Jacques de Compiègne), l'ont fait comparer par ses contemporains à Le Sueur. Ses solides compositions, au coloris quelque peu assourdi, assez mouvementées, bien que le geste soit toujours peint comme à l'arrêt, le mettent au rang des meilleurs peintres d'histoire de la seconde moitié du XVIIIe s.

Brescianino (Andrea Piccinelli, dit il)

Peintre italien (Brescia v.  1485  – Sienne apr.  1525).

D'origine lombarde, mais présent à Sienne de 1506 à 1524 et à Florence en 1525, Brescianino s'inscrit, par ses formes menues, fortement ombrées, parmi les élèves de Girolamo del Pacchia et de Sodoma, soumis à la tradition ombrienne de Pérugin et de Pinturicchio. Fort éclectique, il subit également l'ascendant de Raphaël (Portrait de jeune homme, musée de Montpellier), des Florentins (nombreuses Madones et Saintes Familles) et de Beccafumi. Il a peut-être collaboré avec son frère Raffaello, à qui l'on hésite à donner certains tableaux qui lui sont généralement attribués.

Bresdin (Rodolphe)

Dessinateur et graveur français (Montrelais, près d'Ingrande 1822  – Sèvres 1885).

Il emprunta son sobriquet au nom du héros de Fenimore Cooper, Chingachgook (le Dernier des Mohicans, 1826). Sa vie aventureuse et chaotique inspira des romanciers : Champfleury (Chien-Caillou, 1847) et Alcide Dusolier (le Maître au lapin, 1861). Venu à Paris en 1839, il ne s'y fixa jamais longtemps. Il partit pour Tulle (1851), puis pour Bordeaux, où il connut Odilon Redon, émigra en Amérique, au Canada (1873-1876), vivant le plus souvent dans une profonde indigence. Son œuvre consiste en gravures et en eaux-fortes, pièces de petites dimensions, retouchées maintes fois par l'artiste, qui révèlent une attention obsessionnelle portée au détail et suscitent tout un univers fantasmagorique. Il inventa d'inextricables forêts d'une grande densité romantique (le Bon Samaritain, lithographie, qui connut du vivant de Bresdin six tirages ; la Comédie de la mort ; la Fuite en Égypte ; la Sainte Famille), des paysages abrupts de visionnaire (la Crevasse, plume, 1860, Chicago, Art Inst.). Une affinité spirituelle l'apparente à Rembrandt, à Dürer, à Altdorfer, à Savery. Quoique admiré et soutenu par un cénacle d'écrivains, tels Hugo, Baudelaire, Banville, cet artiste isolé fut mal connu de ses contemporains. Il influença fortement O. Redon et Hervier. Ses œuvres sont conservées à New York (Public Library, coll. Maxime Lalanne), à Chicago (Art Inst., coll. R. de Montesquiou), à Paris (cabinet des Estampes, coll. E. Chausson) et à La Haye (Gemeentemuseum).

Breslau (Louise Catherine)

Peintre suisse (Munich  1856  – Neuilly-sur-Seine  1927).

Elle commence ses études à Zurich et s'inscrit en 1878 à l'académie Julian à Paris. Son amitié avec Forain, Fantin-Latour et Degas orientera sa formation. Fidèle à la tradition réaliste française de la seconde moitié du XIXe s., son art s'exprime avant tout dans les thèmes chers à la peinture de genre. Dès 1881, l'influence de Manet se fera sentir (le Thé de cinq heures, 1883, musée de Berne).

   Sa peinture, d'une facture large (Portrait de Jean Caniès, 1887, Paris, Petit Palais ; Portrait de Henry Davison, 1880, Paris, musée d'Orsay), embrasse mélancoliquement le motif, non sans révéler parfois la virtuosité du dessinateur. Vers 1889, s'inspirant des techniques du pastel, elle se rapprochera de Renoir (Gamines, 1890, musée de Carpentras), puis des Nabis, après avoir affiné une palette toujours plus fluide (Autoportrait, 1904, Nice, musée Jules-Chéret), et parfois d'une grâce acide. De son vivant, elle dut surtout sa renommée à ses illustrations de la Première Guerre mondiale.

Breton (Jules)

Peintre français (Courrières, Pas-de-Calais, 1827  – Paris 1906).

Élève de Drolling, il débuta par des scènes de genre dans lesquelles il tentait d'apitoyer sur la misère des déshérités. Il renonça vite à ces sujets pour se consacrer au paysage et plus encore aux scènes de la vie des champs, genre qui lui attira un immense succès : le Rappel des glaneuses (1859, Paris, Orsay), la Bénédiction des blés (1857), les Premières Communiantes à Courrières, la Réunion de famille à Bourron. Il nous retient davantage aujourd'hui par ses pochades prestement enlevées qui annoncent l'Impressionnisme : la Femme à l'ombrelle, baie de Douarnenez (Paris, Petit Palais). Breton fut en outre prosateur et poète, ce qui lui valut l'admiration de Van Gogh, qui l'a aussi beaucoup lu.

 
Son frère Émile (Courrières 1831 – id. 1902) fit des paysages remarquables parfois par l'énergie de l'exécution et la force lumineuse (Nuit de Noël, 1892, Lille, musée des Beaux-Arts).