Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
P

Pagani (les)

Famille de peintres italiens.

 
Originaire des Marches (Monterubbiano) et active, de père en fils, durant trois générations, elle commence son activité picturale avec Giovanni (1460-1545) , qui travaille surtout dans la région de Fermo, collaborant à la fin de sa vie avec son fils Vincenzo (v. 1490-1568). Ce dernier, influencé par P. P. Agabiti et Antonio da Faenza, par Lotto et l'école ombrienne, eut une production locale abondante, documentée à partir de 1517, dont il reste de nombreux exemples dans les églises des Marches : le Couronnement de la Vierge (1517, provenant de l'église S. Maddalena de Ripatransone, auj. à la Brera), Assomption (Monterubbiano, collégiale), Madone en gloire avec saint Roch et sainte Lucie (1547, fresque à Falerone, S. Maria degli Angeli).

 
Mais ce fut son fils Lattanzio, dit Lattanzio della Marca, ou encore Lattanzio di Monte Rubbiano (documenté jusqu'en 1582) , qui sortit du cadre régional, allant travailler à Rome (1543) et surtout à Pérouse (documenté jusqu'en 1567), où il décora, de 1545 à 1548, plusieurs salles de la citadelle. C'est pourquoi on peut voir un nombre important de ses œuvres à la P. N. de Pérouse (plusieurs Madones en gloire ; Martyre de sainte Catherine).

Pagava (Vera)

Peintre russe active en France (Tiflis 1907  – Montrouge 1987).

Adolescente, elle arrive en France en 1923, puis se forme à l'académie Ranson mais, au contraire de beaucoup de ceux qui y sont élèves de Bissière, elle restera longtemps rebelle à l'abstraction. Rien de moins réaliste que ses toiles des années 50, où la Jérusalem céleste, assemblage de constructions cubiques d'où l'homme est tout à fait absent, n'est pas très différente de la Grande Banlieue, l'une et l'autre bien proches des montagnes dénudées qui surplombent Tiflis. S'essayant à tout, la figure (Nu couché, v. 1942), les grands thèmes de la Bible (le Déluge, v. 1944 ; Pietà, 1945) ou de la mythologie (la Guerre de Troie, 1947), Vera Pagava a trouvé son registre personnel dans la nature morte, abordée avec une surprenante autorité dès 1932 (Deux Pommes et verre de vin). L'austérité des moyens, qui va croissant, culmine avec l'indication quasi minimale du Vase blanc de 1954, salut à Matisse, et efface ensuite presque toute référence identifiable (le Fruit, 1965). Ensuite, Vera Pagava joue de cette austère simplicité des formes que tempère le coloris très doux posé par grands aplats de roses, de bleu lavande, de gris pour évoquer un instant (l'Aube, 1963), un lieu (la Suisse, les Montagnes, 1981), cet autre paysage qu'est un état d'âme (Inquiétude, 1981) ou encore l'amour sacré et l'amour profane de Thérèse d'Ávila dans la série des Fontevrault. Artiste discrète, Vera Pagava a vu son subtil talent consacré par l'entrée de ses œuvres dans les collections du M. N. A. M. de Paris, du M. A. M. de la Ville de Paris, des musées de Dijon et de Reims. Une exposition circulant de Dijon à Montrouge, lieux chers à Vera Pagava, en passant par Beauvais, Reims et Troyes en 1982-83, a montré l'œuvre du peintre mais aussi de l'aquarelliste et de la dessinatrice.

Pagès (Bernard)

Artiste français (Cahors 1940).

Bernard Pagès poursuit à partir de 1958 des études à Paris à l'atelier d'Art sacré de la place de Furstenberg puis s'installe en 1964 dans la région de Nice.

   À la fin des années 60, il fréquente Claude Viallat, Patrick Saytour et Daniel Dezeuze, qui fondent en 1969, avec d'autres artistes, le groupe Support-Surface. Pagès, qui restera à l'écart des activités du groupe, participera cependant à sa dernière exposition importante en 1974 : " Nouvelle Peinture en France : pratiques/théories ", au musée de Saint-Étienne. Pagès poursuit une démarche de sculpteur en travaillant avec des matériaux de construction bruts tels que le bois, le plâtre, la brique et le ciment, qu'il colore dans la masse. En 1980, il dresse des colonnes à partir d'assemblages de pierres, d'os, de bidons métalliques peints ou de ferrailles enchevêtrées. Il évoluera ensuite vers des réalisations à caractère monumental et vers un élargissement du thème de la colonne présentée verticale, couchée ou désarticulée.

   L'exposition que lui consacre le M. N. A. M. de Paris, en 1982, puis sa présence à la Biennale de Venise en 1984 assurent la reconnaissance de son œuvre. Il faudrait qualifier celui-ci d'hybride et de méditerranéen, car il sait associer un travail des formes à un sens de la polychromie (la Lambrusque, 1990) et de la symétrie qui n'est pas sans évoquer l'art ancien des Crétois et des Grecs. Le musée Matisse à Nice lui a consacré une exposition en 1996, et, la même année, ses peintures de la collection du F. R. A. C. P. A. C. A. ont été présentées à Valréas, Château de Simiane.

Paik (Nam Jun-paek, dit Nam June)

Artiste coréen (Séoul 1932-Miami 2006).

Il quitte la Corée en 1949 pour Hongkong puis Tōkyō. Étudiant jusqu'en 1956 en esthétique, en histoire de l'art et en musique à l'université de Tōkyō, il gagne l'Allemagne en 1956-1957. Il y rencontre Stockhausen, qui l'initie à la musique électronique, puis John Cage avec lequel il participe aux Concerts Fluxus. Il y concevra des événements audiovisuels. " Klavier integral " (1958-1963) est le résultat d'une action au cours de laquelle des bruitages d'objets quotidiens (téléphone, réveil, alarme) se confondent avec les sonorités d'un piano altérées par sa destruction partielle. Il séjourne aux États-Unis à partir de 1964 et y crée de nombreuses pièces audiovisuelles ou vidéo-sculptures avec Charlotte Moorman. La télévision n'est plus un médium mais un outil permettant d'expérimenter de nouvelles formes de langage. Avec " T. V. Garden " présenté en 1978 au M. N. A. M. de Paris, Paik propose différents points de vue d'une même scène en soulignant l'illusionnisme des images dites réelles. Au cours des années 80, Paik a développé la diffusion par satellite des images de ses performances, entreprise depuis 1977. Il a également produit des installations spectaculaires de téléviseurs (" Cargo Cult " à la Biennale de Paris en 1989) ainsi que des pièces titrées " Faily of Robot ", construites avec humour. Compositeur, performer, vidéaste, Paik porte un regard de philosophe sur l'incidence des nouveaux moyens de communication sur la culture contemporaine (Danton, 1989, 12 téléviseurs et 1 lecteur laser), entre Orient et Occident. Une exposition, " les Années 90 ", lui est consacrée aux États-Unis (San José, Museum of Art) en 1996.