Watteau (Antoine) (suite)
Le " genre de Watteau "
Pater et Lancret ne sont pas de simples suiveurs de l'art de Watteau, car ils ont connu celui-ci, ont travaillé avec lui, sans pour autant être ses élèves : l'artiste n'eut pas d'élèves. Très tôt pourtant, on s'aperçut de l'importance de son œuvre, et Jullienne fit graver ses dessins (1726) et ses peintures (1727-1734). En outre, Watteau, qui reste un phénomène isolé, fut plagié, et peut-être même aidé dans certaines de ses toiles (Vleughels a-t-il collaboré à la nymphe du Louvre ?) ; Ph. Meusnier s'inspire surtout de ses architectures ; S. Leclerc et B. de Bar, de ses scènes champêtres ; son neveu Louis-Joseph imite ses sujets militaires, et le fils de celui-ci (François-Joseph), ses fêtes galantes, tandis que Boucher reprend ses chinoiseries, que J.-F. de Troy publie des planches de fêtes galantes et que le jeune J.-B. Oudry reprend ses sujets théâtraux (les décorations pour Fagon, 1725 : Comédiens italiens dans un parc, coll. part.). À l'étranger, on assiste à la même diffusion de l'art de Watteau avec Mercier en Angleterre (jusque v. 1740), Quillard en Espagne ou Pesne, appelé par Frédéric II parce qu'il imite bien Watteau, sans compter le nombre de faux exécutés à Paris, au milieu du siècle, pour la clientèle de la cour de Prusse. Une rétrospective Watteau a été présentée en 1984 à Washington et en 1984-85 à Paris et à Berlin.
Les dessins
Les trois plus grandes collections des dessins actuellement conservés (Stockholm, British Museum, Louvre) montrent qu'avec une technique très travaillée de sanguine, de pierre noire et de craie, associées le plus souvent sur un papier teinté, Watteau se montre le plus infatigable observateur : l'élaboration d'un type féminin très caractéristique, la variété du répertoire des attitudes, leur vivacité et leur élégance, la maîtrise du trait et l'admirable parti que l'artiste sait tirer de la matière écrasée sur le papier font de cet ensemble plein de fantaisie la partie la plus fascinante de son œuvre.