Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Faruffini (Federico)

Peintre italien (Sesto San Giovanni, Lombardie, 1831  – Pérouse 1869).

Il étudie à Pavie avec Trécourt, à Venise et à Milan avec Grigoletti et Bertini. Mais c'est surtout grâce à son amitié avec Giovanni Carnovali qu'il enrichit sa palette. Sa production est principalement consacrée à des sujets historiques, pseudo-historiques ou religieux, très rarement modernes (la Prière de saint Dominique, peinte pour la chartreuse de Pavie ; la Gondole du Titien, 1861, Milan, G. A. M. ; la Lectrice, 1864, Brera ; le Sacrifice de la Vierge du Nil, 1865, Rome, G. A. M. ; Borgia écoutant Machiavel, primé à Paris en 1867, Pavie, Gal. Malaspina). Le goût des recherches luministes qui ont marqué son œuvre (et particulièrement ses esquisses) a fait considérer sa manière comme une sorte de trait d'union entre la recherche picturale pure de Carnovali et la manière des " scapigliati " (bohèmes) milanais, surtout de son condisciple Tranquillo Cremona.

Fattori (Giovanni)

Peintre italien (Livourne 1825  –Florence 1908).

Il étudie d'abord à Livourne, puis à Florence (1846-1848) auprès de Giuseppe Bezzuoli, portraitiste et peintre d'histoire de tendance romantique. Cette formation le marquera longtemps (Marie Stuart au camp de Crookstone, 1859, Florence, G. A. M.), même après l'époque où il commença à fréquenter, au café Michel-Ange, le cercle des premiers " macchiaioli ", auquel il n'adhéra, poussé par Giovanni Costa, qu'après 1859. Dans son tableau le Camp italien après la bataille de Magenta (1861-62, Florence, G. A. M.), avec lequel il remporta le concours Ricasoli, les résultats de ses plus récentes recherches se manifestent. Toutefois, sa nouvelle manière, fondée sur le contraste des zones de couleurs claires et sombres rendant le schéma des masses, est mieux adaptée à ses tableaux de petites dimensions. D'abord traitées comme des esquisses, ces peintures deviennent ensuite des œuvres indépendantes, conçues pour elles-mêmes (les Soldats français, 1859). Parallèlement à l'exécution de ses grands tableaux de bataille (Bataille de Montebello, 1862, musée de Livourne ; Assaut à la Madonna delle Scoperte, 1864, id.), Fattori réalisa aussi une importante série de petits formats, souvent étirés en longueur, proportion soulignée par un jeu de bandes de couleurs contrastées. C'est avec des compositions de ce type que Giovanni Fattori trouve ses meilleurs accents, riches d'un discret lyrisme (Cabanon en bord de mer ; la Rotonde des bains Palmieri, 1866, Florence, G. A. M. ; Pinède à Castiglioncello ; la Meule, musée de Livourne ; Madame Martinelli à Castiglioncello, id ; Repos, 1887, Brera).

   Il fut nommé professeur à l'Académie de Florence en 1869. Au cours des décennies suivantes, il continua à peindre des tableaux militaires (Bataille de Custoza, 1876-1880, Florence, G. A. M.) et des scènes rustiques (le Marquage des taureaux). Son langage pictural est alors marqué par une accentuation de la construction graphique, à laquelle s'ajoutera, un peu plus tard, une tendance sentimentale propre au vérisme social (l'Estafette, 1882 ; le Cheval mort, 1903). Il laissa également des portraits (Portrait de sa première femme, 1864, Rome, G. A. M. ; Diego Martelli à Castiglioncello, Milan, coll. Jucker ; Portrait de sa belle-fille, 1889, Florence, G. A. M.), qui rappellent parfois les modèles de Bezzuoli, ainsi qu'une importante production de gravures qui contribuèrent à le faire considérer comme la plus forte personnalité du mouvement des Macchiaioli. La G. A. M. de Florence conserve un bel ensemble de ses œuvres, dont on peut également voir des exemples au musée de Livourne.

Fautrier (Jean)

Peintre et sculpteur français (Paris 1898  – Châtenay-Malabry 1964).

Après la mort de son père, il suivit sa mère à Londres et fut admis, à quatorze ans, à la Royal Academy, où il eut Sickert comme professeur. À sa formation anglaise il doit sans doute le goût des procédés graphiques, aquarelle et pastel surtout, qui accompagnent, devancent souvent l'œuvre peint. Mobilisé en 1917, il revint en France ; gazé et réformé, il se fixa après la guerre à Paris. Il fit en 1921 la connaissance de Jeanne Castel, dont le soutien lui fut durablement acquis, et exécuta ses premiers tableaux la même année. Jusqu'en 1930, il exposa assez régulièrement au Salon d'automne (1922), au Salon des Tuileries (1924), plus fréquemment dans des galeries, chez Fabre, Zborowski, Paul Guillaume, avec qui il fut en contrat, Bernheim-Jeune, Jeanne Castel. Ses débuts (1921-1925) s'accomplirent sous le signe d'une réaction anticubiste marquée par Derain surtout (nus, portraits, natures mortes), tandis que des scènes de mœurs (filles au bordel, aquarelles, sanguines) révèlent des affinités avec Dignimont et Carco. De fréquents voyages dans des contrées peu sophistiquées (Tyrol, 1921 ; Bretagne ; Causses, 1925 ; Port-Cros, 1928 ; Alpes françaises et Chamonix souvent) stimulèrent une évolution rapide dès 1926 en faveur d'une expression très allusive : glaciers et lacs, gris et froids (1925-26), natures mortes, fleurs, nus, paysages, évoqués dans une gamme très sombre (nus noirs de 1926), relevée de gris et d'ocre (la Jolie Fille, 1927, Paris, M. A. M. de la Ville). Un dessin incisif, comme un trait gravé, anime souvent l'effet de matière, notamment dans les grandes natures mortes, qui sont, avec celles de Soutine, les plus originales de cette période (le Sanglier, 1926-27, Paris, M. N. A. M. et M. A. M. de la Ville). En 1928, Fautrier exécute pour l'Enfer de Dante des lithographies d'une liberté d'interprétation inédite, préludant, avec les petits pastels et les paysages contemporains, aux pratiques de la peinture dite " informelle " (le Maquis, 1928). Après 1930, l'artiste délaisse progressivement la peinture à l'huile sur toile : un support de papier marouflé reçoit un enduit épais relevé d'un graphisme léger et de teintes claires à l'encre, à l'aquarelle ou au pastel. Après une longue période d'activité réduite et de retraite dans les Alpes (Val-d'Isère, Tignes), c'est dans cette technique que fut réalisée la série des Otages (1943), exposée en 1945 à la gal. Drouin à Paris et qui fit la célébrité de l'artiste. Elle fut aussi le point de départ de variations nouvelles sur le paysage, l'objet (1955), le nu (1956) toujours privilégié. Désormais, la réalité qu'implique le thème est à la fois niée et mise en évidence par un réseau de subtils échanges entre le descriptif et le suggéré. L'œuvre gravé, entrepris à partir de 1923, s'est surtout développé après 1940 (suite des petits nus, eaux-fortes, 1941). Fautrier est également l'auteur de sculptures, d'illustrations pour Madame Edwarda et Alleluiah de G. Bataille (1947), Lespugue de R. Ganzo (1941), et il a mis au point un procédé de reproduction, les " originaux multiples ", exposés à Paris en 1950 et en 1953, à New York en 1956. Il est surtout représenté à Paris (M. A. M. de la Ville et M. N. A. M.), au musée de l'Île-de-France à Sceaux, au musée de Grenoble, au M. O. M. A. de New York. En 1985-86, deux expositions distinctes ont porté sur la période de ses débuts : Fautrier 1925 (Musée de Calais) et Fautrier 1925-1935 (Sted. Museum, Amsterdam et Kunsthaus Zürich). Le Cabinet des Estampes de Genève a édité en 1986 le catalogue raisonné de son œuvre gravé. Une exposition a été consacrée à l'artiste (M. A. M. de la Ville de Paris) en 1989.