Pinturicchio (Bernardino di Betto, dit [il])
Peintre italien (Pérouse ? 1454 – Sienne 1513).
Les premiers témoignages de l'art de Pinturicchio doivent être trouvés dans certains des panneaux avec des Scènes de la vie de saint Bernardin (Pérouse, G. N.), exécutés en 1473, probablement d'après une " idée " du jeune Pérugin ; à la composition rythmée de ce maître s'allient en effet des costumes et des éléments de paysage pittoresques qui resteront l'un des caractères fondamentaux de Pinturicchio. On retrouve la même collaboration dans 2 des fresques de la chapelle Sixtine, au Vatican (Moïse et Sephora en Égypte ; Baptême du Christ, 1481-1483) : il est fort difficile ici de distinguer la part des deux paysages, qui, contrairement à ceux de Pérugin, sont touffus et variés (peut-être à cause d'une connaissance de la matière vénitienne). Ce sont encore les paysages qui sont le plus sûrement de sa main dans les fresques figurant des Scènes de la Vie de saint Bernardin à la chapelle Bufalini dans l'église de l'Aracoeli (Rome), vers 1486 ; l'influence d'Antoniazzo Romano, commune dans cette décennie à plusieurs peintres ombriens, se retrouve dans les figures de ces fresques, où l'intervention des collaborateurs est faible, sinon absente. La fresque (postérieure) de la Nativité (Rome, S. Maria del Popolo) montre le maître s'assimilant les rythmes classiques, de plus en plus souples, du Pérugin de cette période.
De 1492-93 environ date la décoration des 5 salles (salles des Sibylles, du Credo, du Trivium et du Quadrivium, des Saints, des Mystères de la Foi) de l'appartement Borgia (Vatican), exécutée en large collaboration : ses parties les plus nobles dérivent de l'œuvre romaine contemporaine de Filippino Lippi, mais l'ensemble frappe surtout par l'excès d'une ornementation rendue souvent vulgaire par l'application de pastillage doré. À ce même style, à mi-chemin entre Filippino Lippi et les grotesques, appartient le Retable de la Vierge, peint pour l'église S. Maria dei Fossi en 1495 (Pérouse, G. N.). Les Scènes de la vie de la Vierge, peintes à fresque dans la chapelle Baglioni de la collégiale S. Maria Maggiore, à Spello, dans les tout débuts du cinquecento, montrent une composition plus large, dérivant peut-être du moderne classicisme florentin de Fra Bartolomeo. On arrive ainsi à l'époque des fameuses fresques de la Libreria Piccolomini (1504) au dôme de Sienne, figurant le Couronnement de Pie III et des Scènes de la vie de Pie II, d'une grande valeur décorative, mais d'une qualité artistique discutable. Les dessins de figures féminines de Lorenzo Costa, très employés à l'époque dans la décoration des majoliques, semblent une des sources d'inspiration de ces fresques, où l'on retrouve aussi les guerriers pittoresques des œuvres de jeunesse de Sodoma. Des souvenirs de Sodoma et des rappels d'inventions de jeunesse de Costa se reflètent aussi dans les fresques tardives (Couronnement de la Vierge, Évangélistes, Pères de l'Église, Sibylles) de l'abside de S. Maria del Popolo, à Rome (v. 1509), où, d'autre part, les formes s'amplifient sous l'influence des premiers travaux de Raphaël à Rome.
Historiquement, la période la plus importante de Pinturicchio correspond à son activité à Rome dans la dernière décennie du quattrocento. Travaillant alors en même temps que Filippino Lippi, Pinturicchio contribua à la formation du goût pour un art pittoresque et de fantaisie, qui s'épanouit pleinement chez le Bolonais Amico Aspertini. Un reflet de son goût ornemental apparaîtra en revanche parfois chez le jeune Raphaël des débuts du cinquecento et restera visible dans le Mariage de la Vierge de la Brera (Milan).
pinxit
ou pingebat
Ces mots latins (signifiant respectivement " a peint " ou " peignait ") accompagnaient souvent sur un tableau la signature du peintre : Raphaël pinxit. (On les abrège en pinx. et en ping.)
Piola (Domenico)
Peintre italien (Gênes 1627 – id. 1703).
Il débute très jeune avec le Martyre de saint Jacques, peint pour l'oratoire S. Giacomo, à Marina di Genova (1647), et, dans cette œuvre, il manifeste déjà son affranchissement de la culture éclectique apprise de son frère Pellegro, son premier maître. Ses modèles sont les derniers maniéristes lombards (en premier lieu Cerano et Giulio Cesare Procaccini) et leur porte-parole génois, Valerio Castello. Cette utilisation des expériences les plus ouvertement théâtrales se poursuit dans la Cène de l'église de Pieve di Teco (1649), où se devine un renouveau d'intérêt pour Strozzi.
En 1651, Piola concourt avec Fiasella pour la décoration de la chapelle Marini de l'église S. Domenico à Gênes et l'emporte sur son collègue, plus âgé (quelques restes de cette décoration subsistent à Gênes à l'Acad. Ligustica). Ce résultat est le signe le plus évident du changement de goût de la clientèle génoise, indifférente désormais au Réalisme des premières décennies du siècle et orientée vers une décoration plus librement allègre. Les nouvelles sources d'inspiration du peintre viennent alors de Castiglione, de Giovanni Maria Bottalla, continuateur de Pietro da Cortona, de la vague de berninisme apportée à Gênes par Puget, Daniello Solaro et Filippo Parodi. Malheureusement, les œuvres exécutées par Piola entre 1660 et 1670 sont presque toutes perdues, et nous ne retrouvons l'artiste qu'en 1668 avec la décoration à fresque de l'église S. Gerolamo et S. Francesco Saverio (aujourd'hui à la bibl. de l'université de Gênes). Ici, Domenico Piola déploie tout son talent de peintre-scénographe, toujours et uniquement préoccupé d'un résultat d'ensemble brillant.
À partir de 1673, Gregorio de Ferrari, revenu de Parme, imprime une nouvelle direction à la peinture génoise ; il se lie aussitôt avec Piola, qui subit à son tour l'ascendant intellectuel de son jeune collègue qu'il suit sans effort dans son " néo-corrégisme ". Une longue période d'activités parallèles, d'échanges continus d'idées et de solutions s'ouvre ainsi aux deux peintres, bien que Ferrari la domine qualitativement.
La carrière de Piola s'achève à Gênes avec la Vie de saint Gaétan, à l'église S. Siro (1674), l'Annonciation de la famille Pinelli, à l'église S. Annunziata del Vastato (1679), les fresques du palais Cambiaso, à Fossatello (1679), l'Immaculée Conception, de nouveau à la S. Annunziata (v. 1683), les fresques du Palazzo Rosso, aux côtés de Gregorio de Ferrari (salles de l'Automne et de l'Hiver, 1688), les décorations de l'église S. Luca (1685) et le Miracle de saint Pierre de l'église S. Maria Assunta, à Carignano (1696). En 1700, Domenico Piola est parmi les candidats aux concours pour la décoration de la Sala del Maggior Consiglio, au Palazzo Ducale, mais le jury lui préfère Marcantonio Franceschini.