Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Maître de la Légende de saint Georges

Peintre allemand (actif à Cologne de 1460 à 1480).

Il doit son nom au triptyque conservé au W. R. M. de Cologne, qui, ouvert, présente 8 scènes de la légende de saint Georges, l'extérieur des volets représentant l'Adoration de l'Enfant et le Christ devant Pilate avec le donateur Peter Kannegiesser et sa famille. Son style est narratif et touffu. Le peintre aime un dessin accentué, les raccourcis abrupts et le chevauchement des plans, tant pour suggérer la profondeur que par souci de la forme. Son style anguleux se trahit par une prédilection pour les lignes brisées, les formes effilées et délicates. Ses tableaux révèlent un artiste peu attaché à la tradition de Cologne, mais fortement influencé par les maîtres néerlandais, notamment Rogier Van der Weyden, dont il adopte les compositions et copie littéralement certains détails, sans atteindre toutefois à la qualité de son modèle. Stange a attribué au maître comme œuvres tardives quelques autres panneaux qui le montrent plus étroitement dépendant du Maître de la Vie de Marie. Il s'agit d'un panneau représentant la Messe de saint Grégoire (Cologne, Saint-Cunibert) d'une Crucifixion (Cologne, V. R. M.).

Maître de la Légende de saint Ulrich

Peintre allemand (actif à Augsbourg au milieu du XVe s.).

L'artiste ainsi désigné d'après les 2 grands panneaux en largeur représentant chacun 3 scènes de la Légende de saint Ulrich (Augsbourg, église Saint-Ulrich-et-Afra). Ce sont des panneaux autonomes et non des fragments d'un retable, comme on l'avait d'abord supposé. Réalisés vers 1453-1455, ces tableaux s'inspirent de l'art de Rogier Van der Weyden ou de son école, tout en conservant un caractère typiquement souabe. On attribue en outre à l'artiste le très beau Portrait d'un vieillard, qui porte l'inscription " Pius Joachim " (Bâle, Kunstmuseum), et 2 volets d'un autel disparu (musée de Nuremberg). Ces panneaux (Annonciation et Christ apparaissant à ses disciples) ont le même coloris éclatant que les tableaux de l'église Saint-Ulrich-et-Afra. Intermédiaire entre la Flandre et l'Allemagne du Sud, le Maître de la Légende de saint Ulrich mérite une attention particulière, car il se situe à l'aube de la grande époque de la peinture augsbourgeoise.

Maître de la Légende de sainte Barbe

Peintre flamand (actif dans le dernier quart du XVe s.).

Il doit son nom à un triptyque consacré à sainte Barbe (Bruxelles, M. R. B. A. ; Bruges, chapelle du Saint-Sang) et exécuté pour la confrérie du Saint-Sang de Bruges. Son œuvre la plus importante est un quadriptyque (Cologne, W. R. M.) commandé par Claudio de Villa, originaire de Chieri. Il appartient au groupe des suiveurs bruxellois de Rogier Van der Weyden. Illustrateur, il compose lourdement, en multipliant les scènes, mais anime ses tableaux de visages très expressifs.

Maître de la Légende de sainte Madeleine

Peintre flamand (actif à Bruxelles dans le dernier quart du XVe s.).

Un triptyque consacré à la légende de sainte Madeleine (panneaux partagés entre les musées de Budapest, Schwerin, Philadelphie, Copenhague) a servi à la fois à dénommer le peintre et à regrouper sa production. Dans le Triptyque du repas des Dix Mille (Melbourne, N.G.), l'artiste collabore avec le Maître de la Légende de sainte Catherine. Mis à part ses fréquents emprunts à Rogier Van der Weyden, son style se distingue surtout par une recherche d'élégance dans les silhouettes, associée à un souci de modelé souple qui adoucit les passages de l'ombre à la lumière. On doit au peintre plusieurs portraits (Marguerite d'Autriche, Louvre).

Maître de la Légende de sainte Ursule

Peintre flamand (actif dans le dernier quart du XVe s.).

Deux volets de triptyque relatant 8 Épisodes de la vie de sainte Ursule (Bruges, couvent des Sœurs noires, en dépôt au musée communal) constituent son œuvre principale. Le style narratif de l'artiste, d'une naïve fraîcheur, est servi par une palette délicate que caractérise un rose pâle pour l'évocation des briques. Un triptyque de la Nativité (Detroit, Inst. of Arts) et plusieurs figurations de la Vierge à l'Enfant lui sont attribués (Bruxelles, M. R. B. A. ; musée de Cherbourg). Le Maître compte parmi les suiveurs de Rogier Van der Weyden et de Memling.

Maître de la Légende de sainte Ursule (Meister des Ursulazyklus)

Peintre allemand (actif à Cologne entre 1485 et 1520).

Il doit son nom à une suite de 19 toiles (2 ont été détruites et 1 a disparu) exécutées sans doute entre 1495 et 1500 et illustrant la Légende de sainte Ursule. Elles furent peintes sans doute pour l'église Sainte-Brigide de Cologne et sont aujourd'hui dispersées dans le monde entier : Munich, Alte Pin. ; Metternich, coll. von Stedman ; musée de Nuremberg ; Cologne, W. R. M. ; Louvre ; Bonn, Landesmuseum ; Cologne, Diozesan Museum ; autref. Magdebourg, détruite en 1945 ; Londres, V. A. M. Les compositions s'inscrivaient à l'origine dans un cadre architectural, sous une arcature cintrée ; sur le bandeau inférieur, au centre, une inscription était ponctuée de part et d'autre par des donateurs en prière, avec leurs armoiries. Cette disposition primitive existe encore sur les 4 panneaux du Landesmuseum de Bonn et sur celui de Londres (V. A. M.). Le thème de cette légende connut jusqu'au XVIe s. une grande popularité : la Suite de Carpaccio (v. 1490) en est l'une des plus célèbres interprétations. Typiquement colonaises et très élégantes, ces gracieuses compositions sont d'une importance particulière du point de vue historique et du point de vue culturel. L'artiste fut confondu par différents historiens avec le Maître de Saint Séverin, dont il se rapproche étroitement, mais qu'il domine par son goût de l'espace en profondeur, son sens de la mise en page et sa sensibilité aux effets de l'ombre et de la lumière. Sa technique, légère, est également toute " moderne ".

   Le W. R. M. de Cologne conserve également de sa main une Vierge entourée de saintes, un Retable de saint François et un Christ en croix avec des saints.

Maître de la Madeleine

Peintre italien (actif à Florence dans la seconde moitié du XIIIe s.).

L'activité de ce peintre anonyme, qui dut diriger l'un des plus florissants ateliers florentins du XIIIe s., se déroule entre 1250 et 1275 d'après R. Offner, et entre 1270 et 1300 d'après R. Longhi. Autour du tableau qui lui a donné son nom, une Sainte Madeleine avec huit scènes de sa vie (Florence, Accademia), il a été possible de grouper une série d'œuvres parmi lesquelles se distingue une Madone avec les saints André et Jacques et six scènes de la vie de la Vierge (Paris, musée des Arts décoratifs). Le peintre adoucit les formules byzantines, affectionne la répétition des figures à l'expression paisible et maniérée, narre avec facilité, mais sans chaleur. On constate parfois dans sa facture les influences de Coppo, de Meliore et de quelques mosaïstes du Baptistère, dont la décoration révèle également sa collaboration.