Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Bison (Giuseppe Bernardino)

Peintre italien (Palmanova, Frioul, 1762  – Milan 1844).

Il se forme à l'Académie de Venise, où il peut étudier les grands décorateurs et védutistes, dont l'influence marquera son œuvre. En 1787, Bison travaille à Ferrare (palais Bottoni) et, peu après (1787-1790), à Padoue (palais Manzoni) ; il collabore, dans cette dernière ville, avec Antonio Mauri, " prospettico " à l'Accademia, aux décorations des théâtres de la cité. Vers 1800, Bison travaille à Trévise (palais Bortolan). Après un séjour à Udine (palais Capsoni), il s'établit en 1805 à Trieste. Il décore à Zara, en 1807, le palais du gouverneur général de Dalmatie et retourne à Trieste pour y travailler au palais de la Bourse (Chambre de commerce) et à l'église S. Maria Maggiore. Très actif, il peint dans toute l'Istrie, mais c'est surtout au décor de théâtre et à la petite peinture de chevalet qu'il se consacre alors (Caffèperto a Venezia, v. 1820). Sa réputation est grande, et, a en 1824, l'Accademia de Venise le reçoit parmi ses membres. Bison quitte Trieste en 1831 pour Milan. Il y trouvera un mécène, Raffaele Tosoni, et présentera 5 expositions personnelles à l'Académie Brera. Il semble ne plus se consacrer alors qu'à de petits travaux et meurt dans la gêne.

   Artiste d'une prodigieuse diversité qui, tant comme décorateur que comme dessinateur ou peintre de chevalet, produisit énormément, célèbre par sa rapidité, Bison s'affirme à la fois le continuateur et l'ultime représentant des grands décorateurs de villas du Settecento (quadraturiste virtuose, parfois à la limite de l'étrange, il aime à disposer des compositions mythologiques tiépolesques dans de grands paysages clairs et contrastés) et continuateur des védutistes dans ses œuvres de chevalet (paysages fantastiques proches de Guardi et parfois de Piranèse). Outre les décors cités, de nombreuses œuvres peintes et dessinées de Bison sont encore conservées dans des coll. part. d'Italie du Nord ; certaines sont visibles dans les musées de Trieste, de Trévise, d'Udine et de Milan. Des dessins de l'artiste ont été montrés (Paris, Institut néerlandais) en 1996.

Bisschop (Cornelis)

Peintre néerlandais (Dordrecht 1630  – id.  1674).

Élève de Bol à Amsterdam, sans doute v. 1646-1650, il revient peu après à Dordrecht, précédant son compatriote Nicolaes Maes, qui devait exercer sur lui une très nette influence, au point que leurs œuvres ont souvent été confondues. Bisschop a peint dans les genres les plus divers sans jamais témoigner d'une originalité très affirmée. Ainsi reflète-t-il l'art de Maes dans ses portraits de famille (musée de Kassel), d'enfants en habits de bergers ou de régents de l'hôpital de Dordrecht (musée de Dordrecht). Ses tableaux allégoriques ou religieux rappellent la manière rembranesque d'un Eeckhout ou d'un Maes. Peintre de genre, en fait sa véritable spécialité, mis à part quelques tableaux d'Enfants jouant avec des chats (La Haye, musée Bredius), vrais pastiches de J. M. Molenaer, Bisschop se révèle généralement un habile et convaincant suiveur de Maes, depuis la Vieille Liseuse de la coll. Spencer à Althorp House jusqu'à la Couseuse du musée de Minneapolis, l'un des meilleurs tableaux du maître, ou bien celle, très comparable, de la Ng d'Oslo.

   Par une facture et une lumière plus précises cependant et un goût prononcé des effets de perspective, Bisschop, dans de tels tableaux de genre, parmi lesquels se distingue encore la fameuse Peleuse de pommes du Rijksmuseum, se rapproche aussi de Pieter De Hooch, avec qui il a été souvent confondu. Il fut aussi un bon graveur et un excellent dessinateur. Comme intimiste et excellent technicien du trompe-l'œil, il occupe entre Nicolas Maes et Pieter De Hooch une place comparable à celle de ces charmants petits maîtres d'intérieur " vermériens " qui s'appellent Hendrik Van der Burgh, Boursse, Vrel ou Hoogstraten.

 
Bisschop eut plusieurs fils, dont Jacobus (Dordrecht 1658 – id. apr. 1698) et Abraham (Dordrecht 1670 – Middelbourg 1731) , qui peignit surtout des oiseaux : Oiseaux exotiques (1718, musée de Dordrecht).

Bissier (Julius)

Peintre allemand (Fribourg-en-Brisgau  1893  – Ascona, Suisse,  1965).

Il fréquente pendant quelques mois, en 1914, l'Académie des beaux-arts de Karlsruhe, puis, à partir de 1918, travaille seul. En 1927, il rencontre le sinologue Ernst Grosse, qui l'initie aux arts et à la pensée de la Chine antique. L'influence des doctrines taoïstes déterminera toute son évolution. En 1929, stimulé par son amitié avec Baumeister, il se tourne vers l'Abstraction. Profondément impressionné par Brancusi, à qui il rend visite en 1930, il est de plus en plus persuadé que la méditation seule peut nourrir la forme. C'est alors qu'il exécute ses premiers lavis à l'encre de Chine. En 1934, un incendie détruit toute son œuvre. Spirituellement exilé dans l'Allemagne nazie, il se retire en 1939 à Hagnau, sur le lac de Constance, où il continue de travailler dans le plus grand isolement, faisant uniquement des lavis à l'encre de Chine. Ces formes-signes, d'une concision extrême, où premier jet et vision achevée coïncident, ne seront connues du public qu'après 1945 et assureront aussitôt à Bissier une place de premier plan dans la peinture allemande. Après 1947, il met au point une technique personnelle de peinture (tempera à l'œuf et à l'huile), qui lui permet de retrouver la même liberté d'expression qu'avec l'encre de Chine et confère aussi un caractère exceptionnel à ses œuvres, qu'il appelle " miniatures " à cause de leur format, mais qui pourraient s'appeler " microcosmes " par la densité symbolique de leur contenu (Miniature 28.II.1956, Hambourg, Kunsthalle). À partir de 1950, Bissier figure à toutes les grandes expositions internationales (Biennale de Venise ; Documenta de Kassel ; Biennale de São Paulo) et il est considéré comme l'un des précurseurs de ceux qui, en Europe comme aux États-Unis, ont cherché, à partir de 1950, un enseignement dans l'art extrême-oriental.

   Bissier fut, avec Nay et Winter, l'un des fondateurs du groupe Zen (1949). Il est représenté dans les musées de Karlsruhe, de Stuttgart, de Hanovre, de Duisburg, d'Ulm, de Londres (Tate Gal.) et de Düsseldorf (legs de 58 œuvres à la K. N. W.). Une exposition Bissier a été présentée à Colmar (musée d'Unterlinden) en 1991.