Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
P

primitifs (les)

Terme qui désigne les peintres italiens des XIVe et XVe s. et, par extension, les autres peintres européens de la fin du Moyen Âge. Il s'est dit aussi, par extension, des peintres autodidactes des XIXe et XXe s., dont l'art naïf rappelle celui des primitifs.

primitivisme

L'intérêt des artistes occidentaux pour l'art des peuples " primitifs " est ancien. C'est cependant à l'aube des transformations profondes de la modernité picturale (1880-1920) que l'art aborigène, africain ou ibérique va servir de tremplin à de nombreuses recherches plastiques sur la libération de la couleur, le démantèlement de la perspective classique, et plus généralement l'abandon des canons de l'art occidental. Les artistes découvrent cet art dans les nouveaux musées d'ethnologie qui s'enrichissent considérablement à la faveur des butins des récentes expéditions en Afrique ou en Océanie. Gauguin, dans une quête plus essentielle de l'Éden primitif, va découvrir sur place l'art des îles Marquises. Les Fauves découvrent au musée du Trocadéro les masques nègres qui influenceront ensuite la décomposition analytique du cubisme " nègre " de Picasso dans les Demoiselles d'Avignon (1907). À la vue des œuvres du Musée d'ethnographie de Dresde, les expressionnistes allemands du groupe Die Brücke trouvent dans la rudesse des primitifs les moyens stylistiques —incision rapide, simplification des modelés— d'une libération exutoire de la forme qui inspire, tout au long du siècle, de nombreuses pratiques artistiques. Nombreux sont les artistes qui feront collection d'objets d'art africain et océanien (Picasso, Derain, Magnelli), notamment sous l'influence d'André Breton.

Procaccini (les)

Famille de peintres italiens actifs à Milan aux XVIe et XVIIe s.

 
Ercole il Vecchio (Bologne 1520  – Milan 1595) fut un peintre modeste, proche de Prospero Fontana. Sa peinture réunit des éléments dérivés de Parmesan et des recherches plastiques " romanistes ". On retrouve ces caractères dans la Conversion de saint Paul (1573, église S. Giacomo Maggiore à Bologne). Vers 1585, l'artiste s'installe à Milan avec ses fils.

 
Camillo (Bologne v. 1551 – Milan v. 1629) est le créateur éclectique de grandes compositions théâtrales aux tonalités nordiques empruntées à Calvaert ; il introduit à Milan, dans la dernière décennie du XVIe s., le style des maniéristes tardifs. Parmi ses meilleures œuvres, citons les 8 Volets d'orgue du dôme de Milan (1592-1600) et les deux Miracles de saint Charles (Venise, église S. Nicolò dei Tolentini).

 
Carlo Antonio (Bologne 1571 – Milan 1630) fut aussi l'élève de son père ; les sources le mentionnent comme auteur de natures mortes. Petit maître, sa manière est assez proche de celle de Bril et d'Elsheimer, comme le montrent deux de ses paysages publiés par R. Longhi (le Christ rend la vue à un aveugle, 1616 ; Mercure et les filles de Cécrops, id. ; Milan, coll. part.).

 
Giulio Cesare (Bologne v. 1570 – Milan 1625) est le grand personnage de la famille. D'abord sculpteur (bas-reliefs sur la façade de l'église S. Maria près S. Celso, Milan), il conservera, dans ses premiers tableaux, le goût des éclairages contrastés, des modelés vigoureux (Martyre de saint Nazaro et de saint Celso, 1610, église S. Maria près S. Celso, Milan). Ces caractères sont assez tôt remplacés par un dessin très souple, un coloris varié et brillant à effets argentés influencé par Baroche (Miracles de saint Charles, 1610, dôme de Milan), observés probablement dans les œuvres génoises de Rubens, et qui préludent à une vision franchement baroque. Les meilleurs exemples de cette manière sont la Circoncision (1616, Modène, Pin. Estense), la Vierge au rosaire (Novare, église S. Maria del Rosario), les toiles de Miasino et de l'église paroissiale d'Orta, la Pala de Santa Afra à Brescia. Le Mariage mystique de sainte Catherine (v. 1610, Brera) est au contraire un dernier hommage à l'art de Parmigianino. Procaccini marque son observance des goûts sévères de la Contre-Réforme dans ses œuvres tardives, comme la Mort de la Vierge (musée de Crémone) et la Mort du Christ (Milan, église S. Angelo). Il est un des premiers auteurs d'" ébauches " (" bozzetti ") baroques conçues non comme préparations, mais comme expressions picturales autonomes (Sainte Agathe, Florence, fondation Longhi ; Madone, Naples, Capodimonte).

Progressiven (Die)

" Die Progressiven " désigne un groupe d'artistes de Cologne qui a été fondé en 1929 par Franz-Wilhelm Seiwert, Heinrich Hoerle, Augustin Tschinkel et Gerd Arntz, intitulé " Gruppe Progressiven Künstler ". Ces artistes ont voulu réaliser un " art engagé " en représentant des sujets contenant une résonance sociale et politique très marquée, dans la mouvance directe du parti communiste allemand, sans tomber dans l'imagerie réaliste et en se situant au contraire dans la direction des avant-gardes. Leur art sera très proche dans sa forme des préoccupations des artistes de l'Abstraction géométrique, du Purisme et de Fernand Léger. Ils disposeront d'un organe de diffusion, la revue a bis z, fondée en 1929 à Cologne ; dirigée par Franz-Wilhelm Seiwert, cette revue paraîtra jusqu'en 1933 avec un contenu politique social et culturel très " engagé " et comportant des bois gravés comme illustrations. De nombreux artistes ont été proches des progressistes, tels qu'Otto Freundlich, Otto Coenen, Gottfried Brockmann, Anton Räderscheidt, mais aussi les dadaïstes Max Ernst et Theodor Baargeld, ainsi que le grand photographe August Sander.

Prout (Samuel)

Aquarelliste britannique (Diss, Norfolk, 1783  – Londres 1852).

Il fit son apprentissage avec John Britton ; topographe et professeur estimé, il est l'auteur de plusieurs ouvrages sur l'art du paysage Rudiments of Landscape in Progressive Studies, 1813. Il contribua aussi aux ouvrages de Britton Beauties of England and Wales et Architectural Antiquities of Great Britain. Il visita l'Europe en 1819 et se fit une réputation par ses aquarelles exécutées en France (l'Église Saint-Vincent à Rouen, Londres, V. A. M. ; le Château de Dieppe, musée de Dieppe), en Belgique (Vue de Gand, British Museum), en Italie (le Colisée, l'Arc de Constantin, le Forum de Nerva, le Grand Canal à Venise, la Ca' d'Oro à Venise, Londres, V. A. M.). Ces vues du continent eurent beaucoup de succès en lithographie (Sketches in France, Switzerland and Italy, publié en 1839). Ses œuvres, vantées par Ruskin, d'une technique plus traditionnelle que celle de contemporains comme Bonington, lui valurent le succès grâce à l'accord entre le détail topographique et un certain exotisme dû au chatoiement de la couleur et au groupement pittoresque des personnages. Prout est représenté à Londres (V. A. M., British Museum, Tate Gal.), à Birmingham (City Museum), à Liverpool (Walker Art Gal.) et au musée de Dieppe.