Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
R

Roos (les)

Dynastie de peintres allemands.

 
Johann Heinrich (Reipoltskirchen  1631  – Francfort  1685). Devant la guerre, sa famille s'enfuit en 1640 à Amsterdam, où il fit son apprentissage chez le peintre Guilliam Dujardin, dont le fils, Karel, semble l'avoir influencé d'une façon plus décisive. Il eut ensuite pour maîtres Cornelis de Bie et surtout Barent Graat, et fut aussi fortement influencé par N. Berghen.Il séjourna probablement en Italie vers 1650. Toutes ses scènes d'animaux, ses bambochades et ses compositions idylliques, qu'il exécuta pour les cours de Mayence, de Kassel, de Heidelberg et pour des amateurs privés, évoquent ses souvenirs de paysages italiens et trahissent les influences des Hollandais italianisants et de Claude Lorrain. Mais la composition du paysage, encore archaïque et sans profondeur, est souvent secondaire par rapport à l'importance accordée aux animaux (Paysage de ruines aux chênes, musée de Darmstadt ; Auberge dans les ruines romaines, musée de Karlsruhe ; Personnages dans les ruines, 1674 et 1675, Ermitage). Après une longue activité dans les différentes cours allemandes, il s'installe à Francfort en 1667. C'est surtout dans ses portraits réalistes rappelant Ter Borch ou B. Graat (Portrait d'un officier, musée de Nuremberg ; Autoportrait, 1682, Brunswick) qu'il montre son talent.

 
Johann Melchior (Heidelberg 1663 – Brunswick 1731). Peintre de portraits (Autoportrait, 1682, Brunswick, Herzog Anton Ulrich-Museum ; Portrait d'homme, 1684, musée de Karlsruhe), cité en 1684 à La Haye, il voyagea de 1686 à 1690 en Italie. Il travailla ensuite à Nuremberg, à Heidelberg et en Suisse, peignant surtout des Paysages imitant ceux de son frère.

 
Philipp Peter Roos, ou Rosa da Tivoli (Francfort 1655 ou 1657 – Rome 1706). Il partit pour Rome en 1677 et s'y maria en 1681 avec Maria Isabella, fille du peintre Giacinto Brandi. Dans la Schildersbent, il reçut le surnom de Mercurius à cause de la facilité avec laquelle il improvisait ses œuvres. Vers 1685, il acheta une maison en ruine à Tivoli, où il s'entoura de nombreux animaux, qu'il aimait observer et peindre en pleine campagne. Ses tableaux représentent des chevaux, des vaches, des moutons et des chèvres au premier plan, tandis que le paysage occupe le fond. La manière de P. P. Roos, influencée par celle de Salvator Rosa, s'apparente à celle de son père, mais l'exécution n'en est pas aussi soignée. C'est justement la présentation très naturelle des animaux et des personnages et la coloration très agréable de la majorité de ses tableaux qui lui assurèrent un grand succès. Philipp Peter est représenté dans de nombreux musées, et plus particulièrement dans ceux du Prado, de Kassel (série de 8 tableaux), de Dresde (Gg), de Bruxelles (M. R. B. A.), de Lille, de Grenoble, de Karlsruhe et à l'Ermitage. Il eut 2 fils, Jacob et Cajetan.

 
Jacob Roos, ou Rosa di Napoli (Rome 1682 –Naples ?). Actif à Naples, il peignit des paysages dans le goût de son père.

 
Cajetan Roos, ou Gaetano de Rosa (Rome 1690 – Vienne 1770). Peintre de paysages, il s'installa à Vienne, où il se consacra plutôt à la peinture religieuse.

 
Son fils Joseph (Vienne 1726 – id. 1805) peignit aussi des Paysages avec des bergers et des moutons (belle série à Schönbrunn). Membre de l'Académie de Dresde, il devint plus tard directeur de la Galerie impériale de Vienne.

Rooskens (Anton)

Peintre néerlandais (Grindtsveen 1926  – Amsterdam 1976).

Artiste autodidacte, il puise ses connaissances dans la peinture de Van Gogh et Permeke, puis dans les œuvres de la première école de Paris. En 1945, à Amsterdam, une exposition intitulée " l'Art en liberté " lui révèle l'art primitif à travers des œuvres de Nouvelle-Guinée : une découverte qui ne cessera d'influencer son œuvre tout au long de sa carrière. Sa peinture, spontanée et gestuelle, aux formes hallucinées et aux couleurs violentes, s'imprègne des rythmes africains (" Démons "). En 1948, il collabore à la fondation du groupe Reflex puis à celle de Cobra avec Karel Appel, Eugène Brandz et Corneille. Ses peintures reflètent les tendances du groupe : dessin spontané, violent et joyeux, peinture multicolore à larges touches (Composition, 1950). Plusieurs voyages effectués en Égypte et en Afrique noire en 1954 enrichissent sa palette. Après l'Expressionnisme fantastique des années Cobra, l'art de Rooskens évolue : de longues touches et de lourdes traînées noires parcourent un espace situé entre le clair et l'obscur. Une modulation onirique nuance ses compositions, dans lesquelles apparaît un univers fabuleux peuplé d'êtres imaginaires à demi cachés (Attaque, Totem). À l'instar des œuvres d'Appel et de Corneille, l'art de Rooskens devient résolument figuratif à la fin des années 60 (Femme et oiseaux). Il participera à de nombreuses expositions sur le groupe Cobra aux Pays-Bas et en Allemagne, et présentera ses travaux à Paris, galerie La Roue, en 1969, et galerie Ariel en 1972. Une rétrospective de son œuvre a été organisée en 1976 au Centre culturel de Venlo (Hollande). Rooskens est représenté au Stedelijk Museum d'Amsterdam et à celui de Schiedam.

Rops (Félicien)

Graveur et peintre belge (Namur 1833  – Essonnes 1898).

Il se forme à l'Académie de Namur, puis en 1854 à celle de Saint-Luc à Bruxelles, où il se lie avec Artan, Dubois et Ch. De Groux. Il fonde (1856) l'hebdomadaire satirique Uylenspiegel et s'y révèle excellent lithographe, subissant d'abord l'influence de Daumier. En 1868, il participe à la fondation de la Société libre des beaux-arts, attachée à la défense du Réalisme, puis s'établit à Paris en 1874. Son œuvre peint — marines, paysages, figures — porte la marque du fantastique romantique (la Mort au bal, 1870, Otterlo, Kröller-Müller), puis celle de l'Impressionnisme (Plage de la mer du Nord, Bruxelles, M. R. B. A.). Rops dut surtout sa réputation à ses gravures, eaux-fortes et lithos, caractéristiques du climat littéraire de l'époque, transition entre le Romantisme et le Symbolisme, d'un humour grinçant (eaux-fortes des Sataniques, 1874 ; illustrations pour les Diaboliques de Barbey d'Aurevilly, 1886 ; À un dîner d'athées, frontispice de l'édition belge des Épaves de Baudelaire, 1866). Il fut très lié avec le sâr Peladan. Dans son œuvre, le goût de la modernité et de la séduction féminine particulière qui s'y épanouissait retint l'attention de Baudelaire. Rops témoigne en effet d'un sens aigu de la femme, sans doute de la Parisienne, qu'il représente à sa toilette et dans des attitudes qui annoncent Lautrec (la Femme au cabriolet, Bruxelles, cabinet des Estampes). Sorcière ou prostituée, elle est sûre de son pouvoir sur l'homme et se présente fière d'elle-même (Pornocratès, 1896, eau-forte et aquatinte). À la fin de sa vie, tenté par l'Impressionisme, il a peint de fins paysages clairs et frais (Pont sur la Vesle, Anvers, M. R. B. A.).

   L'artiste est représenté dans les musées d'Anvers, de Bruxelles, de Liège et de Namur, où un musée Rops a été créé.