Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Daniell (Thomas)

Peintre britannique (environs de Londres 1749  – Londres 1840).

Il étudia à la Royal Academy en 1773 et y exposa après 1772, devenant R. A. en 1799. Il partit en 1784 avec son neveu William (1769-1837) pour les Indes, où il vécut dix ans, et, dès lors, son œuvre consista surtout en scènes indiennes : Vue sur un Nullah, Bengal (v. 1827, Londres, Tate Gal.). Il publia entre 1795 et 1808 un ensemble de 6 volumes intitulé Oriental Scenery. Cet ouvrage introduisit une nouvelle vision des Indes en Angleterre et influença des réalisations architecturales telles que le Pavillon de Brighton. La collection de ses dessins et de ses aquarelles est répartie à Londres entre le British Museum et le V. A. M.

Daniels (René)

Peintre néerlandais (Eindhoven 1950).

Dans l'œuvre de René Daniels, deux tendances alternent : l'intérêt pour la perception concrète des matières et des couleurs, l'accent mis sur la valeur conceptuelle des tableaux. À la suite de ses études, de 1972 à 1975, à l'Académie royale de Bois-le-Duc, il exécute, en 1977-78, des peintures d'une facture néo-expressionniste, mettant en œuvre des formes concrètes : livres, gramophones, appareils photographiques, soit des médiateurs de sens permettant la lecture, l'audition, la vision. Vers 1979-80, il entreprend une série de peintures dans lesquelles les traces de mouvements sont accentuées par des distorsions perceptives et dont l'iconographie présente de nombreuses références à des artistes questionnant l'unicité du fait pictural : Marcel Broodthaers (la Muse vénale, 1979, Eindhoven, Van Abbemuseum), Picabia ou Magritte dans sa période " vache " (Palais des Beaux-aards, 1983, Amsterdam, Stedelijk Museum). Après un séjour à New York, Daniels peint une série de paysages monochromes à larges touches (Paravent, 1984), puis entreprend des représentations de salles d'exposition où de grands volumes, en perspective, simplement esquissés, parfois juxtaposés, servent de réceptacles à de simples taches de couleurs, ébauches de tableaux (Painting on unknown language, 1985). Tout en exposant régulièrement depuis 1978 à la gal. Paul Andriesse d'Amsterdam, Daniels a été présent à de nombreuses expositions internationales (Kassel, Documenta 7, 1982 ; Paris, XIe biennale de Paris, 1980) et a fait l'objet d'expositions personnelles à Berne, Kunsthalle, en 1987, et à Eindhoven, Van Abbemuseum, en 1978 et 1986, où son œuvre est bien représenté (Hot Day in the Lighthouse, 1985). En 1987, une hémorragie cérébrale interrompt la carrière de l'artiste. Ses œuvres ont été présentées à Paris (Inst. néerlandais) en 1994.

Danil (Konstantyn)

Peintre d'origine serbe (Lugŏs, Banat roumain,  1798  – Veliki Bečkerek  1873).

Son père, d'origine russe, s'était fixé à Lugŏs, où il épousa une Serbe. Encore adolescent, Danil entra dans l'atelier d'Arsa Teodorović, peintre serbe résidant à Temišvar ; puis, après avoir suivi l'enseignement de plusieurs maîtres, il partit pour Vienne et Munich afin de se perfectionner. En 1827, il se fixa à Veliki Bečkerek, où il ouvrit un atelier, et se maria avec la Hongroise Sophie Dely, qui devint son modèle préféré (Belgrade, M. N.). En 1846 et en 1851, il fit des voyages d'étude en Italie. Il est connu comme peintre d'icônes de nombreux iconostases (Pančevo, 1829-1833 ; Uzdin, 1836 ; Temišvar, 1837-1843 ; Dobrice, 1852-1855 ; Jarkovac, 1858-1861). Dans ses compositions, l'influence d'une stylisation d'esprit classique se fait sentir, tandis que sa célèbre Nature morte au melon (Belgrade, M. N.), chef-d'œuvre du genre dans la peinture serbe du XIXe s., témoigne de ses affinités avec l'art hollandais. Danil est surtout connu pour ses portraits exécutés dans le goût de l'époque (P. Kraft, F. G. Waldmuller), qui représentent une variante serbe du Biedermeier viennois : la Femme du peintre, Madame Tetesi, Madame Weigling, Pavle Kengelac. La présentation distinguée de ses personnages émergeant d'un vague " sfumato ", le modelé délicat des formes, la facture dont les glacis ont des reflets perlés et surtout la qualité du rendu de la matière — soie, velours, bijoux — le mirent au rang des plus grands maîtres de la peinture serbe du XIXe s.

Danloux (Henri-Pierre)

Peintre français (Paris 1753  – id.  1809).

Il fut élève de Lépicié (1780) et de Vien, chez qui il rencontra David, puis se rendit à l'Académie de France à Rome (1775-1780), alors dirigée par Vien. Sur le chemin de son retour en France, il s'arrêta à Lyon, où il exécuta des scènes de genre. Sous la Révolution, il se réfugia à Londres (1791-1800), continuant de peindre des portraits (Comte d'Artois, Versailles) et quelques tableaux d'histoire (Supplice d'une vestale, 1800, exposé au Salon de 1802, Louvre). Son art devint alors d'une élégance plus sobre sous l'influence de Romney (M. Delaval, Louvre ; A. Lenoir, Versailles). De retour à Paris, Danloux exécute des sujets d'histoire (Henri IV et Sully, musée de Pau) et poursuit sa série de portraits de gens de théâtre et d'artistes (Delille et sa femme, 1802, Versailles). À la suite d'Aved, il s'en tient volontiers à une composition sans apparat : si sa Comtesse de Cluzel (1787, musée de Chartres) rappelle les compositions délicates de Mme Vigée-Lebrun, il revient souvent à plus de simplicité, avec une sensibilité qu'illustreront de façon plus précise Prud'hon ou Gérard (Jean-François de La Marche, 1793, Louvre).

danse macabre

Sujet représenté à la fin du Moyen Âge surtout dans les pays de l'Europe du Nord et qui paraît avoir été peint pour la première fois sur les murs du charnier du cimetière des Innocents à Paris en 1424.

   C'était une farandole figurant des vivants poussés vers l'au-delà par leurs propres squelettes. Son sujet a été rapproché d'autres thèmes mettant la mort en scène, comme le Dit des trois morts et des trois vifs, parfois associé à ses représentations, ou l'Ars moriendi. La danse macabre a figuré dans de nombreuses éditions xylographiques, notamment en Allemagne, dans la sculpture, la tapisserie, le vitrail (Norwich Saint-André) et la peinture murale. En France, il reste des peintures à La Chaise-Dieu (v. 1460-1470), à Kermaria (Côtes-d'Armor), à Meslay-le-Grenet (Eure-et-Loir) et à La Ferté-Loupière (Yonne). Le thème gagna l'Angleterre par l'intermédiaire de Saint Paul de Londres (détruite) et la Suisse, sans doute à travers la Sainte Chapelle de Dijon (détruite). Il se diffusa en Italie du Nord à Clusone, à Pisogne et à Pinsolo, et en Allemagne septentrionale à Sainte-Marie de Lübeck (1463) et à Berlin. Les deux ensembles peints à Bâle au XVe s. sont célèbres, même disparus, car Holbein dessina dans cette ville, à partir de 1524, un Alphabet entrelacé de figures de la danse macabre et la Grande Danse macabre, gravée par Lützelburger et éditée pour la première fois à Lyon en 1538. C'était l'aboutissement du thème, qui se perpétua en se déformant et en se mêlant à d'autres représentations de la mort.