Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
S

sépia

Matière colorante (ital. seppia), plus foncée que le bistre, extraite de la vessie de seiche et dont on se sert pour le dessin au lavis. Ce lavis de sépia a remplacé au XIXe s. le lavis de bistre, avec lequel il ne doit pas être confondu.

Sept (groupe des)

Nom que se donnèrent en mai 1920, lors d'une exposition à Toronto, un groupe de peintres canadiens comprenant Lawren Harris, Frederick Varley, Arthur Lismer, A. Y. Jackson, J. E. H. MacDonald, F. Johnston et F. Carmichael. Ces peintres, auxquels il faut associer Tom Thomson, mort trop tôt (1917) pour faire partie officiellement du groupe, se consacrèrent à peindre le paysage canadien dans un style coloré et vigoureux. Leur influence diminua à partir de 1931, même si Jackson continua de peindre dans l'esprit du groupe bien après cette date.

Sequeira (Domingo Antonios)

Peintre portugais (Belém, Lisbonne, 1768  – Rome 1837).

Fils d'un pauvre marin, il suivit en 1781 les cours de la toute nouvelle École royale de dessin puis s'initia à la peinture avec le décorateur Francisco de Setubal. Une pension royale, la protection du marquis de Marialva lui permirent de se former à Rome, où il fut l'élève de Cavalucci et de Corvi. Académicien de Saint-Luc en 1793, il exécuta entre autres à Rome deux œuvres de commande : l'Allégorie de la Casa Pia de Lisbonne (Lisbonne, M. A. A., esquisse au Louvre, et le Miracle d'Ourique (Eu, musée Louis-Philippe), où une certaine fougue se mêle à l'académisme de la composition. Rentré à Lisbonne en 1795 après avoir visité l'Italie du Nord, il subit de nombreuses désillusions malgré l'appui de l'Anglais Beckford. Entré par découragement à la chartreuse de Laveiras, il y demeura 4 ans avant d'en sortir pour être nommé premier peintre de la Cour en 1802 ; chargé de décorer le nouveau palais Royal d'Ajuda, travaillant à Mafra, il imagina alors plusieurs scènes historiques qu'on connaît par des esquisses et, en 1805, devint directeur de l'Académie de Porto. De retour à Lisbonne en 1808, il trouva la ville occupée par les Français et peignit une Allégorie à Junot protégeant la ville de Lisbonne (Porto, Museu Soares dos Reis, 1808), qui marquait son adhésion au romantisme naissant. Mis en prison, il fut libéré peu après mais s'installa à Porto, se consacrant au portrait (portrait du Baron de Quintela (1817), de la famille du Premier Vicomte de Santarem, 1817, Lisbonne, M.N.A.A.) et à des allégories marquant son repentir (Apothéose de Wellington, id.). Ses sentiments libéraux le firent par la suite adhérer à la révolution de 1820. Voulant peindre un grand ensemble représentant l'assemblée des Constituants, il fit des dessins, portraits d'une intense vitalité, de chacun des membres de l'assemblée (1821, id.). L'échec de la révolution entraîna son départ du Portugal en 1823. Il exposa alors au Salon de Paris de 1824 une composition (la Mort de Camoens, (disparue) dont l'allure romantique fut fort appréciée, mais l'ambiance esthétique de Paris ne lui convint guère et il s'installa à Rome. Il y peignit 4 compositions religieuses : l'Adoration des mages, la Crucifixion, etc. (Lisbonne, coll. Palmela) — testament pictural où l'intérêt qu'il montre pour les effets de lumière permet de le rattacher à la sensibilité du XVIIIe s.

Séraphine (Séraphine Louis, dite)
ou Séraphine Louis, dite Séraphine de Senlis

Peintre français (Arsy 1864  –Clermont, Oise, 1942).

Fille d'un horloger et d'une domestique de ferme, elle fut bergère avant de se rendre à Clermont pour y devenir femme de ménage. On ignore comment elle apprit à peindre. Les tableaux de Séraphine, d'assez grand format, caractérisés par la richesse d'une pâte translucide, homogène, mélangée de laque, semblable à de l'émail, ainsi que par un éclatant coloris, sont des compositions florales, tout à la fois réalistes et imaginaires : corolles métamorphosées en coquillages, feuillages parsemés d'yeux humains ou d'animaux. Profondément dévote, l'artiste considérait ses œuvres comme des offrandes à la Sainte Vierge. Ce fut l'écrivain d'art Wilhelm Uhde qui, en 1912, découvrit Séraphine. Celle-ci est principalement représentée au M. N. A. M. de Paris, au musée de Senlis et au M. O. M. A. de New York. Elle a fini ses jours à l'hôpital psychiatrique où elle avait été admise en 1934.

sérigraphie

Procédé de l'estampe utilisant des écrans de soie inégalement imperméabilisés et interposés entre le papier et l'encre (c'est en quelque sorte une extension du pochoir).

   La sérigraphie en couleurs est tirée au repérage à l'aide de plusieurs écrans. Les écrans peuvent être préparés à la main par l'artiste lui-même, ou grâce à un procédé photochimique, qui permet d'utiliser la sérigraphie pour la reproduction. Les artistes eux-mêmes peuvent se servir d'écrans préparés par procédés photochimiques pour exécuter des sérigraphies originales ; un praticien travaille alors sur les indications directes de l'artiste. C'est la méthode pratiquée par Kitaj, Andy Warhol et, à leur suite, de très nombreux artistes.

Sernesi (Raffaelo)

Peintre italien (Florence 1838  – Bolzano 1866).

Il s'inscrit en 1856 à l'Académie de Florence et suit les cours d'Antonio Ciseri, mais se consacre essentiellement, jusqu'en 1859, à la gravure de médailles. Ses nombreux dessins témoignent de son intérêt pour l'art du quattrocento (Étude de costumes, Rome, G. A. M.). Parallèlement à l'Impressionnisme français, Fattori, Borrani, Lega et Sernesi découvrent, au cours de l'été 1861, la technique de la " macchia ", influencés surtout par les essais d'Ancona (Toits au soleil, 1861, Rome, G. A. M.). En 1862, lors d'une exposition à Florence, le groupe prend le nom de " Macchiaioli " (tachistes) et se réunit au café Michel-Ange pour parler des peintres de Barbizon (Hommes dans un bois, 1865). Sernesi peint dans la campagne avec Cabianca et séjourne en 1861 avec Borrani à San Marcello-Pistoiese (Pâturages en montagne, v. 1861-62). Caractère inquiet et idéaliste, il partage avec Signorini, son ami intime, les mêmes idéaux politiques et esthétiques. Très liés avec le Français Desboutin (futur ami des impressionnistes), les deux hommes résident souvent dans sa villa de l'Ombrellino à Bellosguardo (Collines florentines, 1865, Florence, G. A. M.). En 1863, Sernesi est reçu par le critique Diego Martelli à Castiglioncello (les Blés murs, 1863). L'année suivante, il expose à la " Promotrice " de Florence les toiles exécutées durant son séjour ; le Retour du marché (1860-1863) illustre le mieux la pleine maturité artistique de l'artiste, qui adhère alors avec passion à l'idée de libération de l'expression picturale par la recherche de l'émotion colorée immédiate (Il Lago Trasimeno, v. 1865). L'œuvre de Sernesi se trouve, en grande partie, à Florence (G. A. M.) et à Rome (G. A. M.).