Weenix (Jan Baptist)
Peintre néerlandais (Amsterdam 1621 – Huister Mey, près d'Utrecht, 1663).
Toute sa formation fut soumise à la culture italienne : d'abord son apprentissage dans les ateliers italianisants d'Utrecht, chez A. Bloemaert, et dans ceux d'Amsterdam, chez N. Moeyaert, puis son voyage romain (début de 1642 à 1647), où il eut beaucoup de succès, recevant du cardinal Pamphili, le futur pape Innocent X, de nombreuses commandes ; et, à son retour en 1649, ses relations avec les membres de la gilde d'Utrecht (Poelenburgh et Jan Both). Outre ses nombreux paysages, Weenix qui peignait vite et beaucoup, se spécialisa dans les tableaux de gibier, qui témoignent d'une tendance décorative voisine de celles de Flamands comme Snyders (Londres, N. G. ; Mauritshuis ; Rijksmuseum ; Detroit, Inst. of Arts ; Hartford, Wadsworth Atheneum), mais des recherches de datation très précises amènent à redonner à son fils Jan nombre de ceux-ci, ainsi que certains paysages comme la Partie de plaisir (1667, Paris, Petit Palais) ou le Couple dans une barque du Louvre.
Si Weenix se situe dans la lignée des paysagistes italianisants (Both, Asselijn), lui seul accorde une telle importance aux scènes bouffonnes ou populaires, qu'il place au premier plan sur un élément de paysage, inaugurant ainsi un genre à mi-chemin entre la bambochade et le paysage proprement dit : Paysage italien et ruines (Detroit, Inst. of Arts), Campagne romaine (Hartford, Wadsworth Atheneum), Mère et enfant dans des ruines italiennes (musée de Kassel), Ruines classiques au bord de la mer (Londres, Wallace Coll.), Départ d'une troupe orientale (Louvre). Des ruines romaines encombrent volontiers ses paysages et ses vues de ports italiens, se combinant avec la scène du premier plan grâce à leur réelle qualité plastique, le jeu de la lumière et les riches accords chromatiques : Paysage avec ruines (musée d'Utrecht ; Ermitage), Bergers et troupeau (musée de Bâle). Son œuvre atteint à des sommets dans la dernière décennie de sa vie.
L'œuvre de son fils Jan (Amsterdam 1642 [ ?] – id. 1719) ne se distingue de la sienne que par la datation, et bien des tableaux attribués au père doivent être restitués au fils. En effet, tous deux peignirent les mêmes paysages ou vues de ports d'Italie, les mêmes tableaux de gibier. Parfois seulement, Jan utilise une gamme plus chaude, un clair-obscur plus coloré. Jan, qui fut peut-être aussi élève de son oncle Gysbert d'Hondecoeter, résida quatre ans à Utrecht (1664-1668), puis à Amsterdam. De 1702 à 1712, l'Électeur palatin Johann Wilhelm de Düsseldorf lui commanda un cycle de 12 tableaux de chasse pour le château de Bensberg (musée d'Augsbourg, Munich [Alte Pin.] et château de Schleissheim). À Amsterdam, Weenix décora de la même façon plusieurs maisons. Il est représenté au Rijksmuseum, au Mauritshuis, à l'Ermitage, au Louvre et aux musées d'Anvers, de Brest, Bruxelles (M. R. B. A.), Caen, Cambridge (Fitzwilliam Museum), Kassel, Chambéry, Copenhague (S. M. f. K.), Douai, Dresde (Gg), Haarlem, Hambourg (Kunsthalle), Karlsruhe, Montpellier, Nîmes, Rotterdam (B. V. B.), Strasbourg, ainsi qu'à la Wallace Coll. de Londres par une série de 16 tableaux.
Wegman (William)
Artiste américain (Holyoke 1943).
Repérables entre toutes depuis les années 70, les photographies et les vidéos de William Wegman s'attachent à travestir les chiens successifs de l'artiste (Man Ray puis Fay Ray) dans des saynètes pour lesquelles ils adoptent, entre docilité et soumission, les poses et les attitudes humaines. Prêtant à rire, dans un premier temps, ces mises en scène relèvent d'un comique de situation à mi-chemin entre le burlesque (genre développé par le mime et le cinéma des années 20) et la fable moraliste à la façon de La Fontaine. Mais la systématisation de ces farces engendre un univers où le banal, subvertissant le quotidien, fait glisser l'œuvre de Wegman vers une vision pessimiste et tragique de l'humanité, critique acerbe de l'homme se figurant au cœur de la création (Ray + Mrs Ludner in Bed, 1981). En 1985, alors que le raz de marée de la nouvelle peinture commençait à refluer, Wegman, adoptant une esthétique vieillotte et précieuse, se fait peintre d'un monde tel qu'on peut le trouver dans l'imaginaire enfantin. Ces toiles, d'aspect kitsch et naïf, inspirées d'ouvrages encyclopédiques destinés à la jeunesse des années 50, donnent à voir, dans un espace frontal, des architectures synthétisant différents styles, époques et civilisations (Gothic, Romanesque, Medieval, etc., 1988). Nonobstant leur apparence doucereuse, les œuvres de Wegman, suggérant le monde comme " un catalogue de possibilités multiples ", induisent, au même titre que ses photographies, une inquiétude sous-jacente. Le travail de William Wegman, facétieux, cruel et mélancolique, parce qu'il relève de la mise en scène et du spectacle, fut déterminant au début des années 80 pour des artistes tels que Cindy Sherman, David Salle, Clegg et Guttmann. Une exposition a été consacrée à l'artiste en 1991 (Paris, M. N. A. M.).
Weie (Edvard)
Peintre danois (Copenhague 1879 – id. 1943).
Élève de Zahrtmann, il voyage en Italie (1907). Après des débuts dans le sillage du Réalisme intimiste, il acquit un style personnel, coloré et simplificateur, analogue à celui des premières années de l'Expressionnisme allemand (Dame au parasol, 1917, Copenhague, N. C. G.). L'influence du peintre suédois Karl Isakson, habitant à Copenhague, devait le conduire v. 1922 à une peinture fondée exclusivement sur des plans de couleurs pures (Nature morte aux oranges, 1922, Copenhague, S. M. f. K. ; Chemin entre les arbres, 1932, id.). En 1924, à Paris, le Dante et Virgile de Delacroix lui inspira des paraphrases monumentales, qui sont parmi ses chefs-d'œuvre (versions à Oslo, Ng, et à Stockholm, Nm). Pendant toute sa vie, Weie exécuta des grandes compositions aux thèmes romantiques et visionnaires (Poséidon, 1917 ; Fantaisie romantique, 1922 ; Deux Génies, 1922 ; Faune et nymphe, 1940-41, tous à Copenhague, S. M. f. K.). Il eut une importante activité littéraire sur des problèmes esthétiques. Weie est représenté au S. M. f. K. de Copenhague, dans plusieurs musées de province du Danemark, à Stockholm (N. G.), aux musées de Malmö et de Göteborg, et à Oslo (Ng).