Rodríguez de Guzmán (Manuel)
Peintre espagnol (Séville 1818 – Madrid 1867).
Élève à l'école des Beaux-Arts de Séville, il acquit de son maître José Becquer la passion de la peinture " costumbriste ". Sa facilité de composition et la vivacité de sa palette lui attirent, avec des œuvres de petite envergure, le succès qui l'incite à s'installer à Madrid en 1854. Membre actif, avec Esquivel, de la Société protectrice des beaux-arts, il entreprend des œuvres de plus grand format, rappelant les grands moments de la vie sévillane (Feria de Sevilla, présentée à l'Exposition universelle de 1855 à Paris et Procesión del Rocío, Palacio Real de Riofrio, Ségovie). La Feria de Santiponce (Madrid, Caśon) et La Virgen del Puerto (Madrid, Museo Romántico) font partie de la commande inachevée d'une série sur les fêtes, foires et pèlerinages espagnols par Isabelle II. Avec leur dessin minutieux, la vibration de la palette et les effets de luminosité, ces œuvres caractérisent bien son style. Il réalisa aussi des scènes tauromachiques, quelques peintures religieuses liées à la scène de genre (Baptême, Confession, coll. Muñoz, Madrid) ; parmi ses quelques portraits se détache celui d'Eugénie de Montijo (Madrid, coll. duc d'Albe).
Rodtchenko (Alexandre Mikhaïlovitch)
Peintre, sculpteur, designer et photographe russe (Saint-Pétersbourg 1891 – Moscou 1956).
Il fit ses études à l'Académie de Kazan. Plutôt issu de l'Art nouveau, Rodtchenko parvient à l'Abstraction en 1915. Ses premiers travaux intéressants, influencés par Malévitch et Tatline, datent de 1917. Après avoir exécuté des dessins au compas et à la règle, il peint des tableaux aux formes noires sur fonds noirs qui sont une réponse aux œuvres blanches de Malévitch (Noir sur noir, 1918, Moscou, gal. Tretiakov). Tout en affirmant la " primauté de la ligne " dans des œuvres composées avec des réseaux de droites et de cercles (Construction avec lignes, 1919, Genève, musée d'Art et d'Histoire), il montre d'autre part, à l'exposition 5 x 5 = 25 (Moscou, 1921), un triptyque composé de trois panneaux monochromes : Couleurs pures : rouge, jaune, bleu (1921 Moscou, famille de l'artiste) qui illustre déjà la tendance au " dernier tableau " que l'on rencontre dans son œuvre. Avec Tatline, Popova et Lissitsky, il est alors le principal représentant du Constructivisme. Ses premières sculptures, en 1918, composées de formes géométriques blanches d'inspiration encore suprématiste (Construction spatiale, disparue), aboutissent en 1920-21 aux recherches sur les modules. À l'exposition de l'Obmokhou (Moscou, 1921), il présente des Constructions suspendues (disparues) faites à partir de cercles et de polygones concentriques. Professeur aux Vhutemas, il dirige la classe de traitement du bois et du métal. Il commence en 1921 à s'occuper d'arts appliqués, à réaliser des " produits " qui peuvent être utiles dans la vie courante. Lié avec le théoricien Alexei Gan et le poète Maïakovski, il est alors le chef de file du " Productivisme ", tendance radicale du Constructivisme. Il cesse de peindre pour se consacrer à la photographie, à la typographie, à la réalisation d'affiches, de décors de théâtre, d'illustrations (photomontage de De ceci de Maïakovski, 1923), de prototypes de vêtements même, de mobilier et d'objets utilitaires. Cette activité trouve une illustration exemplaire avec la réalisation du " Club ouvrier ", qu'il aménage à l'exposition des Arts décoratifs, à Paris, en 1925. Une rétrospective de son œuvre a été organisée en 1982-83 en Allemagne (Duisburg, Wilhelm-Lehmbruck Museum et Baden-Baden Kunsthalle). Une exposition " Alexandre Rodtchenko, Varvara Steparova " a été présentée (Vienne, musée des Arts décoratifs) en 1991.
Roehl (Karl-Peter)
Peintre allemand (Kiel 1890 – id. 1975).
Karl-Peter Roehl a étudié à Kiel, à Berlin et à Weimar de 1909 à 1911 et se retrouve soldat pendant la guerre. En 1919, il s'inscrit comme étudiant au Bauhaus de Weimar. Très marqué par l'Expressionnisme, Karl-Peter Roehl a l'occasion d'exécuter le premier signet du Bauhaus, dont l'esthétique est influencée par les sceaux du Moyen Âge. En 1922, il suit le Stijl-Kursus que donne Théo Van Doesburg en marge du Bauhaus et sera avec Werner Gräff l'un des premiers disciples de l'artiste néerlandais en Allemagne, comme le montrent ses tableaux (aujourd'hui perdus) qui sont accrochés dans son atelier de Weimar en 1922. Il participe au Congrès des artistes constructivistes-dadaïstes qui se tient à Weimar cette année-là. Karl-Peter Roehl s'intéressera en outre à la typographie et à l'application de ses recherches picturales dans le domaine de la publicité. De 1926 à 1943, il sera professeur au Städelsches Kunstinstitut de Francfort. Après la guerre, il abandonnera la peinture construite pour se tourner vers l'abstraction gestuelle.
Roehr (Peter)
Peintre allemand (Lauenburg 1944 –Francfort 1968).
Mort prématurément, Peter Roehr laisse quelque 600 œuvres couvrant la période de 1962 à 1967. Toutes procèdent du même principe : le montage et la répétition en série. Ce sont d'abord des mots ou des chiffres identiques tapés à la machine sur une feuille de papier, puis en 1964 des tableaux constitués de la même image répétée systématiquement (visage féminin, paysage vu à travers un pare-brise) et découpée dans des magazines. Peter Roehr utilisera aussi des éléments réels, tels que des étiquettes ou des ardoises d'écolier, dont la répétition, l'accumulation offre une structure neutre et abstraite, proche de l'art minimal. Peter Roehr est représenté dans les musées allemands ainsi qu'au musée de Grenoble.
Roelas (Juan de)
Peintre espagnol (Séville v. 1560 – Olivares 1625).
Formé peut-être en Italie (sans qu'aucun document en apporte explicitement la preuve), il apparaît en tout cas comme l'artiste sévillan qui marque le passage du Romanisme du XVIe s. à un Naturalisme baroque résolument novateur. Les premières données certaines sur son compte le font apparaître en Castille : en 1598, il est à Valladolid, collaborant au monument funéraire érigé après la mort de Philippe II. Puis il entre dans les ordres et, dès 1603, obtient une prébende à Olivares, aux environs de Séville.
Désormais, c'est à Séville qu'il peint de grands tableaux d'autel : la Circoncision pour le retable de l'église des Jésuites (auj. de l'université) en 1604, en 1609 le Saint Jacques à cheval chargeant les Maures pour une chapelle de la cathédrale, le Martyre de saint André (musée de Séville), et en 1613 la Mort de saint Isidore (Séville, S. Isidoro), parmi une assemblée de clercs qui offre une véritable galerie de portraits et qui est peut-être son chef-d'œuvre. Nommé chapelain royal en 1614, il se rend à Madrid en 1616, sans obtenir, malgré les éloges accordés à sa vertu et à ses talents, la place de peintre du roi, à laquelle il aspire. Les dernières années de sa vie sont très mal connues : en 1621, nommé chanoine de la collégiale d'Olivares, il y meurt.
Son style offre des affinités certaines avec la peinture vénitienne, notamment avec celle de Véronèse et de Tintoret. Il se distingue par l'éclat moelleux de la couleur, par la noblesse paisible et le sens vibrant de la réalité quotidienne ; on en trouve la preuve aussi bien dans le " bassanisme " de la Nativité aux Jésuites de Séville que dans la peinture des bourreaux et comparses à la Véronèse du Martyre de saint André, ou dans celle des accessoires familiers de l'Éducation de la Vierge (musée de Séville) : " le panier à ouvrage et les jouets ", " le chien et le chat sous la table ", dont Pacheco blâmait la vulgarité. C'est peut-être aussi à Roelas qu'on doit la généralisation d'un type de tableau d'autel " à grand orchestre " avec deux registres superposés, terrestre et céleste, qui a son origine à Séville et qui fera fortune en Andalousie. Par contre, la technique souple et rompue de Juan de Roelas n'eut pas d'influence immédiate dans la région.