Doesburg (Théo Küpper, dit Théo Van)
Peintre, architecte et écrivain néerlandais (Utrecht 1883 – Davos, Suisse, 1931).
Il fut le principal animateur du groupe De Stijl. Par son activité débordante, Van Doesburg échappe aux classifications. Dès 1899, il s'adonne à la peinture, et sa première exposition a lieu à La Haye en 1908. En 1913, il publie un recueil de poèmes et écrit une série d'articles consacrés à l'avant-garde européenne. À la suite d'un texte sur Mondrian (1915), il fait la connaissance de ce dernier. Entre 1916 et 1919, Van Doesburg brûle les étapes de la Figuration à l'Abstraction (Abstraction des joueurs de cartes, 1917, La Haye, Gemeentemuseum). De l'échange d'idées entre lui et Mondrian, et sur son initiative, naît, en 1917, la revue De Stijl, porte-parole du groupe du même nom et à l'esthétique duquel il restera d'abord fidèle (Rythme d'une danse russe, 1918, New York, M. O. M. A.). Le rôle de premier plan que joue De Stijl dans la diffusion des formes nouvelles est entièrement dû à Van Doesburg. La fusion de la peinture et de l'architecture est un rêve qui le hante depuis longtemps, et, dans le cadre de De Stijl, il en sera le plus brillant propagateur. En 1921, il entreprend une série de conférences en Allemagne et en Europe centrale et publie à Paris Classique, Baroque, Moderne. Son séjour au Bauhaus restera mémorable. La surabondance de ses dons fera tomber Van Doesburg dans la versatilité. En 1922, il ajoutera à De Stijl la publication d'une nouvelle revue, Mecano, de tendance dada, qui provoque la dissolution du groupe De Stijl ainsi que la rupture entre lui et Mondrian. En 1924, il publie en Allemagne un ouvrage où il expose ses idées (Grundbegriffe der neuen gestaltenden Kunst [Principes fondamentaux des nouvelles formes]). En 1926, il rédige le Manifeste élémentariste, où il rejette le principe de la relation orthogonale unique, qui était la base esthétique de De Stijl (Contre-composition, 1924, Amsterdam, Stedelijk Museum ; Triangles, 1928, Venise, coll. Peggy Guggenheim). Trois ans plus tard, il crée à Paris, avec les peintres Hélion et Tutundjan, le Suédois Carlsund, une nouvelle revue, Art concret. En même temps, à Meudon, il trace les plans de sa propre maison, qui ne sera terminée qu'après sa mort. En 1928, Van Doesburg a réalisé sa principale œuvre : la décoration de la brasserie l'Aubette, à Strasbourg, en collaboration avec Jean Arp et Sophie Taeuber-Arp. Cet aménagement (détruit et reconstitué en 1994) est un ensemble très représentatif du style des années 25. L'artiste est représenté à Amsterdam (Stedelijk Museum), et à La Haye (Gemeentemuseum), mais aussi à New York (M. O. M. A. et Guggenheim Museum), à Paris (M. N. A. M.) et à Grenoble.
Dokoupil (Jiri-Georg)
Artiste allemand (Bruntal, Tchécoslovaquie, 1954).
Il serait trompeur de réduire l'activité de Dokoupil à n'être que le reflet du retour à la figuration et au plaisir de peindre, caractéristique des années 80. Si cet élève de Hans Haacke et de Joseph Kosuth se pare, avec Walter Dahn, des alibis de l'Expressionnisme allemand, c'est dans le but, face à un conceptualisme académique, de faire de l'art conceptuel par d'autres moyens. Avec Hans Peter Adamski, Peter Bommels, Gérard Kever et Gerhard Naschburger, il fonde, à Cologne, le groupe Mülheimer Freiheit, organe d'une provocation dans la plus pure tradition punk. À l'instar de ce mouvement, la peinture de Dokoupil n'appartient à aucun genre. Du paysage romantique (Étude pour une nouvelle figure humaine III, 1982), de la sculpture faite avec des noms de firmes (O. M. O., 1986), au monochrome ou à la suie sur toile (Traffic, 1990), sa démarche renoue avec celle de Picabia ou avec celle de Richter, même s'il s'attache à déconstruire avec insolence l'acte de peindre (l'Atelier, 1984). Dans cet esprit, il adopte une attitude iconoclaste relevant non de la rétention, mais de la surenchère. Ainsi, afin d'en finir avec la notion de style, il tente de les investir tous, passant en revue les imageries de notre culture : le kitsch, l'expressionnisme, le rock... Dokoupil a participé à de nombreuses manifestations, dont l'exposition " Zeitgeist " au Martin-Gropius-Bau de Berlin et la Documenta 7 de Kassel en 1982. En 1989, H. Szeemann l'invita pour l'inauguration des Deichtorhallen de Hambourg, et une exposition a eu lieu à la Fundacion Caja de Pensiones (Madrid). La Gal. Rudolfinum à Prague lui a consacré une rétrospective en 1996.
Dolci (Carlo)
Peintre italien (Florence 1616 – id. 1686).
Très jeune, v. 1632, il débute avec des portraits naturalistes. Influencé ensuite par son maître, Jacopo Vignali (Fra Ainolfo dei Bardi, Florence, Pitti), il se consacre à une peinture religieuse d'inspiration pathétique. Il y paraît partagé entre de vagues intentions naturalistes et le souvenir du " beau idéal " du cinquecento toscan. À en juger par le nombre de répliques et les variantes de ses tableaux, ses œuvres les plus appréciées datent de cette époque (Adoration des mages, 1649, Londres, N. G., dont il existe d'autres versions). Ce sont aussi celles qui témoignent le plus d'un piétisme facile et conventionnel (Saint André adorant sa croix, 1646, Florence, Pitti). Aux environs de 1650, Dolci s'oriente vers une nouvelle manière, compacte et brillante, avec des subtilités et une précision qui reflètent le goût flamand et hollandais, introduit à la Cour toscane par l'œuvre d'artistes comme Jan Van Mieris. Tout en continuant, sauf en de rares exceptions, à traiter des sujets sacrés et en retombant souvent dans la représentation extatique de saints et de saintes, il met l'accent sur les détails du décor, les meubles, les étoffes, sur la matière des choses, obtenant de très beaux effets d'animation figurative, renforcés encore par un choix raffiné des couleurs (Sainte Cécile, Ermitage ; Salomé, Glasgow, Art Gal. ; Dresde, Gg ; Vision de saint Louis de Toulouse, Florence, Pitti). S'il fut contraint de faire certaines concessions à ses acheteurs dévots — parmi lesquels le grand-duc Cosme III —, qui lui assuraient de substantiels revenus, sa vitalité et son originalité restèrent malgré tout remarquables jusque v. 1675, lorsque l'artiste effectue un voyage en Autriche. À cette époque, son caractère ombrageux et mélancolique s'aggravant avec les années, il se replie sur lui-même et ne peint presque plus. L'arrivée à Florence, en 1682, du Napolitain Luca Giordano, rayonnant de gloire et de joie de vivre, le trouble alors au point de le conduire à la mort.