Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Zorio (Gilberto)

Artiste italien (Andorno Micca 1944).

Zorio participe à la fin des années 60 au mouvement de l'Arte povera, né à Turin, aux côtés d'Anselmo, Calzolari, Kounellis, Merz, parmi les artistes les plus représentatifs de cette tendance qui, à travers l'usage des matériaux, est une expérience temporelle et active, inscrite dans l'ensemble des activités humaines. Ainsi, la notion d'énergie, non plus représentée, mais vécue dans une dimension physique, est au centre des travaux de Zorio. Les matériaux sont des véhicules à travers lesquels l'action a lieu. L'artiste crée plusieurs dispositifs pour " purifier la parole " : récipients en terre cuite ou tubes remplis d'alcool sont des agents médiateurs permettant à l'artiste et au spectateur d'émettre des sons. Les pièces de Zorio ne sont jamais achevées mais demandent que l'expérience entre l'œuvre et l'homme se renouvelle dans le temps. L'étoile percée de javelots, l'écriture de " Odio " réalisée à la hache sur le mur, la lumière électrique, le plomb, le cuivre, sont complémentaires des fluides, acide, alcool et eau, désignant implicitement l'œuvre comme un espace de transmutation, l'art comme recherche de l'essence. Structures en équilibre développées autour d'axes directionnels, les installations de Zorio expriment toujours une tension dans la mise en relation d'éléments qui, malgré leur apparente disparité, sont complémentaires.

   L'œuvre de Zorio a été présentée dans les grandes expositions de l'Arte povera depuis 1967. Le Centre Georges-Pompidou lui a consacré une exposition personnelle en 1986.

Zorn (Anders)

Peintre et graveur suédois (Mora, Dalécarlie 1860  – Mora 1920).

D'origine modeste, il s'intéresse très tôt à la sculpture. Il étudie cette technique à l'Académie des beaux-arts de Stockholm, de 1879 à 1881, puis se décide à se lancer dans la peinture. En 1881-82, il voyage en Espagne, à Paris, expose à Londres à la Royal Academy et au Royal Institute of Painters in Water Colour de 1882 à 1884 et se rend de nouveau en Italie, en Afrique du Nord, en Hongrie, en Espagne (où il s'inspire de Velázquez). Jusqu'aux environs de 1888, il pratique presque exclusivement l'aquarelle, suivant la technique anglaise, et manifeste sa virtuosité dans ses portraits, ses paysages et ses scènes de genre. Il se montre particulièrement habile à rendre les effets mouvants de l'eau : Sur le Bosphore (1886, Mora, musée Zorn), Clapotis (1887, Copenhague, S. M. I. K.). De 1888 à 1896, il vit à Paris, où il peint à l'huile. Les larges touches fluides d'une palette restreinte campent des formes sommaires, mais d'une claire plasticité. Scènes de genre et portraits se distinguent par la vivacité des jeux de lumière et par l'instantané de la pose, d'où toute convention a disparu : Effet de nuit (1895, Göteborg, Konstmuseum), Portrait de Coquelin cadet (1889). Les nus aux formes généreuses, placés dans des paysages typiques, sont aussi à l'époque très appréciés : Ute (1888, musée de Malmö). À partir de 1888, il expose au Salon de la Société des artistes français, à l'Exposition universelle de Paris en 1889 et 1900, à la Société nationale des beaux-arts (dont il est membre) à partir de 1890. Devant son succès croissant, il choisit de s'installer à Mora en 1896, mais conserve son atelier à Stockholm et continue ses incessants voyages (États-Unis, Angleterre, France). Il adopte alors une manière plus décorative en cherchant les contrastes colorés : types et scènes folkloriques (Danse de la Saint-Jean, 1897, Stockholm, Nm), intérieurs et paysages avec nus, portraits dont le brio masque souvent une certaine faiblesse d'interprétation. Zorn a en outre renouvelé la gravure suédoise. À partir de 1882, il met au point une technique d'une grande maîtrise, où les hachures, plus ou moins serrées, offrent des effets de valeur richement contrastés. S'inspirant de Rembrandt, dont il collectionne planches et croquis, il laisse des portraits de personnalités célèbres, dont il saisit l'expression dans la mobilité : Renan (1892, Genève, musée d'Art et d'Histoire, cabinet des Estampes), le Collectionneur Marquand (1893), Carl Larsson (1897), Rodin (1906, id.). Son œuvre de sculpteur, plus restreint, s'inspire de Rodin et des artistes nordiques. Il a légué ses collections et ses propres œuvres au musée Zorn de Mora. Il est particulièrement bien représenté à Stockholm (Nm et Thielska Gallerie), à Copenhague (S. M. I. K.), à Berlin (N. G.) et à Hambourg (Kunsthalle), mais aussi en Italie et aux États-Unis. Le musée d'Orsay (Paris) conserve le Portrait d'Alfred Bourdeley (1906). Ce dernier a fait don de sa collection de gravures de l'artiste à la Bibliothèque nationale de Paris, qui lui a consacré une exposition en 1952. Zorn a également eu les honneurs d'importantes rétrospectives : en 1958 à Düsseldorf (Kunstmuseum), en 1960 à Stockholm (Nm) et en 1979 à Lawrence (Spencer Museum of Art, université de Kansas).

Zuccarelli (Francesco)

Peintre italien (Pitigliano, Toscane, 1702  – Florence 1778).

Bien que né en Toscane, Zuccarelli appartient à l'école vénitienne puisqu'il travailla presque toute sa vie à Venise. Après avoir étudié la peinture d'histoire à Rome, chez Pietro Nelli, disciple de Pietro da Cortona, il poursuit ses études à Florence avec le peintre paysagiste Paolo Aresi et arrive à Venise en 1732. Vite célèbre, il est fréquemment appelé à Bergame pour des commandes ; puis, grâce à ses relations avec J. Smith, consul d'Angleterre à Venise, il part pour Londres, où il restera de 1752 à 1762 et, une seconde fois, de 1765 à 1771. Il fut en 1768 l'un des fondateurs de la Royal Academy. Comparés à ceux de Marco Ricci (qui dut l'influencer) et à ceux de Zaïs (qui le suivit), ses paysages révèlent un goût plus arcadique et idéalisant, une vision sereine et optimiste de la nature, interprétée sur le mode idyllique, avec un souci de la grâce qui se manifeste dans l'amabilité de ses sujets pastoraux. Surtout à la fin de sa vie, et peut-être sous l'influence de Canaletto, le peintre donne à ses mises en page une véritable ampleur spatiale. De son vivant même, Zuccarelli eut une célébrité immense, tant à Venise qu'en Angleterre, où le public apprécia ses œuvres. De son abondante production, citons : la belle série de toiles de l'Accademia de Venise, celle de l'Accademia Carrara de Bergame ; les paysages de la coll. Borromeo à Isola Bella ; deux Paysages de fantaisie (en collaboration avec Antonio Visentini pour les architectures) à Windsor Castle. L'artiste est bien représenté dans les musées anglais (à Glasgow, Londres, Oxford, Cambridge), mais une partie de ses œuvres appartiennent encore à des coll. part.