Colantonio
Peintre italien (actif à Naples entre 1445 et 1465).
Expérimenteur de talent plus qu'ardent créateur, Colantonio représente toutefois la personnalité la plus importante de la peinture napolitaine du XVe s. et celle qui révèle le mieux les caractères culturels de ce foyer artistique.
Si, selon une opinion trop facilement admise, son seul mérite parut longtemps d'avoir été le maître du jeune Antonello de Messine av. 1640, il faut souligner que son rôle fut surtout de coordonner et d'unifier les diverses expériences (ibéro-méditerranéennes, flamandes et provençales) qui convergeaient à Naples ; dans ce contexte, il revient à Colantonio d'avoir largement contribué à débarrasser la culture locale de ses stériles expériences antérieures, qui étaient restées limitées au seul cadre provincial.
Son œuvre connue la plus ancienne est la grande Pala des Rocco, peinte pour l'église napolitaine S. Lorenzo. Aujourd'hui, les 2 plus grands panneaux, Saint Jérôme et Saint François remettant la règle à ses disciples, sont à Naples, au Capodimonte), tandis que, plus petits, les Saints des pilastres sont dispersés dans différentes coll. part. ainsi qu'à Florence (Fondazione Longhi), à Bologne (Museo civico, coll. Morandi). Saint Jérôme dans son cabinet de travail, œuvre monumentale, révèle une connaissance, probablement directe, de l'art du Barthélemy d'Eyck, de même que le tableau supérieur avec Saint François remettant la règle semble avoir été composé d'après des modèles de Fouquet. La Pala des Rocco peut être datée de 1445 env., époque à laquelle Fouquet est à Rome, d'où il aurait pu se rendre à Naples. Le second polyptyque de Colantonio, le Retable de saint Vincent Ferrier, pour l'église S. Pietro Martire, heureusement conservé dans son ensemble dans l'église d'origine, affirme une plus grande maturité. On peut le dater entre 1456 et 1465, en se fondant sur des documents précis. Il conserve des souvenirs espagnols de Jacomart Baço (qui avait séjourné à Naples, à la cour d'Alphonse d'Aragon, entre 1444 et 1451) et des réminiscences flamandes très marquées, surtout dans le soin apporté dans le rendu de l'atmosphère et du paysage ; mais on y observe un nouveau sens monumental des formes, surtout dans la mise en place solennelle et hiératique de la figure du saint, ainsi qu'un esprit nouveau auquel ne devait pas être étrangère une prise de conscience pécoce des innovations de l'art de Piero della Francesca. À côté de ces 2 polyptyques, on peut citer la grande Déposition de croix de San Domenico Maggiore et deux œuvres qui lui sont parfois attribuées : la petite Crucifixion (Madrid, fondation Thyssen-Bornemisza), le Portrait d'homme (musée de Cleveland).
Toute la peinture de l'Italie méridionale de la seconde moitié du XVe s. ressentit l'impulsion que lui donna Colantonio. Plus encore qu'Antonello de Messine, voué à une haute destinée et qui devint rapidement indépendant, et plus aussi que le Maître napolitain de San Severino e Sossio, forte personnalité qui ne tarda pas, elle aussi, à s'affranchir, quelques peintres très actifs à Naples, comme Angiolillo Arcuccio et surtout l'artiste qui signe du monogramme R. T. (grande " pala " de la Crucifixion à la congrégation napolitaine de la Disciplina della Croce), furent sensibles à son influence.
Cole (Thomas)
Peintre américain (Bolton-le-Moor, Lancashire, 1801 – Catskill, New York, 1848).
Sa famille émigra en 1819 d'Angleterre à Philadelphie, puis à Steubenville, dans l'Ohio. Cole travailla d'abord chez un graveur sur bois de Philadelphie ; ayant rejoint sa famille, il apprit ensuite les rudiments de la peinture auprès d'un portraitiste allemand nommé Stein. Vers 1822, il exécuta des portraits, sans grand succès, et travailla à quelques peintures religieuses. L'année suivante, il fréquenta la Pennsylvania Academy of Fine Arts de Philadelphie et eut sans doute connaissance, à ce moment, des paysages de Doughty et de Thomas Birch. Il s'établit peu après à New York (1825) et, après avoir effectué un voyage sur les bords de l'Hudson, exposa quelques peintures qui firent rapidement sa réputation ; Trumbull en acheta une et prévint William Dunlap et Asher B. Durand de sa découverte : ceux-ci firent immédiatement de même ; Cole était lancé et fut, en 1826, l'un des fondateurs de la National Academy of Design. De cette époque date le Dernier des Mohicans (1827, 2 versions : Hartford, Wadsworth Atheneum, et Cooperstown, New York State Historical Association), inspiré du roman de Fenimore Cooper, qui venait d'être publié. L'artiste fut dès lors tenu pour l'un des principaux paysagistes américains. En 1829, il s'embarqua pour l'Europe, où il resta jusqu'en 1832. Il exposa sans succès à Londres (Royal Academy et British Institution), visita Paris et l'Italie, séjournant longuement à Florence. Ce voyage eut une grande importance pour sa carrière. L'étude directe des maîtres anciens lui permit d'améliorer sa palette, et l'iconographie de ses tableaux se transforma. Outre de grands paysages panoramiques dans lesquels il se veut l'émule de Lorrain ou de Turner (The Oxbow [le Connecticut près de Northampton], 1836, Metropolitan Museum ; le Rêve de l'Arcadie, 1838, Saint Louis, City Art Museum), il exécuta des œuvres à sujets fantastiques (la Coupe de Titan, 1833, Metropolitan Museum) et philosophico-historiques (le Cours de l'Empire, 5 tableaux, 1836, New York, Historical Society, élaboré durant son voyage en Europe et commandité à son retour par le collectionneur new-yorkais Luman Reid ; le Voyage de la vie, première version, Utica, N. Y., Munson Williams-Proctor Institute, deuxième version, commandée par le banquier Samuel Ward, 1842, 4 tableaux, Washington, N. G. ; le Songe de l'architecte, 1840, Toledo, Ohio, Museum of Art).
Cole retourna en Europe en 1841-42 et voyagea en France, en Grèce, en Suisse et en Italie. Il en revint encore plus désireux de créer des peintures religieuses, se convertit et vécut jusqu'à la fin de sa vie dans l'isolement des Catskill. Il y projeta une nouvelle série, The Cross and the World, jamais achevée, et réalisa des toiles telles que la Vue d'un lac américain (1844, Detroit, Inst. of Arts), la Croix dans la solitude (1845, Louvre), la Vision (1848, New York, Brooklyn Museum). Ces dernières œuvres, qui correspondent à une redécouverte du paysage américain, illustrent les théories que Cole avait exprimées dès 1841 dans un écrit poétique, Lecture on American Scenery. Thomas Cole est le principal représentant du romantisme américain en même temps que, par ses élèves, tels A. B. Durand ou F. G. Church, le fondateur de l'Hudson River School, groupe qui réunira différents paysagistes du deuxième quart du XIXe s., aux États-Unis. Il est représenté principalement à New York (Metropolitan Museum et New York Historical Society) ainsi qu'à Washington, Baltimore, Chicago, Detroit, Hartford, Cleveland, Providence. Une exposition Thomas Cole a été présentée (Detroit, Institute of Arts) en 1996.