Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
B

bas de page

Zone peinte ou petits tableaux situés immédiatement après le texte, dans la partie inférieure de la page d'un manuscrit au Moyen Âge. Le bas de page est une bande horizontale qui constitue un cadre particulièrement apprécié des peintres enlumineurs, notamment aux XIIIe et XIVe s. Contrairement aux marges, qui présentent un cadre vertical étroit, les bas de page permettent de représenter, sans avoir recours à la perspective, une action à plusieurs personnages répartis sur un même plan (Chansonnier de Paris, v. 1280-1315, Montpellier, Fac. de médecine, ms. 196). Tentés de prendre possession de la page au détriment du texte, les peintres enlumineurs utilisaient tout l'espace qui leur était offert. Outre les peintures dites " de pleine page " et " de bas de page ", ils disposaient de plusieurs cadres dispersés dans les marges ou intercalés dans le texte : initiales historiées, vignettes, marges et bordures, bouts de ligne. Aux XVe et XVIe s., les bas de page sont de véritables petits tableaux.

Basaiti (Marco)

Peintre italien (mentionné à Venise entre 1496 et 1530).

Il termina la " pala " avec Saint Ambroise et des saints (Venise, église des Frari) laissée inachevée par son maître, Alvise Vivarini, en 1503. Dans ses premières œuvres, et plus encore dans ses deux grandes " pale " de 1510 et de 1516 (Vocation des fils de Zébédée et Prière au jardin des Oliviers, Venise, Accademia), l'influence de Bellini contribue à adoucir la plasticité précise et cristalline héritée du quattrocento. Sa personnalité le porte à se rapprocher naturellement de la manière de Cima de Conegliano, tandis que l'on constate l'assimilation des idées nouvelles et même celles de Giorgione dans le lyrisme dont il imprègne ses paysages (Madone, Washington, N. G.).

Baschenis (Evaristo)

Peintre italien (Bergame 1617  – id.  1677).

Originaire d'une famille de peintres active au XVIe s., il est l'un des meilleurs peintres italiens de natures mortes du XVIIe s. et le continuateur de la pure tradition de Caravage, son compatriote, à qui le lie également sa prédilection pour la représentation des instruments de musique, reflet certain de la renommée européenne que connurent, au XVIe et au XVIIe s., les luthiers crémonais et brescians. L'absence de datation rend difficile l'étude de sa carrière. Un seul de ses tableaux, Instruments de musique et livres (Merate, prov. de Côme, coll. part.), est daté (Venise, 1647), et l'on sait qu'au XVIIIe s. la bibliothèque de S. Giorgio Maggiore, à Venise, détenait huit de ses peintures. Parmi les rares œuvres à sujets non musicaux, les Cuisines qu'il peignit (Brera ; deux conservées à Mapello, coll. part.) ont des rapports évidents avec les " bodegones " espagnols. On peut encore citer l'Enfant aux pâtisseries (Bergame, coll. part.) et un Double Portrait avec des instruments de musique (id.), encore liés à l'école bresciane du XVIe s. L'Accad. Carrara de Bergame présente un ensemble significatif de son œuvre, qui figure également à la Brera. Le M. R. B. A. de Bruxelles et le B. V. B. de Rotterdam conservent de très belles natures mortes de Baschenis.

Baselitz (Hans-Georg Kern, dit Georg)

Artiste allemand (Deutschbaselitz, Saxe, 1938).

Après des études dans les écoles supérieures des arts plastiques et appliqués de Berlin Weissensee (1956-57) et de Berlin Charlottenburg (1957-1964), où il est l'élève de Hann Trier, il découvre les écrits de Lautréamont et d'Artaud, ainsi que la peinture expressionniste américaine (Pollock, De Kooning, Guston) et française (Wols, Fautrier). Mais, dès l'origine, sa peinture est à la recherche d'une nouvelle figuration, ainsi dans les têtes de Rayski. Sa production des années 60 met en œuvre des personnages, véritables écorchés, se détachant sur fond de nuit (la Grande Nuit dans le seau, Cologne, musée Ludwig) et une série de fragments de Pieds, 1963 (Schaffhausen, Hallen für neue Kunst) avant de développer, en 1965-66, le thème du " type nouveau ", sorte de rebelle, écologiste avant la lettre, de stature monumentale (les Grands Amis, Vienne, musée d'Art moderne), ainsi que des peintures de vaches ou de chiens. Baselitz poursuit des recherches successives sur l'importance du fait pictural par rapport au sujet : tableaux fracturés, entraînant la division du tableau en segments (Pieds de Kullenvo, 1967, Londres, coll. Saatchi), puis en fragments avec une structure de la peinture en taches (B für Larry, 1967, Londres, coll. Saatchi), avant de parvenir, à partir de 1969-70, à l'inversion du sujet qui permet à l'artiste et au spectateur de s'en détacher pour accorder une valeur primordiale aux éléments picturaux (l'Homme à l'arbre, 1969). Le sujet, même si apparaît à ce moment le thème de l'aigle, va de plus en plus perdre de son importance par rapport à la matière picturale qui prend une grande expressivité avec un maniement plus nerveux de la couleur et du pinceau, ainsi dans les nus (Elke V, 1976) ou dans Femme en démolition, 1978 (Eindhoven, Van Abbe Museum), dont l'écriture tourmentée met sur le même plan la figure et son environnement. À partir de 1975, il s'installe à Derneburg en Basse-Saxe. En 1977, Baselitz est nommé professeur à l'Académie des arts plastiques de Karlsruhe. En 1981, l'artiste revient à l'usage de couleurs vives, tels le rose ou le jaune, au moment où les figures redeviennent lisibles, même si les traits de pinceau sont très soulignés (série des mangeurs d'oranges et des buveurs, 1981). Dans des œuvres où les figures en pied sont prises dans un environnement quasi monochrome, la couleur en larges touches prend une valeur structurelle (le Groupe de la Brücke en chœur, 1983). Le caractère monumental des œuvres se retrouve dans les sculptures exécutées par Baselitz, figures massives largement taillées (Modèle pour une sculpture, présenté en 1980 à la Biennale de Venise). Les années 1985-86 marquent un retour au réel avec l'utilisation de souvenirs de Saxe (Pastorale la nuit — Pastorale le jour, 1985-86, Cologne, musée Ludwig) et d'un système de grille colorée sur le fond (1897, Rotterdam, B. V. B.). Dès 1963, Baselitz a aussi entrepris un œuvre gravé, utilisant tous les procédés et reprenant les thèmes de sa peinture (le Type nouveau, les animaux, les paysages), créant, en 1977, des linogravures monumentales. L'œuvre de Baselitz, bien représentée dans les musées allemands, est aussi présente en France (les Filles d'Olmo II, 1981, Paris, M. N. A. M. ; Trois Têtes avec escargot, 1966 ; Aigle, 1980, Strasbourg, M. A. M.). De 1983 à 1988, Baselitz est professeur à l'École supérieure des arts appliqués de Berlin. Il a participé aux Documenta 5, 6, 7 de Kassel et son œuvre a fait l'objet de rétrospectives en 1988. La Bibliothèque nationale, à Paris, a présenté son œuvre gravé en 1985. Une importante et nouvelle rétrospective a été consacrée à Baselitz (New York, Los Angeles, Washington, Berlin) en 1995-1996.