Paolini (Giulio)
Peintre italien (Gênes 1940).
En 1961, au XIIe prix Lissone à Turin, Paolini expose Disegno geometrico, petite toile blanche sur laquelle sont tracés les points de base d'un cercle. Cette épure du dessin préfigure le champ et les problèmes que l'artiste abordera dans son œuvre : les structures de la vision, ses modes d'objectivisation, le rôle de la mise en scène artistique. À partir de 1962, une série d'œuvres explore la place du tableau dans l'espace : toiles nues ou toiles encastrées les unes dans les autres présentant le " tableau comme image de lui-même ". Cette relativisation de l'espace-image s'exprime lors de sa première exposition personnelle (gal. La Salita, Rome, 1964), où des panneaux de bois sont posés sur des murs de matériaux identiques. À partir de 1965, la photographie, tout en offrant un degré d'objectivité, permet soit d'introduire un élément temporel dans l'œuvre (Diaphragme 8, où Paolini est photographié transportant une toile dans la rue), soit de bien marquer la dualité œuvre-artiste (Delfo, 1965, où l'artiste est photographié derrière le croisement d'un châssis).
En 1967, plusieurs œuvres (Una poesia, Qui) mettent l'accent sur la possible appropriation physique de l'espace de l'œuvre par le langage, menant à Primo appunto sul tempo (1968), où l'écriture devient mesure du temps. Cet intérêt porté aux modalités d'appropriation du temps amène Paolini à citer des œuvres du passé. Dans Jeune Homme qui regarde Lorenzo Lotto, Paolini explore le problème de la dualité entre l'auteur et le spectateur dans le phénomène de la vision, thème aussi traité dans une sorte de formule théorique de la représentation théâtrale, l'Apothéose d'Homère (1970). La recherche sur l'essence de l'art s'exprime au cours des années 70, dans le cadre d'un intérêt constant porté au " classicisme ", par une série de travaux sur le double et la copie : Early Dynastic, 1971, ou Mimesi, 1975-76 (musée de Mönchengladbach), où deux plâtres de Vénus identiques et se faisant face mettent l'accent sur l'ambiguïté de la copie et de la traduction de l'image classique en plâtre. Des problèmes similaires sont traités en 1972 dans Idem, succession de petites toiles variant de couleur, de disposition, de proportions, et en 1973 dans la Doublure, où vingt-huit toiles reproduisant la fiction perspective d'elles-mêmes mettent l'accent sur la valeur référentielle du tracé linéaire.
Paolini, dans des constructions picturales moins analytiques, mêle des références perspectives, iconographiques, artistiques ; ainsi dans Acte unique en trois tableaux (Studios Marconi, Milan, 1979), où, sur trois œuvres, Parnasse, De pictura, Liber Veritatis, un spectateur/acteur en toge désigne les lieux du cube projectif. Le morcellement de l'image (Cythère, 1983-89, photographie un collage sur verre), marqué par la fragmentation de sculptures (le Regard de la Méduse, 1981), semble maîtrisé dans une œuvre comme le Triomphe de la représentation (1983), où, à travers une projection de diapositives permettant la mise à distance de l'artiste et une neutralité des matériaux, l'objectivation de la réalité par les règles de la perspective est réalisée dans le cadre ambigu de la scène théâtrale, cette scène pour laquelle Paolini a réalisé divers décors (Bruto II, mis en scène par G. Rizzi, Turin, 1969) ou mises en scène (Platea, avec C. Quartucci, Castello Colonna, 1982). L'œuvre de Paolini est représentée dans de nombreuses collections publiques en France : Grenoble, musée (l'Indifférent, 1988), Paris, M. N. A. M. (Caryatide, 1980), F. R. A. C., Bourgogne et Nord-Pas-de-Calais, et à l'étranger : Amsterdam, Stedelijk museum ; Londres, Tate Gallery ; New York, M. O. M. A. ; Rivoli. Elle a fait l'objet de rétrospectives à Mönchengladbach (1977), Villeurbanne, Nouveau Musée (1984), Stuttgart, Staatsgalerie (1986). La Gal. Yvon Lambert, à Paris, a consacré une exposition à Paolini (l'Île enchantée) en 1996.
Paolini (Pietro) , dit il Lucchesino
Peintre italien (Lucques 1603 – id. 1681).
En raison d'un séjour très précoce à Rome, entre 1619 et 1632, il ne fut pas marqué par la tradition maniériste toscane et il put aborder directement l'étude de Caravage, dont il devint un adepte fervent. Bien qu'élève de Caroselli, il se forma sur les œuvres du grand maître du naturalisme en manifestant son talent surtout dans le portrait (toiles du musée d'Ajaccio, de la coll. Marchesi à Rome, du Vatican). Un voyage à Venise, entre 1632 et 1634, le mit au courant des expériences vénitiennes de la fin du XVIe s. ; mais, s'il fut sensible à Véronèse (Vierge parmi des saints, Lucques, P. N.), Paolini accueillit surtout les suggestions de peintres d'éducation caravagesque, comme Saraceni et Le Clerc (Massacre des généraux de Wallenstein, Lucques, Palazzo Orsetti). De retour à Lucques, il travailla en isolé et, insensible à la diffusion du baroque, il tenta plutôt de concilier ses tendances avec l'ancienne tradition locale (Trinité et saints, Lucques, église de la Trinité). Par manque de relations et d'encouragement, il finit par se replier sur lui-même et, à la fin de sa carrière, il ne dépassa pas le niveau d'un bon praticien.
Paolo da Brescia (Paolo Caylina, dit)
Peintre italien (Brescia v. 1420/1430 – ? fin du XVe siècle).
La seule œuvre certaine et datée est le polyptyque avec la Vierge et l'Enfant entre 4 saints provenant de l'église S. Albano à Mortara, datée 1458 (auj. à Turin, Gal. Sabauda). Encore liée au Gothique international malgré des essais ingénus de perspective, l'œuvre a cependant plus d'affinités avec l'école vénitienne ou padouane qu'avec l'école lombarde.
Paolo Fiammingo
ou Paolo dei Franceschi
ou Paul Franck
Peintre flamand (Anvers v. 1540– Venise 1596).
Maître à Anvers en 1561, il travailla, comme Toeput, pour les Fugger d'Augsbourg et exécuta à partir de 1580, pour Hans Fugger, une série de paysages décoratifs et d'allégories destinés au château de Kirchheim, en Souabe (Triomphe des Éléments, Allégories des Planètes, cycle des Amours), qui témoignent d'un Maniérisme d'esprit toscan mais sont à l'évidence de facture vénitienne.
Vers 1578-1580, Paolo Fiammingo se fixa à Venise. Il fut élève de Tintoret et exécuta sous sa direction, au palais des Doges, le Pape Alexandre III bénissant la flotte en 1196. L'artiste peignit quelques tableaux religieux (Pietà, Munich, Alte Pin.), mais il est surtout célèbre pour ses paysages (musée de Vicence, coll. part.) et sa Diane chasseresse (Nancy, musée des Beaux-Arts). Il inaugura dans des œuvres telles que le Paysage avec le roi Midas (Berlin) ou le Paysage avec Diane et ses nymphes un style où se mêlent le romanisme flamand et la tradition vénitienne et qui prélude admirablement aux paysages de jeunesse d'Annibal Carrache, dont l'interprétation romantique des paysages de la campagne bolonaise n'excluait pas le réalisme. Ce style de paysage décoratif, qui se rapproche de celui de Schiavone, devait rapidement se propager au nord des Alpes.