Morelli (Domenico)
Peintre italien (Naples 1826 – id. 1901).
Il est, avec Palizzi, un des représentants importants du vérisme italien. Formé à l'Académie de Naples, il est pensionnaire à Rome en 1848 et participe aux journées révolutionnaires. En 1850, il rencontre à Florence les Macchiaioli, dont il accueille avec enthousiasme l'engagement politique et artistique. En 1855, au cours d'un long voyage à travers l'Europe, il découvre, à Paris, Delacroix, Delaroche et Meissonier, modèles qui marquent durablement son œuvre dans son approche à la fois réaliste et historiciste de la peinture d'histoire. La couleur et la touche de Fortuny —qu'il rencontre en 1874— influencent, par la suite, sa peinture.
Il poursuit une carrière brillante. Dès 1855, son œuvre les Iconoclastes (Naples, Capodimonte) remporte un vif succès. Il expose à l'Exposition nationale de Florence en 1861. Son Tasse et Éléonore d'Este (1863, Rome, G. N. A. M.) obtient en 1867 une médaille au Salon, à Paris. En 1864, il reçoit la commande d'un décor pour la chapelle dell'Assunta du Palais royal de Naples. En 1870, il est nommé, avec P. Palizzi, professeur à l'Académie de Naples. Tout au long de sa carrière, il exécute les portraits de nombreuses personnalités de son pays (Garibaldi, 1860, Milan, G. A. M.).
Moret (Henry)
Peintre français (Cherbourg 1856 – Paris 1913).
Après des études artistiques menées simultanément aux Beaux-Arts, à Paris, en 1876, et chez Ernest Corroller à Lorient, il retourne définitivement peindre la mer en Bretagne : d'abord au Pouldu, dès 1881 ; mais il ne semble faire la connaissance de Gauguin et d'Émile Bernard qu'en 1888-89, lors de séjours à Pont-Aven (Paysage de Pont-Aven, vers 1889, Quimper, musée des Beaux-Arts). Gauguin juge sévèrement cet imitateur prudent. Si ses couleurs, d'ailleurs, et ses cernes sont bien d'un style symboliste, sa touche reste fragmentée. Curieusement, c'est après leur séparation que l'influence de Gauguin se fera le plus sentir, dans de belles toiles aux roses et ocres haussés : Île de Houat (1893), le Roulage au Pouldu ou la Prairie rose (1894), Vue de la rade de Lorient. À partir de 1895, sous l'influence du marchand Durand-Ruel, qui écoule ses toiles vers les États-Unis, il retourne à un style plus proche de Claude Monet, bien qu'avec des formes qui restent très architecturées, sous la touche désordonnée, et des verts acides. Il s'installe en 1896 à Doëlan (ou Doueland, Finistère) : Neige à Doëlan (1898, Genève, Petit Palais) ; la Houle de Pen-Men (1896), l'Île de Croix (1897), et en 1912 peint les côtes de la Manche. De passage à Paris en 1913, il est terrassé par la tuberculose. En 1983, la salle Drouot mettait en vente plus de deux cents dessins, fusains et aquarelles, et le musée de Pont-Aven lui a consacré une grande exposition rétrospective en 1988 ; le musée de Brest possède de nombreux croquis de lui.
Moretti (Cristoforo)
Peintre italien (province de Crémone, documenté de 1451 à 1485).
La première notice le concernant signale son activité pour les Borromeo, à Milan, en 1451-52. Des documents postérieurs le montrent engagé dans des travaux de décoration, ou faisant office d'arbitre dans des questions professionnelles, à Gênes (1457), de nouveau à Milan (1460), puis à Turin en 1464-65, à Casale, à Vercelli (1470) et encore à Milan (1472 et 1475). De ce peintre ne nous est parvenu que le triptyque reconstitué par R. Longhi, représentant la Vierge en majesté avec l'Enfant, entre saint Ginesio et saint Laurent (Milan, musée Poldi-Pezzoli), autrefois à l'église S. Aquilino, près de S. Lorenzo, à Milan. L'œuvre relève entièrement des modes du gothique international tardif et reflète l'influence de Michelino da Besozzo. Toutes les œuvres attribuées ultérieurement à ce peintre sont sujettes à discussion, qu'il s'agisse des panneaux avec la Vierge et des saints (Munich, Alte Pin.) et la Crucifixion du musée de Prague, du triptyque avec la Crucifixion, la Vierge et des saints (musée de Lille), de la Crucifixion des musées de Berlin ; ou du Saint Augustin de la coll. Noferi de Florence. Elles ont toutes en commun les caractères de la production lombarde et peuvent plus particulièrement se situer dans l'ambiance de Michelino da Besozzo (dernière période), de Moretti ou de Cietario.
Moretto da Brescia (Alessandro Bonvicino, dit)
Peintre italien (Brescia v. 1490/1495 – id. 1554).
Toute sa carrière se déroule dans sa ville natale, dont il reflète dans son art la position ambiguë, à mi-chemin entre la tradition lombarde de Foppa et le climat vénitien créé par Giorgione et le jeune Titien. En 1516, il se trouvait chez le peintre local Ferramola, dont il conserva le sens plastique. Dès cette époque, ses liens avec Romanino étaient solidement établis, puisque ce dernier l'aurait emmené avec lui à Padoue en 1513, lors de l'exécution du retable de S. Giustina. Un tableau récemment retrouvé, la Madone entourée de saints (1520, Belluno, S. Gregorio delle Alpi), reflète une connaissance directe de la peinture vénitienne. L'artiste devait d'ailleurs déjà jouir d'une notoriété importante en Vénétie. Néanmoins, ses premières œuvres évoquent toujours l'atmosphère lombarde et sont baignées d'une lumière poétique empruntée à Foppa (le Christ parmi les animaux, Metropolitan Museum ; le Christ et la Samaritaine, Bergame, Accad. Carrara). Une conception sereine, un réalisme foncier (des " morceaux " comme la nature morte du Repas chez Simon de l'église S. Maria Calchera de Brescia ou les assistants de la Chute de Simon Mage de l'église S. Cristo de Brescia ont été cités comme des antécédents au Caravagisme), une aspiration sensible vers un ordre classique l'éloignent de l'esprit tourmenté et du romantisme de Romanino, avec lequel il exécute la décoration de la chapelle du Sacrement à S. Giovanni Evangelista (achevée en 1524), exemple exceptionnel de la production picturale bresciane. Romanino avait transmis à Moretto son goût pour un coloris savoureux ; inversement, Moretto lui avait donné l'exemple de la stabilité des formes dans ses Prophètes. Dès lors, il se détache de son maître et introduit dans ses œuvres un climat plus serein, empreint d'un naturalisme authentique (Nativité, Brescia, Pin. Tosio-Martinengo).
Une monotonie certaine marque son œuvre. À ses grands retables, avec leur composition classique à deux étages, leurs fonds répétés de paysage et d'architecture, leurs types souvent repris, on a préféré les admirables portraits où l'artiste joue habilement des effets chatoyants des tissus et où il confère à ses nobles figures une expression de contemplation paisible (Portrait d'un ecclésiastique, Munich, Alte Pin. ; Portrait d'un vieil homme, v. 1565-1570, Bergame, Accad. Carrara) ; Portraits d'hommes (New York, Metr. Mus. ; Londres, N. G.). Comme portraitiste, il eut une grande influence sur son élève G. B. Moroni. Ses dernières œuvres sont consacrées au Christ de la Passion (Ecce Homo avec un ange, v. 1550-1554, Brescia. Pin.)
L'œuvre de Moretto est représentée avec abondance au musée de Brescia ainsi que dans les églises et les coll. part. de la ville et de la région. Parmi les peintures conservées hors de Brescia, on peut mentionner le bel ensemble de la N. G. de Londres et des œuvres maîtresses telles que la Mise au tombeau de la N. G. de Washington, le Christ à la colonne de Naples (Capodimonte), les volets d'orgue de l'église S. Maria in Valvendra de Lovere et la Sainte Justine avec un donateur du K. M. de Vienne, l'une des créations les plus poétiques de l'artiste. Le Louvre conserve deux volets d'un polyptyque (1534), Saint Bernardin de Sienne et saint Louis de Toulouse, saint Bonaventure et Saint Antoine de Padoue, dont le centre (Saint François) et d'autres panneaux se trouvent à la Brera. Une rétrospective a été consacrée à Moretto (Brescia) en 1988.