Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
L

Leroy (Eugène)

Peintre français (Tourcoing 1910-Wasquehal, Nord, 2000).

Leroy commence à exposer en 1937 dans la région lilloise à laquelle il restera fidèle. Peu concerné par l'avant-garde, il effectue, à partir des années 1930, de nombreux voyages en Europe, puis, dans les années 1970, aux États-Unis et en Russie afin de se confronter aux grands maîtres dans les musées. La manière dont il les regarde influe en effet sur son art : chez Rembrandt, Giotto ou Giorgione, c'est toujours l'énergie immanente à la peinture qui le fascine. Non articulée par des périodes stylistiques, ni figurative ni abstraite, sa création se réfère à des sujets traditionnels (marines, nus, paysages), mais c'est pour mieux les confondre en les enfouissant sous des strates cumulatives de matière. C'est par cet excès que peut sourdre ce mouvement qu'il nomme " lumière devant, lumière derrière " — espace de révélation (la Bleue, 1988, Paris, M. N. A. M.). Baselitz, un de ses collectionneurs, contribuera à sa consécration tardive : c'est seulement dans les années 1980 que sa peinture est reconnue. En 1988, une rétrospective lui est consacrée au Stedelijk Van Abbemuseum de Eindhoven et au M. A. M. de la Ville de Paris, puis une exposition (Nice, M. A. M.) en 1993.

Lessing (Carl Friedrich)

Peintre allemand (Breslau  1808  – Karlsruhe  1880).

Après s'être formé à l'Académie de Berlin avec Schinkel (1822), il suit W. von Schadow en 1826 à Düsseldorf. Il travaille aux fresques du château de Heltorf, démantelé (Histoire de l'empereur Barberousse, 1827-1850), et remporte ses plus grands succès avec une série de peintures sur la vie de Johann Huss, d'un puissant réalisme (Hussiten-predigt, 1836, musées de Berlin). Il a également peint des paysages d'une atmosphère prenante (le Lac de montagne, 1846, Münster, Westfälisches Landesmuseum). En 1848, il est cofondateur du Kunstlerverein de Düsseldorf et, de 1863 à 1866, il est nommé directeur de la Kunstschule de Karlsruhe. Les musées de Berlin, de Cologne, Francfort, Karlsruhe et Düsseldorf conservent principalement de ses œuvres, ainsi que l'Ermitage (Das trauernde Königspaar,1830) et le musée de Poznań (Paysage de forêt avec des chevaliers, 1836). Lessing est le peintre le plus représentatif de l'évolution de l'école de Düsseldorf des conceptions idéalistes et romantiques vers l'histoire et le réalisme, jusque dans l'alliance entre peinture d'histoire et genre historique.

Lethière (Guillaume Guillon, dit)

Peintre français (Sainte-Anne, Guadeloupe, 1760  – Paris 1832).

Chez son maître Doyen, il acquit le goût des grandes compositions animées, mais fut bientôt attiré par le néo-classicisme davidien. Second prix de Rome (1784), il resta quatre ans en Italie. Il obtint ses premiers succès aux Salons de 1795 et de 1801 avec les esquisses de deux immenses toiles réalisées plus tard en pendants, Brutus condamnant ses fils (1811, Louvre) et la Mort de Virginie (1828, id.), où il impose aux schémas poussinesques les rythmes de Doyen. Il passa deux ans en Espagne (1800-1802) pour aider Lucien Bonaparte, alors ambassadeur, à constituer sa collection de tableaux ; mais cette expérience de la peinture ibérique n'influença pas son style. Peintre d'histoire, Lethière reçut des commandes impériales, dont la Paix de Leoben (1805, Versailles), qui fut réalisée en tapisserie ; en 1822, il exécuta un Saint Louis visitant les pestiférés à Carthage (musée de Bordeaux). Ses paysages héroïques portent la même marque classique que tout son œuvre : Chasse de Didon (1819, musée d'Amiens), Œdipe sauvé par un berger (château de Compiègne), peint en collaboration avec Bidault. Succédant à Suvée, Lethière fut directeur de l'Académie de France à Rome de 1807 à 1816. Ingres, alors pensionnaire, dessina son portrait et ceux des membres de sa famille. À son retour, Lethière fut nommé professeur à l'Académie des beaux-arts (1818) et ouvrit une école qui fut un temps la rivale de celle de Gros, mais qui ne put résister à la poussée du romantisme, ce qui explique l'indifférence rencontrée par la Mort de Virginie au Salon de 1831.

Leu (les)

Peintres suisses.

 
Hans l'Ancien (actif de 1490 env. à 1510). Originaire d'une famille de Baden (Argovie), il s'établit à Zurich, où il fit son apprentissage vraisemblablement chez Peter Studer. Mentionné en 1492 dans les registres de la bourgeoisie, il figure régulièrement dès 1497 sur les comptes de la fabrique de la cathédrale et du Frauenmünster. Dix ans plus tard, son nom disparaît des actes officiels. L'authenticité des quelques œuvres qui sont attribuées à l'artiste est encore contestée. Il s'agit avant tout d'une Vue de la ville de Zurich (entre 1492 et 1510, Zurich, Schweizerisches Landesmuseum). Sans doute était-ce l'arrière-plan d'une scène religieuse dont les figures furent effacées à la Réforme, ce qui permit de compléter le paysage. Malgré les transformations dont elle a souffert et ses incontestables faiblesses techniques, cette œuvre demeure un document intéressant par le goût assez nouveau du pittoresque urbain et d'une nature fraîche et colorée. Hans l'Ancien est également l'auteur présumé du Portrait de Hans Schneeberger (1501, Zurich, Kunsthaus) et de deux volets d'un retable exécuté en 1506 (le Christ et les saints patrons de Zurich et Marie-Madeleine et Jean-Baptiste, Zurich, Schweizerisches Landesmuseum). Il est assimilé par certains historiens au Maître de l'Œillet ou à l'un de ses élèves directs, mais aucune preuve décisive n'est venue confirmer cette hypothèse.

 
Hans le jeune (Zurich v. 1490 – tué à la bataille de Gubel en 1531). Son fils ne fut distingué de son père, et considéré comme le représentant le plus remarquable du Gothique tardif zurichois, qu'en 1901 par Paul Ganz. Il parcourut l'Allemagne de 1507 à 1513 et très vraisemblablement travailla avec Dürer à Nuremberg et avec Hans Baldung à Fribourg-en-Brisgau. Dès 1514, il est actif à Zurich, et sa production est considérable malgré une vie désordonnée qui le conduit de champs de bataille en cours de justice. Le musée de Bâle abrite ses meilleures œuvres, dont le célèbre Orphée charmant les animaux (1519), le Paysage fantastique et la Passion du Christ (1522), ainsi que 4 gravures sur bois datées de 1516, dont Saint Georges combattant le dragon, et un grand nombre de dessins (Paysage). Parmi ces derniers, il importe de mentionner le Baptême du Christ (1513, British Museum) et le Saint Sébastien (1517, musée de Nuremberg). Si l'existence agitée de Hans le Jeune évoque celle d'Urs Graf ou celle de Niklaus Manuel, il ne fut pas comme eux peintre de batailles et de mœurs militaires. Ses thèmes, religieux ou mythologiques pour la plupart, sans être toujours d'une grande maîtrise d'exécution, sont remarquables par une interprétation pleine de poésie intime et mystérieuse non exempte de bizarrerie. Mais la grande originalité de Leu le Jeune réside dans ses paysages peints ou dessinés dès 1513. Comme Altdorfer ou Hirszchvogel, l'artiste imagine des sites fantastiques, enchevêtrements de montagnes déchiquetées et de sauvage végétation qui font de lui l'un des maîtres du paysage du XVIe s.