Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Freddie (Frederik Wilhelm Carlsen, dit Wilhelm)

Peintre danois (Copenhague 1909-id. 1995).

Après une période abstraite, il subit l'influence de Salvador Dali dans des toiles qui font scandale : Monument à la guerre (1936, musée de Silkeborg). Son exposition personnelle de 1937 à Copenhague s'intitule " Sex-surreal " : il y présente des " intérieurs sado-masochistes " et des " objets " comme Sex-paralysappeal et Portrait interne de Grace Moore (Copenhague, coll. part.). Le scandale est tel que la police ferme l'exposition, fait condamner l'artiste à dix jours de prison ferme et confisque ses œuvres, qui ne sont sorties du musée de Criminologie de Copenhague qu'en 1963, à la suite d'un procès difficile. Freddie ne peut participer à l'Exposition internationale du Surréalisme à Londres, en 1936, ses œuvres ayant été saisies à la frontière. Méditation sur l'amour anti-nazi (1937) lui vaut d'être interdit de séjour en Allemagne, et son exposition de 1940 à Copenhague, visitée par 20 000 spectateurs, est l'occasion de menaces de mort. L'artiste s'est réfugié en 1944 en Suède, où il a vécu jusqu'en 1950. Dans sa Promenade au front (1943), les formes visqueuses atteignent à l'horreur. Freddie est l'auteur de deux courts métrages de cinéma : Refus définitif d'une demande de baiser (1949) et les Horizons mangés (1950). Il participe à la plupart des expositions surréalistes. Lié au groupe de la revue Phases à partir de 1953, il vit quelques années en France avant de s'installer de nouveau à Copenhague. En 1970, il reçoit la médaille Thorvalden. En 1971, il obtient une commande de l'État pour un décor à l'école de Vallensbaek. En 1973, Freddie a participé à toutes les expositions organisées sur le Surréalisme en Scandinavie, France, Suisse et Italie. En 1989, une rétrospective lui est consacrée à Copenhague (S. M. F. K.), à Stockholm (Liljevalchs) en 1990.

Fredeau (frère Ambroise)

Peintre et sculpteur français (Paris ? – Toulouse 1673).

Élève de Simon Vouet, il fit sa vêture (1640) et sa profession (1641) " en qualité de frère lai " au couvent des Ermites de saint Augustin (auj. le musée) de Toulouse. Après Duchesne et Salinge, il a décoré les chapelles et les salles du couvent, où il a peint Saint Augustin recevant l'habit monastique (chapelle Sainte-Anne), et Saint Augustin présentant son cœur à Jésus-Christ porté par la Sainte Vierge (musée de Toulouse), composition qui se retrouve dans l'église paroissiale de Grenade ; on lui doit encore la Visite de Jésus-Christ ressuscité aux saints Pères détenus dans les limbes (église Saint-Pierre) ; Saint Nicolas de Tolentino consolé au moyen du concert de musique des anges (1650, musée de Toulouse), qui est son morceau le plus brillant, est une composition plus peuplée et cependant plus ordonnée que les œuvres les plus complexes d'Herrera ou d'Espinosa. J. P. Rivalz demeura deux ans l'apprenti de Fredeau (1643-44).

Frédéric (Léon Henri Marie)

Peintre belge (Bruxelles 1856  – Schaerbeek 1940).

Élève de Portaels à l'Académie de Bruxelles, il fit un voyage d'étude en Italie en 1878, exposa la même année au Salon de Bruxelles, puis au cercle d'art l'Essor. En 1883, il découvrit l'Ardenne et s'inspira de son terroir dans les compositions d'un réalisme très objectif, bientôt pénétré d'intentions symboliques (les Marchands de craie, 1882 ; les Âges du paysan, 1887, Bruxelles, M. R. B. A.) ; le Symbolisme l'emporte dans son œuvre entre 1890 et 1900, sous l'influence notamment des préraphaélites, auxquels l'artiste s'apparente par la précision du style, le coloris froid, mis au service de l'allégorie (la Pensée qui s'éveille, 1891 ; les Quatre saisons, 1893-94, Philadelphie, Museum of Art). Frédéric aima la disposition en triptyque : le Ruisseau, le torrent, l'eau dormante (dédié à Beethoven, 1897-1900, Bruxelles, M. R. B. A.) accumule dans les eaux des corps d'enfants pêle-mêle, sommeillant ou qu'une sensualité spontanée anime, dans un étrange effet présurréaliste. Frédéric est bien représenté au M. R. B. A. de Bruxelles. Le musée d'Orsay à Paris conserve deux triptyques de lui : l'Âge d'or et les Âges de l'ouvrier (1895-1897). On doit aussi à l'artiste des paysages ardennais d'un sentiment plus simple.

Fréminet (Martin)

Peintre français (Paris 1567  –id.  1619).

Élève de son père, Médéric Fréminet (artiste médiocre, selon Félibien), il partit pour l'Italie v. 1587-88. À Rome, il se lia avec le Cavalier d'Arpin, étudia Caravage et surtout Michel-Ange. Après être passé par Venise v. 1596, il se rendit à Turin pour se mettre au service du duc de Savoie v. 1592-1602. En 1603, de retour en France, il fut nommé peintre et valet de chambre du roi en remplacement de P. Dumoustier. En 1608, il fut payé pour les projets et les peintures déjà faites à la chapelle de la Trinité à Fontainebleau, décoration à laquelle il semble avoir travaillé jusqu'à sa mort. Il s'était marié en 1617 avec Françoise Dhoey, veuve d'Ambroise Dubois. Si le Saint Sébastien peint par lui pour l'église Saint-Josse avant son départ pour l'Italie semble avoir disparu, on peut, cependant, comprendre le style de l'artiste à cette époque grâce à des gravures de son ami Philippe Thomassin, qu'il connut à Rome (Sainte Famille, 1589 ; Annonciation, 1591 ; Flagellation ; Saint Sébastien ; Baptême du Christ, 1592). En revanche, on ignore tout des portraits et des compositions (un Saint Martin) qu'il peignit pour le duc de Savoie.

   À Fontainebleau, Fréminet donna entièrement les plans de la décoration de la chapelle de la Trinité (dessins pour les sculptures ; 2 projets pour le maître-autel, musée de Darmstadt et Louvre ; un seul dessin connu pour une fresque, Dieu ordonne à Noé d'entrer dans l'arche avec les animaux, Oslo, Ng). La décoration comprend, au plafond, dans de larges cadres de stuc, 5 grands sujets et 14 ovales (4 Éléments, 10 Vertus) et, de chaque côté de la nef, dans des formats rectangulaires, 5 Rois d'Israël ou de Judas et 20 grisailles (10 Prophètes et 10 Patriarches) ; les 14 scènes de la Vie du Christ, autrefois entre les fenêtres, ont disparu (dégradées déjà au XVIIIe  s., remplacées par des compositions ovales sous Louis XVI). Six esquisses peintes pour ses scènes ont été retrouvées au Louvre. L'iconographie de cet extraordinaire ensemble du Maniérisme tardif paraît, d'après des recherches récentes, refléter l'influence des frères jésuites Coton et Richeôme. Thomassin grave un Christ avec des instruments de la Passion, en 1615, année où Fréminet est décoré de la rare distinction de l'ordre de Saint-Michel. On attribue à Fréminet de rares peintures (Quatre Évangélistes et Quatre Pères de l'Église, musée d'Orléans) ; Adoration des Bergers (musée de Gap) et quelques dessins d'après des inscriptions anciennes (Jupiter et Sémélé, Paris, B. N. ; Jeune Homme assis, Albertina ; Prophète, musée de Darmstadt). Alliant la culture italienne aux influences bellifontaines, Fréminet a réalisé dans la chapelle de la Trinité une des grandes décorations religieuses de son temps. Sa personnalité violente annonce le Baroque.

   Son fils, Louis (1616-1651), écuyer, gentilhomme servant le roi, peintre, devint, avec son demi-frère Jehan I Dubois, garde des Peintures de la chapelle de la Trinité. On lui attribuait autrefois la série des tableaux d'Orléans, aujourd'hui donnée à son père.