Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
H

Hiepes (Tomás)
ou Tomás Yepes

Peintre espagnol (vers 1610  – Valence 1674).

Peintre de natures mortes, il fut, au XVIIe s., le plus célèbre des artistes à pratiquer ce genre à Valence, où il est mentionné à partir de 1642. Ses œuvres connues aujourd'hui s'échelonnent entre 1649 et 1668 depuis la Nature morte aux raisins (Prado) jusqu'à la Table dressée de mets (id.). Dans ses compositions de Pots de fleurs (Madrid, coll. part. ; Houston, fondation J. et D. de Menil), il se rattache à une conception de la nature morte très descriptive et décorative rappelant certaines œuvres flamandes de la fin du XVIe siècle. Son goût de la symétrie se vérifie dans la construction de ses compositions et leur groupement par paires : Meuble et vases de fleurs ; Gallinacés sur une terrasse (coll. part.). Son œuvre retient par une sorte de naïveté réaliste et une candeur poétique que l'on retrouve chez Pedro de Camprobín et Blas de Ledesma. Une exposition lui a été consacrée à Valence en 1995.

Highmore (Joseph)

Peintre britannique (Londres 1692  – Canterbury 1780).

Cet homme de lettres fit d'abord des études juridiques. On sait qu'il fréquenta l'Académie de Kneller pendant dix ans et qu'il se mit à peindre dès 1715. À partir de 1728, on peut suivre sa carrière année par année jusqu'à sa retraite à Canterbury en 1762. Son Samuel Richardson (1750, Londres, N. P. G.) nous donne un exemple de la maturité de son talent de portraitiste. Son œuvre est empreinte d'un caractère de douceur presque féminine, qui le distingue nettement de la satire virile de Hogarth. Highmore subit l'influence de Gravelot, particulièrement sensible dans la série des 12 peintures qui illustrent la Pamela de Richardson (Londres, Tate Gal. ; Cambridge, Fitzwilliam Museum ; Melbourne, N. G.). En 1746, il offrit un tableau historique, Agar et Ismaël, au Foundling Hospital de Londres.

   Il est également l'auteur de Conversation Pieces, comme Mr. Oldham et ses amis (v. 1740, Londres, Tate Gal.), œuvre qui dénote sa pénétration psychologique.

Hildebrandt (Ferdinand Theodor)

Peintre allemand (Stettin 1804  – Düsseldorf 1874).

Après ses études à l'Académie de Berlin à partir de 1820, il entra en 1823 dans l'atelier de Schadow et l'accompagna en 1826 à Düsseldorf, où il enseigna à l'Académie de 1836 à 1854. Il fit partie, avec Lessing, des créateurs du Romantisme poétique à Düsseldorf. Grâce à son amitié avec le célèbre chanteur Devrient, il avait déjà, à Berlin, traité des sujets dramatiques d'une manière poétique (Faust, le Roi Lear, Roméo et Juliette). Après un séjour en Belgique (1829), sous l'influence du réalisme belge, il s'orienta vers la scène de genre. Le Guerrier et son enfant (1832, musées de Berlin) révèle une ingénuité alors très appréciée et qui est à l'origine d'une peinture de genre sentimentale, attentive au détail véridique. Chez Hildebrandt, la tendance au réalisme acceptait un compromis avec l'idéalisme de l'école de Schadow. L'attention aiguë qu'il donnait à ses portraits fait la qualité de celui du Père de l'artiste (1836) et du Portrait de Thelott (Cologne, W. R. M.). Le musée de Posen conserve les Enfants d'Édouard IV (1835).

Hill (Antony)

Peintre britannique (Londres 1930).

Antony Hill est le principal représentant des artistes britanniques à avoir utilisé le relief à la suite de Victor Pasmore et de Mary Martin, dans un sens plus constructiviste et de façon plus rigoureuse, en s'appuyant notamment sur des principes mathématiques. Il effectue ses études de 1947 à 1951 à la Saint Martin School de Londres ainsi qu'à la Central School of Arts and Crafts, où il va rencontrer Victor Pasmore et Robert Adams. Ses premiers tableaux datent de 1948. Dès 1950, il fait la connaissance de Kenneth et de Mary Martin. Il effectue sa première visite à Paris, où il rencontre notamment Georges Vantongerloo, Francis Picabia, František Kupka, Sonia Delaunay, et, l'année suivante, noue des contacts avec Marcel Duchamp, Max Bill et l'artiste américain Charles Biederman. Les tableaux et les collages qu'il réalise de 1950 à 1952 sont très marqués par l'art de Ben Nicholson et la première manière abstraite de Victor Pasmore. À partir de 1953, Antony Hill commence à réaliser des reliefs, mais il peint aussi quelques tableaux remarquables par la radicalisation de leur propos : facture anonyme, fond blanc, structure noire, composition réduite à quelques lignes (Orthogonal-Diagonal Composition, 1954, Londres, Tate Gal.). En 1955-56, son tableau Painting Black and White (Londres, id.) présente, dans un format vertical allongé, trois traits noirs parallèles qui traversent la surface horizontalement et sont situés à des intervalles calculés selon une progression arithmétique. Antony Hill est dès ce moment influencé par les mathématiques : il travaille avec des structures fondées sur les nombres et dans lesquelles il commence à faire intervenir le hasard. Ses reliefs sont bientôt réalisés avec des matériaux industriels, du stratifié, du cuivre, de l'aluminium, du bois, afin de faire disparaître toute trace manuelle, et présentent des formes en creux, des plans transparents, des surfaces lisses, des superpositions dans les trois dimensions. Les compositions sont entièrement exécutées selon des systèmes établis au préalable qui s'appuient sur des calculs mathématiques. En 1959, Antony Hill effectue sa première visite aux Pays-Bas, où il rencontre Joost Baljeu, Carel Visser et le mathématicien L. E. J. Brouwer. Cette année-là, il commence sa collaboration à la revue Structure, que vient de fonder Joost Baljeu. L'année suivante il participe à l'exposition Konkrete Kunst, organisée par Max Bill à Zurich. Il a ensuite l'occasion de participer, en 1962, à l'exposition Experiment in Constructie, qui a lieu au Stedelijk Museum d'Amsterdam : ses reliefs atteignent alors leur point culminant : Five Regions Relief (1961) est réalisé uniquement avec des plaques de stratifié blanc découpées et des cornières en aluminium, qui engendrent, dans une structure exclusivement fondée sur des horizontales et des verticales, tout un réseau constitué de surfaces planes, de lignes en creux et de plans perpendiculaires. Antony Hill poursuit ce type de recherches jusque dans les années 70. En 1964, il a l'occasion d'effectuer sa première visite aux États-Unis, où il rencontre notamment Burgoyne Diller, Charmion von Wiegand, Donald Judd et Ad Reinhardt. En 1968, toujours intéressé par la théorie, il publie un livre intitulé DATA (Directions in Art, Theorie and Aesthetics, Londres), qui réunit des contributions d'artistes, d'architectes et de savants sur le thème de l'art et des mathématiques. À partir de 1973, il entamera, tout en poursuivant ses recherches sur les structures, les formes et les programmes, une nouvelle carrière de peintre postdadaïste avec des collages qu'il signe du pseudonyme de Redo.

   Ses travaux dans la lignée constructiviste s'achèvent en fait à la fin des années 1970 avec une série d'hommages à Khlebnikov, qui présentent avec un faible relief des formes en L constituées de trois carrés, qui sont disposés dans le champ pictural selon un système fondé sur des permutations. En 1980, Antony Hill participe à l'exposition Pier and Ocean, qui se tient à la Hayward Gallery de Londres, puis au Rijksmuseum Kröller-Müller d'Otterlo. Antony Hill est l'un des artistes majeurs de l'art britannique au cours des années 50 et 60, face à la peinture figurative de ce pays : son œuvre a présenté de nombreux rapports avec les recherches qu'effectuaient à la même époque François Morellet en France et Joost Baljeu aux Pays-Bas. Ses reliefs possèdent aussi des points communs avec ceux du groupe des artistes américains issus de Charles Biederman. Antony Hill est représenté à Londres à la Tate Gallery, dans les musées britanniques, dans de nombreuses collections particulières ainsi qu'au musée de Grenoble.