surpeint
Ce terme de restauration désigne la couche de peinture que l'on applique sur les zones usées ou les lacunes assez étendues d'un tableau, pour les restaurer. Le surpeint peut être séparé de la couche picturale originale par une couche de vernis, qui permet de différencier la peinture originale des additions ultérieures.
surréalisme
Principes directeurs
Le Surréalisme est une doctrine morale et esthétique issue du Symbolisme, qu'il renouvelle à la lumière de la psychanalyse et qu'il prolonge sur le plan de l'intervention politique par référence au marxisme.
Pour le Surréalisme, la création artistique ne se justifie que si la liberté totale de l'inspiration, venue de l'inconscient du sujet, permet d'accéder à une connaissance de ce qui reste obscur en l'homme. " C'est ainsi, écrit André Breton, qu'il m'est impossible de considérer un tableau autrement que comme une fenêtre, dont mon premier souci est de savoir sur quoi elle donne. " Cet au-delà n'est autre que le surréel, manifesté par l'expérience du merveilleux. Accéder à ce merveilleux, bien que la poésie, suivant la formule de Lautréamont, doive " être faite par tous ", n'est pas donné à n'importe qui. L'authenticité de l'artiste, le détournant de tout souci de carrière ou de succès, fonde une véritable éthique de la création et ouvre la voie aux révélations apportées par l'œuvre. Le merveilleux correspond psychologiquement à la fusion de l'imaginaire et du réel dans une poésie supérieure, nullement limitée aux arts du langage, mais concernée aussi bien par les arts plastiques. Le surréel est moins une entité métaphysique qu'un " certain point de l'esprit d'où la vie et la mort, le réel et l'imaginaire, le passé et le futur, le communicable et l'incommunicable, le haut et le bas cessent d'être perçus contradictoirement. Or, ajoute Breton, c'est en vain qu'on chercherait à l'activité surréaliste un autre mobile que l'espoir de détermination de ce point " (Second Manifeste). Le Surréalisme, donc, " est l'inspiration reconnue, acceptée, et pratiquée non plus comme une visitation inexplicable, mais comme une faculté qui s'exerce " (Aragon, Traité du style).
Or, les moyens qui permettent d'atteindre le surréel dans l'œuvre ont en commun une négation de la notion d'œuvre elle-même. Ils se ramènent aux différentes formes de la spontanéité, ou " automatisme ". On lit dans le Premier Manifeste (1924) cette définition : " Surréalisme, n. m., automatisme pur, par lequel on se propose d'exprimer, soit verbalement, soit de toute autre façon, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l'absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale. " Reprenant au Dadaïsme son attitude anti-art, y ajoutant l'" écriture automatique ", le Surréalisme considère toute technique artistique comme " un expédient lamentable " (Breton) si elle se limite à des chatoiements " rétiniens " (Duchamp). Cette négation du faire artistique comme tel implique que la poésie (comme la " picto-poésie ", selon le mot de Victor Brauner) soit considérée non plus comme un moyen d'expression, mais comme une activité de l'esprit. Tristan Tzara, dans un article de 1934, a nettement opposé ces deux conceptions de la création poétique. Activité de l'esprit, l'art est donc lié à la vie, il est la vie même, dans ce qu'elle a d'absolument libre, voire de libertaire. La poésie et l'amour sont du même ordre, et les sources de l'érotique sont également celles du poétique, qui ne peut être que révolutionnaire. L'amour est une des hautes valeurs du Surréalisme. Il n'est pas conçu comme une occasion de satisfaire la libido dans le plaisir sexuel : André Breton et Paul Eluard notamment le conçoivent comme un " amour fou ", capable de percer les apparences du monde et de transfigurer la " vie sordide ". L'amour est donc poésie. Et la poésie, enracinée dans l'" infracassable noyau de nuit " du désir, est libératrice. D'où les valeurs secondes de l'éthique surréaliste : le refus de toutes contraintes (celles de la raison comme celles du travail, des prisons, des asiles, de l'armée, des églises), l'humour noir, l'agressivité lyrique (contre les représentants de tout ordre répressif : soldats, prêtres, bureaucrates, philistins), l'érotisme, le sens du magique, l'individualisme absolu, l'anarchisme en politique et, suivant les personnes et les époques, un pessimisme plus ou moins sombre.
Historique
Avant de préciser ce que le Surréalisme a été dans le domaine de la peinture, on doit esquisser les grandes lignes de l'histoire du mouvement. En 1916, tandis que Zurich est troublée par le mouvement Dada, André Breton rencontre à Nantes Jacques Vaché, ancien élève des Beaux-Arts, pour qui " l'art est une sottise ". On trouverait, dès 1914, la double origine du Surréalisme pictural d'une part dans les ready-made de Duchamp, d'autre part dans les intérieurs métaphysiques de De Chirico. Puis s'ouvrent la période de Littérature et les séances dada de Paris. Le " procès Barrès ", monté par Breton et Aragon, provoque la brouille de ceux-ci avec Tzara. Un tournant est pris. La poésie doit être non seulement négation, mais connaissance. Influencée par l'étude de la psychanalyse et le phénomène de médiumnité, alors à la mode, la " période des sommeils " commence. Aragon peut écrire qu'une vague de rêve s'abat sur les surréalistes. Ceux-ci, déjà, forment un groupe. En 1924 est fondée la Centrale surréaliste, sont publiés le Manifeste du Surréalisme et le pamphlet contre Anatole France, Un cadavre. La revue la Révolution surréaliste, dont le n° 2 proclame " Ouvrez les prisons, licenciez l'armée ! ", aura 10 numéros jusqu'en 1928 (le dernier est consacré à l'amour). C'est dans cette revue que Breton écrit la série d'articles publiés en 1928 sous le titre " le Surréalisme et la peinture ". Avec Breton, Aragon, Eluard, Soupault, Péret, les peintres Ernst, Miró, Masson, Tanguy (à partir de 1925) constituent l'essentiel du groupe, qui est secoué en 1926 par une première crise politique. Aragon, Breton, Péret, Unik adhèrent au parti communiste français. C'est l'année du Paysan de Paris d'Aragon et de Capitale de la douleur d'Eluard. La galerie surréaliste s'ouvre et, en 1927, Masson réalise ses premiers " tableaux de sable ". L'apparition de Salvador Dalí en 1929 est un événement considérable, souligné par la création du film Un chien andalou (Dalí et Buñuel) et que n'éclipse pas la crise violente qui disloque le groupe. Par le Second Manifeste, Breton procède à une épuration et vise à l'" occultation " du Surréalisme. L'année suivante paraît la nouvelle revue du mouvement, le Surréalisme au service de la révolution. Aragon se rend au congrès de Karkhov et bientôt s'éloignera de ses amis pour devenir un militant du P. C. F. L'Âge d'or, 2e film de Buñuel et Dalí, paraît en 1931, année où Dalí propose sa " méthode paranoïaque critique " pour intégrer les impulsions libidinales et les images oniriques à la création, picturale ou autre. Breton publie les Vases communicants, livre qui est à l'origine de sa brouille avec Freud, qui, d'ailleurs, n'a jamais partagé les conceptions surréalistes... C'est alors que le mouvement entre dans sa phase d'autonomie et d'expansion. Breton, Eluard, Crevel sont exclus du P. C. F. en 1933, année du dernier numéro du Surréalisme au service de la révolution et du premier du Minotaure, dirigé par Tériade. De nombreux groupes surréalistes se forment à l'étranger. Giacometti réalise depuis 1930 des " objets à fonctionnement symbolique ", et nombre de peintres affluent : Hérold, Bellmer, Paalen, Dominguez, Ubac. En 1936 a lieu la première grande exposition internationale du Surréalisme, à Londres, et Dominguez crée ses " décalcomanies sans objet ". Les surréalistes, qui ont publié un tract contre les procès de Moscou, prennent la direction du Minotaure et, tandis que Breton publie l'Amour fou, ils préparent la retentissante exposition internationale du Surréalisme, qui aura lieu à Paris, gal. des Beaux-Arts, en 1938. Mais les problèmes politiques reprennent de l'acuité. Breton rencontre Trotski au Mexique. Ernst, Man Ray, Tanguy s'éloignent. Eluard se rapproche du P. C. F. Dalí est exclu du groupe, dont la guerre entraîne la dispersion. La plupart des surréalistes sont repliés en Amérique, où, sans être vraiment groupés, ils animent des revues, View et VVV, et organisent des expositions, comme First Papers of Surrealism (New York, 1942). Leur exil, alors qu'Eluard, Picasso, Bellmer, Brauner, Dominguez, Desnos, Artaud sont restés en France, provoque la cassure du mouvement : après la guerre, les surréalistes revenus d'outre-Atlantique tendent, malgré l'exposition de 1947 à Paris (gal. Maeght), à " occulter " le Surréalisme, alors que ceux qui sont restés en Europe occupée cherchent le contact avec les mouvements politiques révolutionnaires — quitte à être déçus par eux — et participent à l'expansion de l'Abstraction lyrique. Les promoteurs du Surréalisme sont maintenant pour la plupart devenus célèbres, mais demeurent séparés les uns des autres. C'est l'époque des rétrospectives : Picabia, 1949 (Paris, gal. Drouin) ; Ernst, 1950 (id.) et 1951 (à Brühl, R. F. A.). Eluard meurt en 1952, Picabia en 1953. Cette année-là, on expose Picasso, Chagall, Miró, Lam, Toyen, Copley, Ernst, et, l'année suivante, Arp, Ernst et Miró sont lauréats de la Biennale de Venise, Masson remporte le grand prix national des Arts. L'exposition Éros chez Cordier, à Paris, a lieu en 1959-60. Puis, après le suicide de Kay Sage (1961), celui de Seligman (1962), la mort de Tzara (1963), la rétrospective organisée par P. Waldberg chez Charpentier en 1964 et l'exposition surréaliste l'Écart absolu, gal. de l'[OE]il (Paris, 1965), c'est, en 1966, la mort d'André Breton, de Hans Arp et de Victor Brauner, et, en 1967, celle de Magritte.
Si le Surréalisme a surtout été novateur entre les deux guerres, son influence est encore considérable, notamment en poésie et en peinture. Non seulement des poètes (Joyce Mansour ou Jean Benoît), mais des peintres, tels Camacho, Molinier, Niki de Saint-Phalle ou Svanberg, ont pris la relève des aînés, mais nombre de groupes se sont formés à travers le monde dans les années 60 et 70, tandis que le centre parisien, au contraire, dépérissait : citons les revues Arsenal à Chicago, Glass Veal à Birmingham (Alabama), Insurrectionist Shadows en Australie, Melmoth et Transformation en Angleterre, l'Œuf philosophique et Scarabeu au Canada, Terzocchio en Italie. En France, hors de toute obédience, la revue Phases (Édouard Jaguer) reste active, organise de nombreuses expositions et des revues comme le Désir libertaire ou Ellébore perpétuent l'esprit d'un mouvement qui fait l'objet de nombreuses études savantes, de rééditions des revues, d'éditions d'Œuvres complètes et même d'un Dictionnaire général du Surréalisme et de ses environs (A. Biro et R. Passeron, P.U.F., 1982). On a souligné que " l'esprit de Mai " (1968) correspond à la formule d'André Breton, dans sa " Note sur la poésie " (la Révolution surréaliste, n° 12, 1929) : " Le lyrisme est le développement d'une protestation ", et l'on constate que les principes du Surréalisme — au-delà des poncifs qu'a pu produire leur application restreinte — ont renouvelé l'ensemble de la création artistique de l'époque par leur exigence rigoureuse d'une création absolument spontanée, " automatique " et véridique, où tout art soit poésie et toute poésie révélation.