Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Stepanova (Varvara Fedorovna)

Artiste russe (Kaunas 1894  – Moscou 1958).

Après l'école d'art de Kazan, où elle rencontre Rodtchenko (1911), elle suit les cours de l'école Stroganov en 1913-14. Dès 1917, elle commence à écrire des poésies " transmentales " et réalise en 1918 son premier livre à poèmes graphiques. En 1919, outre sa participation aux livres-objets de Kroutchonykh (Gly-Gly et Gaoust Tchaba), elle produit des séries de " Personnages " (dessins et peintures) géométriques : Composition en rouge 1920, Ivanovo, musée. Membre de l'I. N. K. H. U. K., elle assure dès 1921 les secrétariats du groupe d'Analyse objective et du groupe des Constructivistes. Sous l'influence de Rodtchenko, elle se tourne vers les arts graphiques. Elle participe en 1922 à l'exposition d'art russe de la gal. Van-Diemen à Berlin, réalise des collages pour le magazine Kino-Fot et les décors et costumes pour la Mort de Tarelkine de Meyerhold. Entre 1923 et 1925, elle travaille le graphisme à Moscou avec Maïakovski et Rodtchenko, apportant régulièrement sa contribution aux revues Lef puis Novi Lef (1927-28). Professeur à la section textile des Vhutemas, elle participe à l'Exposition internationale des Arts décoratifs à Paris avec Rodtchenko (1925). À partir de 1926, elle réalise dessins et graphismes pour le cinéma, les journaux et les livres et applique ses recherches au textile. Une exposition a été consacrée au couple Rodtchenko-Stepanova au musée des Arts décoratifs de Vienne, puis à Moscou, en 1991.

Stephens (Frederic George)

Peintre et critique d'art britannique (Londres 1828  – id. 1907).

Stephens fut longtemps étudiant à la Royal Academy. C'est par l'intermédiaire de Holman Hunt qu'il entra en contact avec la Fraternité préraphaélite, dont il fut élu membre en 1848. Mais il ne devait pas arriver à achever les différentes œuvres qu'il commença alors, que ce soit la Mort d'Arthur (1849, Londres, Tate Gal.), Griselda et le Marquis (1850-1851, id.) ou encore Measure for Measure. Il n'exposa jamais à la Royal Academy que les portraits de ses parents (1852 et 1854). Aussi abandonna-t-il assez vite la peinture pour la critique d'art, qu'il ne cessa de pratiquer désormais, d'abord dans le Germ, puis le Critic, l'Athenaeum, la London Review, le Mac Millan's Magazine et le Crayon. Il rédigea aussi de nombreuses monographies, consacrées entre autres à Landseer et Mulready. La tradition veut que Stephens ait détruit toutes ses œuvres. Trois ont survécu (outre les deux citées plus haut, Mother and Child, vers 1854, Londres, Tate Gal.).

Steuben (Charles)

Peintre français (Bauerbach, près de Mannheim, 1788  – Paris 1856).

Élève de Gérard, de Robert Lefèvre et de Prud'hon, Steuben exposa régulièrement aux Salons, de 1812 jusqu'à sa mort. De ses sujets historiques, citons un Épisode de la vie de Pierre le Grand, Salon de 1812 (musée d'Amiens), Mercure endormant Argus, Salon de 1822 (Louvre). Steuben peignit, pour Versailles, une importante série de portraits de rois et de reines de France et, pour le Louvre, un plafond représentant la Clémence d'Henri IV après la bataille d'Ivry, qui lui fut commandé en 1833.

Stevens (les)

Peintres belges.

 
Alfred (Bruxelles 1823  – Paris 1906). Il se forma dans l'atelier de Navez à Bruxelles, puis, à Paris, dans celui de Roqueplan (1844). Il exécuta d'abord des scènes de genre influencées par le courant du réalisme humanitaire, exposa à Bruxelles en 1851, puis au Salon à Paris. Ce qu'on appelle le vagabondage, exposé en 1855 à l'occasion de l'Exposition universelle (musée d'Orsay), compte parmi les œuvres fortes du Réalisme. À partir de 1855, installé définitivement dans la capitale française, et lié à Manet, il devint le peintre de la Parisienne du second Empire et connut le plus vif succès : le Bain (musée d'Orsay), Sphinx parisien (1867, musée d'Anvers). En dépit de sa modernité (l'artiste emprunta certains de ses effets au japonisme naissant : Mendicité autorisée, id. ; la Lettre autorisée, musée d'Orsay) et du brio de son exécution, cet art n'échappe pas aux tentations de la facilité et du factice. Quelques œuvres témoignent pourtant d'une retenue sincère : la Dame en rose (1866, Bruxelles, M. R. B. A.) ; Fleurs d'automne (1867, id.). Dans son Atelier (1869, id.), Stevens atteint à la précision de H. de Braekeleer. Il peignit aussi des marines, et il publia des Impressions sur la peinture.

 
Joseph (Bruxelles 1819 – id. 1892). Frère du précédent, il se forma chez l'animalier L. Robbe et débuta au Salon de Bruxelles en 1842. À l'exemple de peintres flamands du XVIIe s. comme Fyt et Snyders, il représenta dans ses tableaux des chiens dont il fit un thème de prédilection, attirant d'abord l'attention sur le côté pitoyable de ces animaux : la Vieille Lice (musée de Tournai). Introduit à la cour française par son frère, ami de Baudelaire et de la princesse Mathilde, il subit à Paris l'influence de Decamps et s'attacha davantage, sans toujours éviter l'anecdote, à caractériser la psychologie de ses modèles, toujours canins : Plus fidèle qu'heureux (1848, Bruxelles, M. R. B. A.) ; Un matin à Bruxelles (1848, id.). Son mérite est surtout d'ordre technique et l'artiste révéla une vive sensibilité de coloriste dans le rendu des pelages : le Chien au miroir (1861, id.). Atteint d'une maladie mentale incurable, Joseph cessa de peindre à la fin de sa vie.

Stevens (Pieter II) , dit Stephani

Peintre flamand de paysages (Malines v. 1567  – ? apr. 1624).

À Prague, il fut de 1594 à 1612 peintre de Rodolphe II. Il avait voyagé auparavant à Rome, et on le mentionne de nouveau à Prague en 1624 au service du prince de Liechtenstein. Ses œuvres sont assez rares : la Danse de paysans (1596, musée d'Anvers), le Paysage avec ermitage (1609, Brunswick, Herzog Anton Ulrich-Museum) témoignent d'un art très délicat influencé par Gillis Van Coninxloo.

Stijl (De)

De Stijl est le nom du groupe et de la revue fondés en 1917 à Leyde (Pays-Bas) par Théo Van Doesburg et qui a notamment illustré les théories et les conceptions plastiques de Mondrian. De Stijl a réuni à sa création, outre Mondrian et Van Doesburg, le peintre néerlandais Bart Van der Leck, le peintre hongrois Vilmos Huszar, le sculpteur et peintre belge Georges Vantongerloo, le poète néerlandais Anthony Kok et les architectes néerlandais J. J. P. Oud, Jan Wils et Robert Van't Hoff. Le premier numéro de la revue paraît en octobre 1917. Aussitôt après, Van der Leck quitte le groupe, auquel adhérera bientôt l'architecte Gerrit Rietveld. Le but de la revue, énoncé dans le manifeste de novembre 1918, est de contribuer au développement d'une nouvelle conscience esthétique qui réunisse en même temps l'art et l'architecture. À partir des principes fondamentaux du Néo-Plasticisme, De Stijl propose de jeter les bases de l'art futur, un art non plus individuel, mais universel, en rapport étroit avec la vie. Il finit par jouer un rôle déterminant dans l'esthétique du XXe s. en étant appliqué aux domaines de la peinture et de la sculpture mais aussi de l'architecture, de la décoration, de l'ameublement, de la typographie. Le rayonnement du Stijl est dû au dynamisme de Van Doesburg, qui a été le propagateur des idées de Mondrian et des siennes. Van Doesburg a entrepris de nombreux voyages et donné des conférences dans toute l'Europe, en particulier en Allemagne, permettant ainsi la diffusion de l'esthétique néo-plastique. À Paris, une exposition des réalisations du Stijl a été présentée en 1923 dans la gal. l'Effort moderne de Léonce Rosenberg. L'influence du Néo-Plasticisme se manifestera en France de façon très active dans le domaine de l'architecture, en particulier chez Robert Mallet-Stevens, mais aussi chez Le Corbusier, ainsi qu'à la fin des années 20 dans l'œuvre des peintres Jean Gorin, Jean Hélion et Félix Del Marle.

   La revue De Stijl a continué de paraître avec de nouvelles contributions, celles de César Domela ou de Friedrich Vordemberge-Gildewart, jusqu'à la disparition de Van Doesburg en 1931. Un dernier numéro lui rendant hommage a été publié par sa veuve en janvier 1932. Par son ampleur théorique et son action, le mouvement De Stijl a connu une postérité considérable dans tout l'art du XXe s. Une importante exposition, Mondrian et De Stijl, a été présentée (Venise, fondation Cini) en 1990.