Dallaire (Jean-Philippe)
Peintre canadien (Hull, Québec, 1916 – Saint-Paul-de-Vence 1965).
Les premières œuvres que Dallaire exécute au cours de ses études à Paris, de 1938 à 1940, soit aux Ateliers d'art sacré, soit chez Lhote, évoquent les influences de Gleizes et d'Estève. Cette dernière persiste dans la Vieille Demoiselle et le Jardinier (1945, musée de Québec), 2 gouaches peintes à son retour au Canada après quatre années d'internement à Saint-Denis durant la guerre. Au cours de sa carrière de professeur à l'École des beaux-arts de Québec, de 1946 à 1953, Dallaire modifie son style en empruntant à l'art de la tapisserie, qu'il étudie à Aubusson, durant l'été de 1949. Dessinateur hors pair, il soigne ses compositions sans négliger la couleur, non plus que les effets de matières, qui sont chez lui très habilement préparés. Il délaisse peu à peu la gouache pour l'huile, mais procède toujours par couches superposées, appliquant la couleur par fines mouchetures plus ou moins serrées. De 1953 à 1957, il travaille comme illustrateur à l'Office national du film, à Ottawa, puis à Montréal, où il décide finalement de consacrer tout son temps à la peinture. L'année suivante, il se rend en France et s'établit à Saint-Paul-de-Vence. À partir de 1950, l'imagerie fantaisiste de Dallaire se rapproche de la peinture de Lurçat. Des œuvres comme sa nature morte Au castel de la mer (1953, musée de Toronto) en font foi. En revanche, Dallaire s'en distingue franchement et ajoute un aspect monumental à son langage ésotérique avec Calcul solaire (1957, Montréal, M. A. C.) et plusieurs autres toiles abstraites datées de la même année. De 1958 à l'année de sa mort, il peint à Saint-Paul-de-Vence des œuvres qui le rapprochent de la manière de James Ensor. Une exposition a été consacrée à Dallaire (Québec, musée du Québec) en 1996.
Dalmasio di Jacopo degli Scannabecchi
Peintre italien (documenté à Bologne et à Pistoia entre 1342 et 1373).
On sait par des documents qu'un certain " Dalmasio ", peintre signalé à Bologne à partir de 1342, travailla également en Toscane, en particulier à Pistoia. R. Longhi a supposé qu'il pouvait être identifié avec l'auteur d'un groupe d'œuvres de style homogène, exécuté certainement par un Bolonais et qui comprend deux cycles de fresques, l'un à Florence (Scènes de l'histoire de saint Grégoire, dans la chapelle Bardi à S. Maria Novella), l'autre justement à Pistoia (Scènes de l'histoire de saint François, chœur de S. Francesco). Ces peintures révèlent une vraie personnalité, au tempérament plein de force et de noblesse, qui sait trouver un accord subtil entre l'expressionnisme gothique de Bologne et le style du milieu florentin, imprégné par l'influence tardive de Giotto et déjà par celle d'Orcagna. On constate bien cette opposition des deux cultures qui se rejoignent dans son style lorsqu'on compare par exemple 2 de ses œuvres : la Crucifixion n° 160 de la P. N. de Bologne et celle, encore liée à la manière de Vitale da Bologna et d'une forte caractérisation expressive, qui se trouve dans la coll. Acton de Florence. Parmi les autres tableaux qu'a regroupés R. Longhi sous le nom de " Dalmasio ", on peut encore citer la Madone de la Yale University Art Gal. de New Haven, la Flagellation du musée de Seattle (coll. Kress) et la Déposition de croix autrefois dans la coll. Visconti di Modrone de Milan.
Dalmau (Luis)
Peintre espagnol (documenté à Valence puis à Barcelone de 1428 à 1461).
Il appartint à la maison du roi Alphonse V d'Aragon et fut envoyé à Bruges, où il séjourna en 1431. Revenu en Espagne, il est appelé, par la municipalité de Barcelone, comme " le meilleur et le plus apte peintre qui se puisse trouver ", pour peindre un grand tableau destiné à la chapelle de l'hôtel de ville. La Vierge des conseillers (1445, Barcelone, M. A. C.) est un reflet de l'art flamand ainsi introduit brusquement en Catalogne. L'ordonnance de la scène agencée sous des voûtes gothiques, le réalisme des figures de magistrat, le paysage lointain perçu à travers un fenestrage ne peuvent manquer d'évoquer les chefs-d'œuvre de Van Eyck.
La découverte (1964), dans l'église S. Boï de Llobregat (prov. de Barcelone), du panneau de S. Baldiri ayant appartenu à un retable documenté par 2 contrats de 1448 apporte un second témoignage de son activité. L'élégante figure du saint, isolée sur un fond d'or, est la preuve d'une plus grande assimilation des œuvres catalanes, en particulier de celles de la jeunesse de Huguet. Dalmau devait rester à Barcelone jusqu'en 1461.
Damian (Horia)
Peintre et sculpteur roumain (Bucarest 1922).
Fixé à Paris en 1946, il fréquente les ateliers d'André Lhote et de Fernand Léger et rencontre Herbin, qui lui fait découvrir le Néo-Plasticisme. Il élabore alors un système de structuration rythmique fondé sur la répétition de petits éléments géométriques et expose dès 1951 à la gal. Arnaud et au Salon des réalités nouvelles. Il devait ensuite évoluer vers l'Informel et les recherches de matière, accentuant l'expression chromatique et animant par une ponctuation fourmillante de somptueuses compositions hiératiques. Le développement du relief l'a amené depuis 1964-65 à une simplification formelle dans une suite de constructions pyramidales. Damian a donné naissance à un style original, au carrefour d'une abstraction où dominent, dans les années 60, le geste et la matière, conjuguée à une démarche proche des artistes minimalistes. Depuis 1956, il a fait plusieurs expositions à la gal. Staedler de Paris. Le Guggenheim Museum a présenté en 1976 une série de projets pour de gigantesques sculptures ou monuments recouverts de minuscules sphères bleu ciel (la Piscine, 1975, Paris, M. N. A. M.). D'importantes expositions lui ont été consacrées (Aix-la-Chapelle, 1974 ; New York, Guggenheim Museum, 1976 ; Paris, M. N. A. M., 1980).
Danby (Francis)
Peintre britannique (Common, près de Wexford, 1793 – Exmouth, Angleterre, 1861).
Après une période d'apprentissage à Dublin, il partit pour l'Angleterre en 1813, où il vécut à Bristol, devenant l'un des meilleurs représentants de l'école de Bristol. Il peignit alors des paysages romantiques de caractère original (Rochers à Clifton, v. 1821, Bristol, City Art Gal.). Une exposition d'œuvres pleines d'une élégante poésie (l'Amour déçu, 1821, Londres, V. A. M.), mais aussi des difficultés financières, qui ne firent que s'accentuer par la suite, l'incitèrent à s'installer à Londres en 1824, où il se rendit célèbre par des toiles marquées d'une imagination visionnaire (l'Ouverture du sixième sceau, 1828, Dublin, N. G. ; The Delivery of Israel out of Egypt, 1825, Preston, Harries Museum and Art Gal.). Il voyagea aussi en Norvège (1825) et en Belgique (1828).
En 1829, fuyant ses créanciers, ayant également une liaison qui fit scandale, il dut partir pour l'étranger, où il séjourna dix ans durant, successivement en France, en Belgique, en Allemagne, en Suisse puis, de nouveau, à Paris. De retour à Londres en 1839, il ne réussit pas à s'imposer (le Déluge, 1837-1840, Londres, Tate Gal.) et se retira à Exmouth en 1846. Il exposa alors régulièrement à la Royal Academy des paysages empreints de sérénité (Evening Gun, 1848, disparu [réplique, 1857, coll. part.], tableau qui fit sensation à l'Exposition internationale de Paris en 1855).
Alors que ses œuvres d'exposition témoignent d'effets spectaculaires à la mode, comparables à ceux de John Martin, ses paysages et ses scènes de genre, plus modestes, révèlent une vision personnelle. Il est représenté à la Tate Gal. (la Nymphe des bois, Hymne au soleil levant, 1845), au V. A. M. (Lac de Liensford, Norvège, exposé à la Royal Academy en 1841). Une rétrospective de son œuvre a eu lieu en 1988 à Bristol et à Londres (Tate Gal.).