Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Maître de la Madeleine Mansi

Peintre flamand (actif de 1515 à 1525).

Ainsi nommé à cause de l'origine (la coll. Mansi de Lucques) d'une de ses œuvres, la Sainte Madeleine de Berlin-Dahlem, il fut identifié par Friedländer au peintre anversois Willem Muelenbroec. Son œuvre témoigne de l'influence de Quentin Metsys, mais aussi de celle de Dürer et de Patinir. Ses tableaux se caractérisent par leur schématisme (Descente de croix, musée de Gand, ou la Vierge et l'Enfant, Metropolitan Museum).

Maître de la Madone de la Cathédrale Saint-Guy de Prague

Peintre de l'école de Prague (début du XVe s.).

Il s'inspira d'abord du Maître du Retable de Třeboň, avant de devenir l'un des principaux représentants du " beau style ", vers 1400. La Vierge à l'Enfant (musée de Prague), influencée sans doute par les " belles Madones " sculptées (Madone de Krumlov), est une des plus caractéristiques représentations de la Vierge en Bohême, vers 1400. Son modelé plastique aux ombres profondes trahit la sensibilité concrète de l'artiste et la stylisation de son langage pictural. Les Madones d'Ináře et de Zlatá Koruna appartiennent au même type ; celle de Svojšín révèle l'influence du Maître, au moins sur le plan formel. Sur le cadre original sculpté figure le donateur, vraisemblablement l'archevêque de Prague, Jan de Jenštejn, qui quitta Prague en 1397 pour se rendre à Rome ; le tableau aurait donc été exécuté avant cette date. Un inventaire de la cathédrale Saint-Guy (1470-1480) mentionne sans aucun doute cette peinture et désigne comme auteurs les Junkers de Prague.

Maître de la Madone du Palazzo Venezia

Peintre italien (actif à Sienne dans la seconde moitié du XVIe s.).

Ce peintre anonyme, et fort remarquable, dut travailler dans l'entourage immédiat de Simone Martini, dont le rapprochent ses caractères d'élégance subtile et souple. Autour d'une Vierge à l'Enfant autrefois à Rome, au Palazzo Venezia – d'où la dénomination de ce maître –, et maintenant à la G. N. de Rome, Gal. Barberini (2 volets du même polyptyque à la N. G. de Londres), on a groupé un Mariage mystique de sainte Catherine (Sienne, P.N.), la grande Vierge et des anges (Settignano [Florence], fondation Berenson), que flanquaient à l'origine deux Saints (auj. au Nm. de Copenhague), et quelques autres tableaux dont l'attribution à ce maître reste cependant discutée, leur manière étant très proche de celle de Barna.

Maître de la Madone Straus

Peintre italien (actif à Florence à la fin du XIVe s. et au début du XVe s.).

La personnalité de ce peintre fut reconstruite autour d'une Madone de la coll. Straus (auj. au musée de Houston, Texas). Florentin, l'artiste semble appartenir à la même génération que Lorenzo Monaco, dont il s'approche par le ton dévot. Ses premières œuvres, telles que l'Annonciation (Florence, Accademia), sont de la fin du XIVe s., sous l'influence d'Agnolo Gaddi et de Spinello Aretino. Ensuite, le peintre participa au mouvement gothique international, en accueillant surtout les suggestions de Starnina, comme en témoignent les panneaux avec Saint François et Sainte Catherine de l'Accademia de Florence, mais en gardant une expression calme et tendre, qui fait l'originalité de son style. Parmi ses autres œuvres, on peut citer le Couronnement de la Vierge à l'Ospedale degli Innocenti de Florence et 2 Saints au Vatican.

 
Il ne faut pas confondre cet anonyme avec un autre Maître de la Madone Straus (actif à Sienne dans la première moitié du XIVe s.) , auteur d'une Madone elle aussi au musée de Houston et provenant de la même collection, et d'une série de panneaux (Sainte Agnès, musée de Worcester ; Saint Jean, New Haven, Yale Art Gal.) qui le désignent comme l'un des meilleurs élèves de Simone Martini, proche de Lippo Memmi et surtout de l'artiste (Donato Martini, frère de Simone ou un autre membre de la famille ?) longtemps désigné sous le nom de Barna, auteur des fresques de la collégiale de San Gimignano.

Maître de la Manne

Peintre néerlandais (actif dans la seconde moitié du XVe s.).

Autour d'un panneau illustrant la Récolte de la manne (Douai, musée de la Chartreuse, qui a acquis un autre panneau, la Crucifixion, provenant du même petit polyptyque) ont été regroupés quelques tableaux de même facture. Ceux-ci sont l'œuvre d'un maître travaillant probablement à Haarlem et présentant des affinités tant avec l'enluminure d'Utrecht qu'avec l'illustration des premiers livres imprimés à Haarlem et particulièrement du Speculum humanae salvationis. Cet artiste est un illustrateur plus qu'un peintre, coloriant des scènes anecdotiques dont chaque personnage est marqué d'une note pittoresque.

Maître de la Nativité de Castello

Peintre italien (actif à Florence entre 1445 et 1475 env.).

C'est une Nativité (autref. à la Villa Médicis de Castello ; auj. à Florence, Accademia) qui servit de point de départ pour reconstituer l'activité de cet artiste florentin anonyme. Parmi ses œuvres, on peut citer des Nativités (Philadelphie, Museum of Art, coll. Johnson ; San Marino, Huntington Gal.), le retable (Madone et deux saints) de l'église paroissiale de Faltugnano (Florence), des Madones (2 au Louvre ; Baltimore, W. A. G. ; Cambridge, Fitzwilliam Museum ; Pise, M. N.) et aussi des Portraits de femmes de profil (Metropolitan Museum, coll. Lehman). Disciple de Lippi, sans en avoir été vraiment l'élève, l'artiste se distingue toutefois de lui par des formes lisses et monumentales, caractéristiques, qui firent supposer qu'il était également sculpteur. La faculté de synthèse dont il témoigne dans la prédelle du retable de Faltugnano (auj. à Philadelphie, Museum of Art, coll. Johnson, et à Londres, N. G.) le rattache plus directement à Masaccio et à Domenico Veneziano.

Maître de la Passion de Darmstadt

Peintre allemand (actif dans la région du Rhin moyen entre 1430 et 1450).

Cet artiste, qui travailla probablement à Mayence doit son nom au sujet des 2 grands panneaux de la Passion, sans doute fragments d'un retable réalisé v. 1450, représentant un Portement de croix et une Crucifixion (musée de Darmstadt). À l'église paroissiale d'Orb, près d'Aschaffenburg, était conservée une admirable Crucifixion (v. 1445-1450), récemment détruite par un incendie. Elle avait sans doute, à l'origine, pour volets, les panneaux conservés à Berlin, avec, sur la face antérieure, l'Adoration des mages et l'Adoration de la Croix par Constantin, et, au revers, à gauche, la Vierge à l'Enfant avec un donateur et, à droite, le Trône de grâce. Virtuose du clair-obscur et brillant coloriste, le Maître de la Passion de Darmstadt est débiteur des nouveautés de la peinture flamande, et notamment de Van Eyck.