Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Lepape (Georges)

Peintre, graveur et illustrateur français (Paris 1887  – id. 1971).

Il fréquente l'atelier de Humbert, où il fait la connaissance de Braque, Picabia, Marie Laurencin, puis il s'inscrit à l'École des beaux-arts dans l'atelier Cormon. Après avoir publié en 1911 les Choses de Paul Poiret vues par Georges Lepape, il exerce une influence remarquable sur l'évolution du goût et de la mode par sa collaboration à la Gazette du bon ton (1912-1915) et à Vogue, dont il fera la presque totalité des couvertures jusqu'en 1933. On lui doit de nombreuses affiches, de celle de Spinelly (1914) au Premier Festival de la Radio-Télévision française (1954), ainsi que des décors et des costumes de théâtre (l'Oiseau bleu, de Maeterlinck, 1923) ou de cinéma (Villa Destin, de Marcel L'Herbier), des illustrations pour des ouvrages de Colette, Paul Géraldy, Sacha Guitry, pour les œuvres complètes d'Alfred de Musset. Il exécute des travaux décoratifs à bord du paquebot Normandie et à la mairie de Vincennes, et de nombreux portraits. Dans les meilleures œuvres de Lepape, le goût du japonisme s'affirme dans les recherches de cadrages imprévus et d'effets de lignes courbes, dans l'emploi en aplats de coloris rares et fruités. Lepape est représenté à Paris (M. N. A. M. : Figure de mode ; au musée des Arts décoratifs), au musée de Tours, au V. A. M. de Londres et au Brooklyn Museum.

Lépicié (Nicolas Bernard)

Peintre français (Paris 1735  – id. 1784).

Fils de François Bernard Lépicié, auteur des Vies des premiers peintres du roy et du Catalogue raisonné des tableaux du roy (1752-1754), et de Renée-Élisabeth Marlié, tous deux graveurs, il fut élève de C. Van Loo. Agréé en 1765 à l'Académie avec Guillaume le Conquérant (Caen, lycée Malherbe), il fut reçu en 1769 avec Achille instruit par le centaure Chiron (musée de Troyes). Les sujets d'histoire, qu'il traite plus particulièrement à partir de 1767, et les scènes familières, exécutées surtout au début de sa carrière, sont les deux genres qu'il pratiqua. Un coloris clair, de larges empâtements aux rehauts lumineux, des compositions en diagonale héritées de Carle Van Loo, comparables à celles de Doyen, caractérisent ses premières grandes toiles : Martyre de saint André (1771, abbaye Saint-Riquier, près d'Abbeville). Un peu plus tard, l'expression des attitudes s'apaisa et la composition rappelle davantage les recherches de ses contemporains néo-classiques (Regulus sort de Rome pour se rendre à Carthage, 1779, musée de Carcassonne), cependant que ses œuvres purement décoratives (Narcisse, 1771 ; Adonis, 1782, exécutées pour le Petit Trianon) restent beaucoup plus fidèles à la tradition de la peinture claire des œuvres de Boucher ou de J.-F. de Troy.

   Mais Lépicié dut surtout sa renommée à ses portraits et à ses scènes de genre, dont le réalisme tranquille, la délicatesse des harmonies dans des tons chauds rompus de gris, la plasticité des personnages et des objets permettent d'évoquer le nom de Chardin. Plus sensible au détail anecdotique, au modelé savoureux, Lépicié atteint cependant à une portée humaine moindre : le Lever de Fanchon (1773, musée de Saint-Omer). Son œuvre, trop étudiée (Carle Vernet, 1772, Louvre ; Émilie Vernet, Paris, Petit Palais), perd ainsi en monumentalité et se situe à mi-chemin entre la dignité de Chardin et la peinture d'esprit littéraire de Greuze : l'Enfant en pénitence (musée de Lyon). À la fin de sa vie, Lépicié s'attache à décrire des scènes champêtres ou urbaines, qui semblent influencées par l'esprit d'un Téniers : la Douane (1775, Madrid, fondation Thyssen-Bornemisza), Cour de ferme (1784, Louvre).

Lépine (Stanislas)

Peintre français (Caen 1836 Paris 1892).

Arrivé de Normandie en 1855, il fréquente à Paris l'atelier de Corot entre 1860 et 1875 et copie certains de ses tableaux. Très attaché à sa ville natale et à ses environs, il eut une vie modeste et travailla dans l'isolement, ne parvenant qu'à grand-peine à vendre ses tableaux. Il fut pourtant soutenu par Fantin-Latour et par des collectionneurs comme le comte Armand Doria et Ricada. Les paysages de Lépine sont le plus souvent des vues des bords de Seine et des vues de Paris ; la figure humaine en est totalement exclue. Le peintre aime à jouer de tons gris délicats, qui lui suffisent pour noter avec exactitude la qualité de la lumière ; sa palette est ainsi plus claire que celle des peintres de Barbizon, et l'on considère souvent Lépine, avec Cals et Boudin, comme de ceux qui préparèrent la voie aux paysagistes impressionnistes. L'artiste est représenté à Paris, musée d'Orsay (le Port de Caen, le Marché aux pommes, Portrait du fils de l'artiste) et au Petit Palais (le Pont des Arts) ; l'Hôtel de Ville conserve d'autre part (salle des Sciences) le panneau décoratif (la Seine près du Pont-Neuf) qui lui avait été commandé en 1888 et qu'il termina en 1892, peu avant sa mort. Les musées de Reims, Rouen, Saint-Étienne, Angoulême, Caen (Rue à Montmartre, la Seine), Chicago (Art Inst.), Édimbourg, Londres (Tate Gal.) possèdent aussi des œuvres de l'artiste.

Leppien (Jean)

Peintre français d'origine allemande (Lünebourg, 1910  – Paris 1991).

Étudiant au Bauhaus en 1929, il suit notamment les cours élémentaires de Kandinsky. L'année suivante, il intègre l'académie fondée par Itten à Berlin où il se familiarise surtout avec les techniques de la photographie, notamment aux côtés de Lazlo Moholy-Nagy. C'est cette activité de photographe qu'il exerce quand il rejoint Paris en 1933 à la suite de l'arrivée au pouvoir des nazis. Il s'engage à la déclaration de la guerre auprès des armées françaises, ce qui lui vaut, à la suite d'une arrestation, d'être interné en 1944. À la libération, il s'installe dans le sud de la France pour poursuivre son travail créatif. Il renoue alors avec la peinture en adoptant une facture à la fois géométrique et matiériste, fondée sur la rencontre sinueuse de grandes lignes courbes. Les formes se simplifient ensuite pour explorer d'abord des rectangles, puis des cercles qui donnent lieu à de nombreuses variations chromatiques. Ces cercles, concentriques ou centripètes, sont travaillés dans l'épaisseur d'une couche onctueuse de matière picturale qui confèrent à l'œuvre une présence lumineuse et charnelle. Ses œuvres sont représentées dans de nombreuses collections publiques françaises.