Gauermann (Friedrich)
Peintre autrichien (Miesenbach, Basse-Autriche, 1807 – Vienne 1862).
Il travailla d'abord avec son père, Jacob, peintre de l'archiduc Jean, et poursuivit ensuite ses études à l'Académie de Vienne (1824-1827), puis continua de se former en autodidacte par des voyages dans les Alpes autrichiennes. Il s'est beaucoup inspiré, pour ses paysages et ses tableaux d'animaux, des Néerlandais. En 1836, il fut nommé membre de l'Académie. Un séjour à Munich en 1839 et 1840 le mit en contact avec les peintres paysagistes romantiques, Rottmann, Morgenstern et Bürkel, qui orientèrent sa peinture vers un style plus dramatique. À côté de ses paysages (Paysage près de Miesenbach, 1830, Vienne, Österr. Gal. ; Cour de ferme à Scheuchenstein, 1835, id.), on trouve dans sa production nombre de tableaux à figures, scènes paysannes, combats d'animaux (Deux Ours attaqués par des chiens, 1835, id.), scènes de chasse, qui rencontrèrent un franc succès dans toute l'Europe.
Il a également réalisé, pour saisir simplement un aspect fugitif de la nature, un grand nombre de dessins au lavis, d'aquarelles et d'esquisses à l'huile, études très vivantes, dramatisées par quelques touches de rouge ou de bleu (nombreux exemples à l'Albertina et au cabinet des Estampes de l'Académie de Vienne). Gauermann est représenté dans presque tous les grands musées, en Allemagne, en Suisse (Winterthur, coll. Oskar Reinhart), ainsi qu'à Londres (V. A. M.).
Gauffier (Louis)
Peintre français (Poitiers 1762 Livourne 1801).
Élève de Taraval, Louis Gauffier partagea en 1784, grâce à sa Cananéenne aux pieds du Christ (Paris, E. N. B. A.), le grand prix de Rome avec J.-G. Drouais. Pensionnaire de l'Académie de France à Rome à partir de 1784, il fut, de retour à Paris, membre agréé de l'Académie en 1789, mais retourna l'année suivante en Italie pour ne plus quitter ce pays. Établi à Florence jusqu'à la mort de son épouse, le peintre Pauline Chatillon, Gauffier ne fut pas seulement un précieux peintre d'histoire néo-classique (Générosité des dames romaines, 1790, musée de Poitiers ; Cornélie, mère des Gracques, sollicitée de donner ses bijoux à la patrie, 1792, Fontainebleau ; Abraham et les trois anges, 1793, id.), mais il excella aussi dans le paysage (Vue de Vallombreuse, 1799, Paris, musée Marmottan) et le portrait, qu'il situe le plus souvent devant un paysage (portraits de Lady Holland au musée de Montpellier, du Peintre et sa famille aux Offices, du Docteur Penrose, 1798, à l'Inst. of Arts de Minneapolis, séries d'esquisses de portraits et de paysages au musée de Montpellier et d'esquisses de portraits à Versailles), genres où il sut concilier l'élégance et la finesse de la tradition du XVIIIe s. et la froide vérité imposée par la nouvelle orientation de la peinture.
Gauguin (Paul)
Peintre français (Paris 1848 –Atuona, îles Marquises, 1903).
Il est né juste avant les journées révolutionnaires de juin 1848. Son père, obscur journaliste libéral, s'exile après le coup d'État de 1851 et meurt à Panamá, tandis que sa famille rejoint Lima, au Pérou. Sa mère, fille d'une saint-simonienne exaltée, Flora Tristan, avait, d'après l'artiste, des ascendances péruviennes nobles. Marqué, dès l'enfance, par le caractère messianique et fantasque de son milieu familial, Gauguin gardera des souvenirs étranges et somptueux de son séjour chez l'oncle de Lima, Don Pio de Tristán Moscoso. Revenu à Orléans en 1855, il entretient, écolier, des rêves d'évasion et s'engage de 1865 à 1868 comme pilotin dans la marine marchande, il fait le tour du monde, puis de 1868 à 1871 il est militaire dans la marine et va en Scandinavie. Poussé par son tuteur G. Arosa, Gauguin commence en 1871 une brillante carrière chez l'agent de change Bertin. Il épouse en 1873 une Danoise, Mette Gad.
Les débuts
Arosa collectionne la peinture avec goût ; son exemple, l'amitié de Pissarro encouragent Gauguin à acheter, surtout entre 1879 et 1882, des tableaux impressionnistes (Jongkind, Manet [Vue de Hollande, pastel, auj. au Museum of Art de Philadelphie], Pissarro, Guillaumin, Cézanne, Renoir, Degas, Mary Cassatt), puis à peindre et à sculpter en amateur : modelage et taille directe chez le praticien Bouillot, tableaux dans le goût de Bonvin et de Lépine (la Seine au pont d'Iéna, 1875, Orsay) ; il présente dès 1876 une toile au Salon officiel. Bientôt influencé par Pissarro, il expose avec les impressionnistes de 1879 à 1886, recueillant en 1881 l'approbation enthousiaste de Huysmans pour un Nu solide et réaliste (Copenhague, N. C. G.). Ces relatifs succès et la crise financière le conduisent à abandonner en 1883 les affaires pour se consacrer entièrement à la peinture. Pendant deux ans, de Rouen à Copenhague, Gauguin cherche un équilibre illusoire qui aboutit, avec le retour à Paris en juin 1885, au naufrage de sa vie familiale et à la misère. Il présente cependant à la huitième exposition impressionniste, en 1886, 19 toiles où son originalité s'affirme déjà dans les inquiétantes harmonies de ses paysages.
Premier séjour à Pont-Aven – La Martinique
Après un séjour d'été à Pont-Aven, où il a rencontré E. Bernard et Ch. Laval, Gauguin revient à Paris, réalise chez Chaplet des céramiques aux intéressantes simplifications et rencontre Van Gogh. Le voyage de 1887, à la Martinique, en compagnie de Laval, lui révèle la valeur synthétique des couleurs et ravive les influences concomitantes de Cézanne et de Degas.
Deuxième séjour à Pont-Aven (1888)
Il peut à son retour et lors de son deuxième séjour à Pont-Aven, en 1888, apporter son génie et son autorité aux différentes recherches entreprises au même moment par Anquetin et Bernard, sous l'influence de Puvis de Chavannes et l'exemple des estampes japonaises. Moment décisif pour Gauguin, qui, à quarante ans, élabore un style original en intégrant le Cloisonnisme et le Symbolisme de ses amis à son expérience de la couleur. La " simplicité rustique et superstitieuse " de la Vision après le sermon (1888, Édimbourg, N. G.) ou l'harmonie écarlate de la Fête Gloanec (musée d'Orléans) témoignent dès lors de sa prééminence.
Arles et Van Gogh
Gauguin retrempe dans le Symbolisme diffusé par Aurier ses prétentions rédemptrices et partage avec Van Gogh ses utopies phalanstériennes, bientôt déçues par leur rencontre dramatique à Arles, d'octobre à décembre 1888. Au-delà des oppositions de tempéraments, Gauguin s'affirme, comme le montre sa vue " composée " des Alyscamps (Orsay), avant tout classique, soucieux d'équilibre et d'harmonie. À Paris, il réalise de nombreuses céramiques aux curieux décors anthropomorphes et exécute sous l'influence de Bernard une série de 11 lithographies.
Troisième séjour à Pont-Aven – Le Pouldu
Son marchand Theo Van Gogh organise une présentation de ses œuvres récentes chez Boussod et Valadon en novembre 1888 ; puis il participe aux expositions collectives des vingt à Bruxelles et à celle du café des Arts chez Volpini pendant l'Exposition universelle à Paris. Ces manifestations révèlent, malgré l'indifférence et les sarcasmes, la place de Gauguin dans le groupe artificiellement nommé " école de Pont-Aven ". Une vitalité intacte, l'absence de E. Bernard, l'accord de disciples plus modestes renforcent la liberté et la confiance manifestées par Gauguin dans les œuvres peintes à Pont-Aven, puis au Pouldu en 1889 et 1890. C'est avec aisance qu'il assimile les leçons de Cézanne (Portrait de Marie Derrien, Chicago, Art Inst.) ou celles des arts primitifs, fréquentés depuis l'enfance et retrouvés dans l'art breton (Christ jaune, Buffalo, Albright-Knox Art Gal. ; Autoportrait au Christ jaune, Paris, musée d'Orsay), unissant le mysticisme égocentrique (Christ au jardin des Oliviers, musée de Palm Beach) au goût de l'étrange (Nirvana, Hartford, Wadsworth Atheneum). Gauguin retrouve dans le bois sculpté la force des bas-reliefs primitifs (Soyez amoureuses et vous serez heureuses, Boston, M. F. A. Soyez mystérieuses, Paris, musée d'Orsay).
Revenu à Paris, il devient l'artiste recherché des réunions littéraires du café Voltaire. Il peint alors une grande toile symbolique, la Perte du pucelage (Norfolk, The Chrysler Museum), et, soutenu par ses amis, prépare son premier exil tahitien.