Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Martin (Homer Dodge)

Peintre américain (Albany 1836  – Saint Paul 1897).

Apprenti chez son père charpentier, il apprend seul la peinture, aidé par les conseils du sculpteur E.D. Palmer et du peintre James Mac Dougall Hart, avec lequel il partage son atelier v. 1852. Il peint alors des paysages rigoureux et fouillés de lacs et de montagnes de l'État de New York et de la Nouvelle-Angleterre (Sur l'Hudson supérieur, v. 1860, Omaha, Nebraska, Joslyn Art Museum). Un premier voyage en Europe en 1876, puis surtout un second en 1881-1886 le mettent en contact avec les impressionnistes français et britanniques (Corot, Boudin, Sisley). Installé près de Honfleur, il compose ainsi des marines aux tons sombres, lumineuses et romantiques (la Harpe des vents, Metropolitan Musuem), particulièrement réussies lorsqu'il utilise l'aquarelle. Il poursuit cette tendance, qui l'apparente à l'Hudson River School, dans les paysages peints à Saint-Paul à partir de 1893. Ses œuvres sont conservées dans la plupart des musées américains.

Martin (Jean-Baptiste) , dit Martin des Batailles

Peintre français (Paris 1659  – id. 1735).

Après avoir travaillé pour Vauban, il devint le principal élève et le continuateur de Van der Meulen, notamment aux Gobelins. Il reçut le titre de peintre des conquêtes du roi et la direction des Gobelins. Beaucoup de ses tableaux (Versailles) représentent les victoires royales, dans le goût panoramique et précis de son maître, dont il avait continué les travaux pour Marly (la plupart de ses dessus-de-porte et de ses dessus-de-cheminée ont disparu, sauf les sièges de Rhées et d'Utrecht, peints en 1699-1700, auj. à Versailles). Martin est aussi l'auteur de vues du parc de Versailles et de quelques paysages fantaisistes (à Trianon).

 
Son cousin Pierre-Denis (Paris v. 1663 – id. 1742) est surtout connu pour ses vues des maisons royales (Versailles).

Martin (John)

Peintre et graveur britannique (Haydon-Bridge, Northumberland, 1789  – Londres 1854).

Après s'être formé à Newcastle et avoir gagné sa vie comme décorateur de porcelaine, il s'établit à Londres en 1806. Il participa pour la première fois à l'exposition de la Royal Academy en 1811 ; toutefois, à la suite d'un incident survenu à la Clytie, qu'il exposait en 1814, il devait se brouiller, comme Haydon, avec l'institution. Il évolua vers la représentation du paysage cosmique et fantastique, inspirée des œuvres dramatiques de Turner, comme Hannibal et son armée franchissant les Alpes (1812, Tate Gal.), et emprunta sa technique du " Sublime " à l'Eidophysikon de Loutherbourg. Le thème du tableau trouve ainsi toute son ampleur dans le contraste entre les figures et le paysage où elles sont placées (le Barde, 1817, Newcastle, Laing Art Gal.).

   Dans ses grandes compositions décrivant des désastres et des cataclysmes, le Festin de Balthasar (1820 ; aquarelle, v. 1830, British Museum), la Septième Plaie d'Égypte (1823, Boston, M. F. A.), le Déluge (1826, exposé au Salon à Paris en 1834), la Chute de Ninive (1828), il développait avec rigueur de vastes perspectives architecturales, détachant les figures minuscules sur des ciels livides. Répertoire trop souvent dénoncé comme des emprunts à Turner ou à l'architecture qu'édifiait John Nash dans le centre de Londres, l'étude chronologique montre que John Martin a pu influencer au contraire son maître (le Palais de Caligula, 1831 ; Régulus quittant Carthage, 1837, Londres, Tate Gal.) et l'architecte (Carlton House Terrace).

   Martin avait fait la connaissance de Léopold, futur roi des Belges, en 1814 et celui-ci devait le soutenir par la suite. Mais cela ne remplaça pas une reconnaissance défaillante dans son propre pays. Conscient des limites techniques de son talent de peintre et soucieux d'exploiter le succès de ses tableaux, Martin se consacrait v. 1820 à la gravure (il illustra le Paradis perdu de Milton en 1827 et la Bible en 1835), assurant par ce moyen la diffusion de son œuvre sur le continent, où sa maîtrise du blanc et du noir devait influencer Gustave Doré. Il se révèle ainsi l'un des maîtres de la mezzotinte, ou manière noire, qui popularisa son œuvre, particulièrement en France. Apprécié par Charles X, à qui il dédiait la gravure de la Chute de Ninive (1830), il connut les faveurs de Louis-Philippe en 1834, lors de l'exposition du Déluge. Estimé surtout par le milieu littéraire — Victor Hugo, Sainte-Beuve, Michelet —, il devint rapidement un des peintres anglais les plus réputés malgré les quelques réserves formulées par les amateurs de peinture. Peu avant sa mort, il développait le thème du Jugement dernier dans une trilogie (le Grand Jour de sa colère, 1852, les Plaines des cieux, le Jugement dernier, 1853, Londres, Tate Gal.) qui devait connaître une brillante exposition posthume.

   À côté de cette œuvre cosmique oubliée puis redécouverte, où s'épanouit parfois un vrai sentiment romantique (le Roi Arthur et Aegle, 1849, Newcastle, Laing Art Gal. ; le Dernier Homme, 1849, Liverpool, Walker Art Gal.), John Martin a laissé de très beaux paysages lyriques, où, à la différence de ses contemporains, il se plaisait à souligner les modifications que l'industrie faisait subir à la nature anglaise. Paysagiste de banlieue (Richmond Park, Londres, V. A. M. ; Vue de Shepherd's Bush, 1836, Smith College Museum of Art), il se passionnait pour certains projets techniques, comme le plan pour l'alimentation de Londres en eau courante, qui nous a valu de très belles aquarelles qui dénombrent les sources autour de la ville.

Martin (Kenneth)

Peintre et sculpteur britannique (Scheffield 1903  – Londres 1984).

Après avoir effectué ses études à Sheffield de 1921 à 1923, Kenneth Martin va suivre les cours du Royal College of Art de Londres jusqu'en 1932. En 1930, il se marie avec l'artiste Mary Balmford. Ses premiers tableaux abstraits datent de 1948-49, sa peinture figurative pouvant être rapprochée de celle de Jacques Villon. C'est en 1951 qu'il réalise ses premières constructions cinétiques, des mobiles d'abord marqués par l'influence de Calder mais qui deviennent très vite originaux, notamment par l'emploi d'éléments modulaires répétés et par leur système de construction : Screw Mobile, dont il existe de nombreuses versions, est constitué de tiges parallèles qui tournent autour d'un axe; Rotary Rings (1967) est composé d'anneaux mobiles également disposés autour d'une tige centrale. Certaines œuvres de Kenneth Martin vont alors être plus directement marquées par l'influence du Constructivisme, notamment la série de sculptures suspendues intitulée Tunnel in the air (1965), dont les éléments mobiles sont faits de rotules et de tubes de section carrée métalliques, leur conférant un aspect de machine. Toutefois, Kenneth Martin va délaisser la sculpture au début des années 70, après avoir réalisé d'ailleurs de nombreuses commandes publiques, pour revenir à la peinture. Il va alors développer un art géométrique abstrait très original, où l'essentiel est fait de lignes colorées dont l'entrelacement est le résultat d'un programme établi au préalable et dans lequel intervient le hasard. L'ensemble de ces œuvres, qui sont toujours élaborées à partir de dessins préparatoires, a pour titre Chance Order Change. En 1975, une rétrospective de Kenneth Martin a été organisée à la Tate Gal. de Londres. Ses œuvres sont conservées dans des coll. part., dans de nombreux musées britanniques, à la Tate Gal. ainsi qu'au musée de Grenoble.