Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
G

Guariento

Peintre italien (documenté à Padoue et à Venise de 1338 à 1367).

Le début de son activité, qui doit se situer entre la troisième et la quatrième décennie du XIVe s., est profondément marqué par l'art de Giotto, malgré un espace plus aéré, un coloris clair et délicat, des figures graciles. Le Crucifix du musée de Bassano, unique œuvre signée et datable vers 1340, semble cependant une interprétation gothique de la plastique giottesque, car la ligne qui creuse les contours et serpente dans les drapés est la vraie protagoniste du tableau. Un coloris précieux et changeant qui se dégrade subtilement du blanc au bleu, au rose, la ligne rythmée du polyptyque du Couronnement de la Vierge (1344, Los Angeles, Getty Museum) laissent penser que des influences venues de Rimini et de Florence se sont superposées à sa culture gothique initiale. Ses contacts avec le milieu vénitien marquent en revanche le Couronnement de la Vierge (v. 1351, Padoue, chapelle des Eremitani) ; les visages recueillis du Christ et de la Vierge, les riches décorations d'or des vêtements rappellent l'art byzantin.

   De 1348 à 1354, Guariento est peintre de cour des Carraresi à Padoue et travaille par conséquent pour une classe raffinée et cultivée. La série de panneaux qui composaient l'ensemble décoratif de la chapelle Carraresi (auj. au Museo Civico de Padoue, à l'exception de deux Anges, l'un au Fogg Art Museum de Cambridge [Mass.], l'autre au musée d'Arezzo) représente le sommet de son art : aux côtés de la Vierge, d'expression byzantine, se déploient en perspective les troupes d'anges, flanquées de motifs décoratifs et même de détails de paysage caractéristiques du répertoire gothique courtois. L'atmosphère des fresques représentant des Scènes de l'Ancien Testament (Padoue, salle de l'Accademia) est différente, plus réaliste des vues perspectives et des architectures concrètes, des personnages finement caractérisés montrent un Guariento conscient du monde nouveau et riche en ferments annonciateurs de la première moitié du quattrocento.

   Ce qui reste aujourd'hui de la décoration de la chapelle des Eremitani (Padoue) dénote une baisse de ton, bien que ces fresques comptent encore des épisodes remarquables, où la manière gothique du maître prend une préciosité nouvelle et plus somptueuse.

   Dans la Crucifixion de la P. N. de Ferrare (volet d'un petit diptyque dont l'autre panneau, la Madone et quatre saints, se trouve à Raleigh [North Carolina Museum]), un sentiment pathétique intense caractérise l'image décharnée et tourmentée du Christ, qu'éclairent des rehauts clairs s'opposant à l'or bruni du fond. La grande fresque fort abîmée du Paradis (Venise, Palais ducal) est la dernière œuvre du maître qui nous soit parvenue ; la composition, centrée sur le trône du Christ et de la Vierge, s'articule en profondeur dans une série concentrique d'éléments architectoniques et de personnages. La chute de la peinture, qui dut être étincelante d'ors et d'argents, nous permet cependant de mieux apprécier la sensibilité linéaire que révèle Guariento à la fin de sa carrière. Le Paradis impressionna vivement les peintres vénitiens du trecento finissant ; sans bien comprendre la spiritualité essentielle du gothique de Guariento, ils en imitèrent les motifs extérieurs, le faste et la vivacité du coloris. En 1368, Guariento dut rentrer à Padoue pour entreprendre le cycle mural (disparu) de la salle des Hommes illustres au palais des Carraresi.

   Outre les œuvres citées, on attribue à Guariento les panneaux suivants : Crucifix, peint sur les 2 faces (Cambridge, Mass., Fogg Art Museum), le Christ (South Hadley College, États-Unis), la Madone sur un trône (Londres, Courtauld Inst.), la Madone sur un trône (Berlin), la Madone (Metropolitan Museum).

Guarino (Francesco)

Peintre italien (Sant'Agata Irpina 1611  – Gravina ou Solofra 1654).

Il fut l'un des plus habiles interprètes du Caravagisme à Naples. Formé dans l'atelier de Massimo Stanzione, il traduit l'art de ce dernier dans un langage de tendance réaliste, intense et passionné, exempt de tout académisme et de culture conventionnelle. Cette attitude artistique lui fait prendre place dans le courant naturaliste napolitain, diversement fondé par les recherches de Falcone. Passante et Fracanzano et que l'on retrouvait aussi dans l'œuvre de Velázquez. Cette période, bien que limitée dans le temps, représente le moment le plus singulier du Caravagisme napolitain (Visitation, musées de Berlin). Dans les dernières années de son activité, Guarino se retire en province, retournant aux formules issues de Stanzione. Ses peintures les plus importantes se trouvent à la collégiale de Solofra (série de toiles, de plusieurs périodes), dans de nombreuses églises de petits centres de la province d'Avellino et de Naples. Il exécuta pour ses protecteurs, les Orsini de Gravina, deux toiles à sujets bibliques (Isaac bénissant Jacob, Esaü) aujourd'hui au château de Pommersfelden. Son œuvre la plus fameuse, la Sainte Agathe autrefois attribuée à Stanzione, est conservée à Naples (Capodimonte).

Gudin (Théodore)

Peintre français (Paris 1802 –Boulogne-sur-Seine 1879).

Élève de Girodet puis de Gros, il prit part au mouvement romantique en se spécialisant dans la peinture de marines et reçut de nombreuses commandes de l'État, notamment celle de 97 tableaux pour Versailles. Après de brillants débuts, il sembla tomber quelque peu dans la facilité. Il est représenté à Versailles, à Paris, au musée de la Marine et au Louvre (Navire à la côte après un gros temps, Salon de 1824), ainsi que dans de nombreux musées de province (Trait de dévouement du capitaine Desse, Salon de 1831, Bordeaux ; Caen).

Guerassimov (Alexandr Michaïlovitch)

Peintre soviétique (Mitchourinsk 1881  – Moscou 1963).

Il se forma à l'École de peinture, de sculpture et d'architecture de Moscou de 1903 à 1915. Il s'essaya aux différents genres de peinture avant de devenir membre actif de l'A. H. R. R. (Voir RÉALISME SOCIALISTE) et de se spécialiser dans le portrait. Il fut rapidement considéré comme le peintre officiel des grands personnages de l'État lorsqu'il eut immortalisé Lénine dans Lénine à la tribune (1930, Moscou, musée Lénine) et Staline dans Intervention de Staline au XVIe Congrès du parti (1933, Moscou, Maison de l'Armée rouge) et dans I. V. Staline et K.TE. Vorochilov au Kremlin (1938, Moscou, Gal. Tretiakov). Membre de l'Académie des beaux-arts de l'U.R.S.S., défenseur du Réalisme socialiste, il représenta l'art officiel tant en Union soviétique que dans les expositions organisées à l'étranger (Bruxelles, 1958 ; Paris, 1960).