Machuca (Pedro)
Peintre espagnol (Tolède fin du XVe s. – Grenade 1550).
Il étudia l'architecture, la sculpture et la peinture en Italie, comme l'atteste sa première œuvre signée et datée : la Vierge allaitant les âmes du purgatoire ou Virgen del Sufragio (Prado), peinte à Spolète en 1517. Aucune réminiscence gothique ne subsiste dans cette œuvre, d'un Classicisme presque sculptural, influencée par Michel-Ange, dont Machuca fut peut-être le disciple. À partir de 1526, celui-ci dirige la construction du palais de Charles Quint à l'Alhambra de Grenade, où il résidera jusqu'à sa mort. En 1521, il peint pour la chapelle royale, en collaboration avec l'Italien Jacopo Torni, le retable de la Sainte Croix, où il se livre à de savantes études d'éclairage, dans un style dramatique et mouvementé : Jardin des Oliviers, Arrestation du Christ. La Descente de croix (Prado), d'un pathétisme contenu, traitée dans des tonalités froides, révèle l'influence de la peinture romaine ; Machuca est, avec A. Berruguete, le seul artiste étranger à l'Italie qui ait pris part à l'élaboration du Maniérisme italien. En 1546, il signe un contrat pour peindre le retable de Saint Pierre de Osma (cathédrale de Jaén), qui fut sans doute exécuté par des collaborateurs. La plus grande partie de son œuvre peint est perdue ; quelques dessins subsistent (Louvre) et sa renommée d'architecte a fait oublier sa peinture, appréciée par les contemporains (F. de Holanda) à l'égal des créations des grands maîtres italiens, dont il fut le fidèle disciple.
Mack (Heinz)
Artiste allemand (Lollar, Hessen, 1931).
Il se forma de 1950 à 1953 à l'Académie de Düsseldorf et, en 1956, obtint sa licence de philosophie à l'université de Cologne. Il exécuta, à partir de 1958, ses premiers reliefs et cubes lumineux. Cofondateur du groupe Zéro avec Günter Uecker et Otto Piene, il entra en contact avec Yves Klein, Tinguely, Fontana. Les expositions du groupe Zéro eurent lieu en 1957-1958, à Düsseldorf, dans son atelier et dans celui d'Otto Piene. Mack abandonna la peinture en réaction contre le Tachisme et utilisa des matériaux anonymes pour fabriquer ses objets. Utilisant le mouvement électrique et la lumière, ses œuvres frappent par leur caractère industriel et leur volonté de ne produire que des effets optiques. Il a été l'un des principaux représentants de l'Art cinétique en Allemagne. En 1965-1966, il a séjourné à New York. Heinz Mack a beaucoup collaboré avec l'architecture et participé aux pavillons allemands des Expositions internationales de Montréal (1967) et d'Ōsaka (1970).
Macke (August)
Peintre allemand (Meschede 1887 – Perthes, front de Champagne, 1914).
De 1904 à 1906, il suit les cours de la Kunstakademie de Düsseldorf et, en même temps, un cours du soir chez Ehmke à la Kunstgewertbeschule. Il fait son premier séjour à Paris en été 1907, il est ensuite l'élève de Corinth à Berlin (1907-1908), où il rencontre Bernard Koehler, l'oncle de sa future femme, collectionneur intéressé par la peinture française et futur mécène du Blaue Reiter. Il fait la connaissance de F. Marc (janv. 1910), qui le met en rapport à Munich avec Kandinsky. Macke entre dans l'équipe du Blaue Reiter, et ces contacts avec des artistes plus âgés, dont les recherches étaient déjà poussées fort avant, précipitent son évolution.
Après des débuts d'un réalisme impressionniste modéré, Matisse (exposé à Munich en 1910) lui apprend à donner son autonomie à la tache de couleur, chargée de traduire la forme (le Tapis aux jacinthes, 1910). L'Orage (musée de Sarrebruck), qui figure à la première manifestation du Blaue Reiter (1911), reflète nettement l'esthétique de Kandinsky, mais cette influence est passagère. Pour Macke, le problème de la fusion entre forme et couleur est d'ordre plastique plus que d'ordre spirituel, et l'effusion pure ne l'a qu'incidemment sollicité. Pendant l'été de 1912, en compagnie de Marc, il rencontre à Paris Delaunay ainsi que Le Fauconnier, dont le souvenir est sensible dans les Baigneuses sur fond de paysage urbain (1913, Munich, Neue Pin.). Au cours des deux années qui lui restent à vivre, Macke exploite désormais la leçon analytique du Cubisme (la Jeune Fille à l'aquarium, 1914, Wuppertal, von der Heydt Museum), mais vivifiée par le chromatisme lumineux de Delaunay, au profit d'une expression sereine où les thèmes privilégiés sont ceux du loisir citadin, promenade au bord du lac ou visite au jardin zoologique (Personnages au lac bleu, 1913, musée de Karlsruhe ; Dame à la jaquette verte, 1913, Cologne, W. R. M.). En avril 1914, Macke part pour la Tunisie avec Klee et Moilliet ; il rapporte de ce séjour 25 aquarelles, dont certaines comptent au nombre de ses plus belles œuvres. L'aquarelle l'oblige à abandonner le parti encore analytique hérité du Cubisme, à suggérer rapidement en traitant avec désinvolture la perspective et la lisibilité immédiate (Vue d'une mosquée ; le Marchand de cruches, musée de Münster). La partie originale de l'œuvre de Macke, élaborée en deux années, est une synthèse d'apports surtout français et d'un lyrisme ordonnateur de sensations, de sentiments germaniques ; l'esprit qui en émane doit encore beaucoup au goût de la vie moderne caractéristique de la fin du XIXe s. et du début du XXe s. (Grande Vitrine illuminée, 1912, Hanovre, Sprengel Museum). Son catalogue, établi par Gustav Vriesen en 1953 (réédité en 1957), comprend 548 aquarelles et 550 peintures. Macke est représenté à Paris (M. N. A. M.), à New York (M. O. M. A.) et dans la plupart des musées allemands : la Cathédrale de Fribourg en Suisse (1914, Düsseldorf, K. N. W.), Quatre Jeunes Filles (v. 1912, Düsseldorf, K. M.), la Boutique de mode (1914, Essen, Folkwang Museum), Paysage tunisien (musée de Mannheim), Trois Jeunes Filles sous les arbres ensoleillés (1913, Stuttgart, Staatsgal.), Grand Jardin zoologique (1912, musée de Dortmund), la Promenade (1913, Munich, Städtische Gal.).
Mackintosh (Charles Rennie)
Architecte, décorateur et dessinateur britannique (Glasgow 1868 – Londres 1928).
Élève de l'école d'art de Glasgow (alors dirigée par Francis Newbery), il étudie avec Herbert MacNair et les sœurs Margaret et Frances Macdonald, leurs futures épouses. Groupés en 1895, ces " Quatre " vont manifester en une expression collective une tendance neuve, plus ouverte aux recherches continentales qu'à celles importées de Londres par Newbery. Ils exposent à Londres, à Liège, à Vienne en 1900. En 1891, un prix avait permis à Mackintosh de visiter l'Europe. Entré deux ans plus tard chez Honeyman & Keppie, il va devenir leur associé en 1904. De 1897 à 1899 et de 1907 à 1909, il élève les nouveaux bâtiments de l'école d'art de Glasgow ; il est aussi l'auteur d'une église, de diverses habitations et de leur mobilier. Dans ce dernier domaine, Mackintosh associe à une très grande originalité la simplicité préconisée par le mouvement Arts and Crafts, se démarquant nettement de l'Art nouveau européen (fauteuil Willow, 1, 1904). Il travailla pour des particuliers, notamment pour le salon de thé de Miss Cranston dans Argyle Street à Glasgow (1897). Ses meubles figurent parmi la collection d'art de l'université de Glasgow ; certains sont réédités par la firme italienne Cassina. On doit aussi à Mackintosh des modèles de tissus, des aquarelles (Choux dans un verger, 1894, Glasgow School of Art) ; certaines représentent des paysages exécutés notamment lors d'un séjour à Port-Vendres (1923-1927). Une exposition a été consacrée à Mackintosh (Glasgow, Art Gallery and Museum ; New York, Metropolitan Museum) en 1996-97.