Dado (Miodrag Djuric, dit)
Peintre yougoslave (Cetinjie, Monténégro, 1933).
Ayant manifesté très tôt un talent de dessinateur, le jeune Dado obtient une bourse du gouvernement yougoslave qui lui permet de suivre les cours de l'Académie des beaux-arts de sa ville natale (1947-1952), puis de l'École des beaux-arts de Belgrade (1952-1956). En 1956, il vient à Paris, où il travaille comme ouvrier lithographe avant d'être découvert par Jean Dubuffet, puis par le marchand Daniel Cordier, qui organise sa première exposition personnelle en 1958 à Paris. Achevant et reprenant dix fois une même toile, Dado crée un univers obsessionnel, que l'on a pu rapprocher de celui de Jérôme Bosch. " Tout ce qui compose le monde de Dado, écrit Georges Limbour, les bébés précoces, les vieillards prématurés et les pierres, tout se fendille. S'il y a des murs ou des monuments, ils s'effritent, tombent en ruines. " Par la suite, le rose et le bleu pâle (ses couleurs de prédilection) deviennent plus vaporeux, élargissent l'espace de la toile, plus étreignante encore, et renforcent par leur écœurante douceur la décomposition triomphante qu'elle illustre avec ostentation : l'Architecte (1959, Paris, M. N. A. M.), Lettre à Mme de Sévigné (1969, Paris, coll. gal. A. F. Petit, Hôtel Adams Westhampton, Chicago, The Art Institute. Au cours de séries de voyages, Dado séjourne en Bretagne, en Corse, au centre de l'Afrique, chez les Pygmées en 1974 ainsi qu'à New York, où il effectue de brefs
séjours. Outre la rétrospective organisée au C. N. A. C. en 1970 à Paris, Dado a exposé à Francfort, à Paris (gal. Daniel Cordier) en 1960, à New York en 1965, à Paris (Gal. Jeanne Bucher) en janvier 1973, à Montauban, musée Ingres, en 1984. Il est représenté au M. N. A. M. par une série d'œuvres (donation Cordier).
Daeye (Hippolyte)
Peintre belge (Gand 1873 – Anvers 1952).
Il acquiert une solide formation classique à l'Académie de Gand (1896-1899), puis à l'Institut des beaux-arts d'Anvers (1899-1902), où il s'établit. Il voyage en Allemagne, en Italie et en Espagne, puis séjourne de 1914 à 1920 en Angleterre, où il est marqué par l'Impressionnisme (Londres dans la brume, 1919). Après la guerre, la découverte de Modigliani et celle de l'art nègre vont orienter son œuvre vers le portrait d'enfants et de jeunes filles ainsi que vers le nu et donner plus de vigueur à son style, dans lequel de claires tonalités servent de fond à un dessin léger, mais sûr (la Jeune Fille aux tresses, 1924, Anvers, coll. part. ; Nu assis, 1929, musée de Bruges). Il fit sa première exposition particulière à la gal. le Centaure à Bruxelles en 1924 et fut un moment associé à l'Expressionnisme flamand, lors de sa participation au groupe des Neuf, fondé en 1926. Son Autoportrait, exécuté en 1946 est une de ses œuvres les plus incisives. Daeye est représenté dans la plupart des musées belges, à La Haye (Gemeentemuseum), à Rotterdam (B. V. B.), à Paris (M. N. A. M.), à Grenoble, et surtout dans les coll. part. d'Anvers et de Bruxelles. Une rétrospective de son œuvre a eu lieu au musée des Beaux-Arts d'Anvers en 1964.
Daguerre (Louis)
Peintre français (Cormeilles-en-Parisis 1787 – Bry-sur-Marne 1851).
Élève d'un décorateur de théâtre, Degotti, il se consacra au décor d'opéra. Paysagiste, il s'attacha aux grands espaces (Vallée au soleil couchant, musée de Montauban), ce qui l'amena, associé avec Charles-Marie Bouton, à composer les fameux " dioramas " qui attirèrent les foules de Paris (1822). Associé à Niepce, il inventa la photographie.
Dahl (Johan Christian Clausen)
Peintre norvégien (Bergen 1788 – Dresde 1857).
Il reçut à Bergen une formation artisanale puis, en 1811, se rendit à Copenhague et s'inscrivit à l'Académie des beaux-arts, où il fut marqué par les artistes danois J. Juel et C. W. Eckersberg, les anciens paysagistes hollandais (Ruisdael, Everdingen, Hobbema et Jan Both) ainsi que par les dessins de Claude Lorrain. Il se manifesta tout d'abord en une suite de paysages danois (1814). Fixé à Dresde en 1818, il devint membre de l'Académie des beaux-arts en 1820 et professeur en 1824 (Vue de Dresde, Dresde, Gg ; Vue d'une fenêtre sur le château de Pillnitz, 1823, Essen, Folkwang Museum). Il se lia d'amitié avec G. D. Friedrich, dont les premiers paysages romantiques lui laissèrent une forte impression. Au cours d'un séjour en Italie (1820-21), il exécuta de nombreuses études d'après nature, fraîches et spontanées, dans lesquelles il se montre attentif à rendre fidèlement la lumière et l'atmosphère. En 1826, Dahl accomplit son premier voyage d'études dans son pays natal et découvrit la Norvège de l'Est et ses montagnes ; il décida d'entreprendre la description de son pays en une longue suite de tableaux de grand format, valables par leur objectivité, la richesse du détail et leur effet dramatique : Naufrage sur la côte norvégienne (1832, Oslo, Ng), la Cascade de Helle (1838, id.), Bouleau dans la tempête (1849, Bergen, Billedgalleri). Il devint ainsi le fondateur d'un nouveau style et le professeur d'une lignée d'élèves tels que Thomas Fearnley. L'influence de son école atteignit aussi la peinture de paysage allemande et danoise. Le recueil de planches dessinées d'églises norvégiennes en bois, constitué à partir de son œuvre, témoigne de son vif intérêt pour le passé culturel norvégien. Ses paysages nordiques sont principalement conservés dans les musées d'Oslo, de Copenhague, de Berlin, de Hambourg.
Dahmen (Karl Fred)
Peintre allemand (Stolberg, près d'Aix-la-Chapelle, 1917 – Preinersdorf/Chiemghau, 1981).
De 1931 à 1933, il se forma à l'École des arts décoratifs d'Aix-la-Chapelle et fut mobilisé de 1939 à 1945. De 1951 à 1954, il voyagea en France, en Belgique et en Italie et, en 1955, tint sa première exposition particulière à la gal. Arnaud à Paris. En 1956 et 1957, il travailla avec le groupe des artistes allemands informels. En 1967, il fut nommé professeur à l'Académie de Munich. Ses débuts se placent sous le signe de l'objectivité, avec des vues de ville et des paysages industriels. Après un assez long séjour dans la capitale française en 1952, et sans doute sous l'influence de l'école de Paris, il enserre ses vues panoramiques dans un réseau de lignes géométriques où le sujet disparaît : règnent à sa place la forme non objective, la disposition des traits et l'assemblage des surfaces (Composition végétative, 1955, musée d'Aix-la-Chapelle). Dans le cercle des tachistes allemands de la gal. 22 à Düsseldorf, où l'on exploitait la couleur pour en tirer des effets de matière inédits, Dahmen utilisa des pâtes synthétiques de couleur terreuse, étalées sur la toile en plusieurs couches (Zwischenwelt, 1958). Les tableaux offrent ainsi un relief caractéristique avec une surface fortement sillonnée, où le réseau des lignes sert de structure à la composition (série des Formation terrestre). De ses œuvres naquirent les collages de bois et les assemblages (mur d'ardoises pour l'université de Heidelberg, 1963). Au tableau-relief devenu objet dans l'espace, Dahmen associe des résidus de l'usage quotidien (pneus, tuyaux d'échappement, cheveux, ficelle), la couleur ne jouant plus qu'un rôle de liaison et d'agrément esthétique (série des tableaux-gibets, où de grandes surfaces monochromes sont divisées, par des cordes ou des chaînes, des télépaysages, des tableaux de coussins : Tableau-gibet, 1968 ; Tableau rembourré avec montage de cuir, 1968). À partir de 1974, des séries de dessins et de collages, où des formes géométriques sont associées à des striures et des griffures (série de Kalendartage) précèdent un retour à la peinture où de grands plans monochromes sont raturés et griffés (Peinture-sillon). Une exposition rétrospective a lieu en 1976 à la galerie municipale de Linz. L'artiste est représenté dans les musées d'Aix-la-Chapelle, Bonn, Hambourg, Hanovre, Essen, Stuttgart, Wuppertal, Bâle, Munich, Rotterdam, Oslo et Darmstadt.