Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Barret (George) , dit Barret l'Ancien

Peintre britannique (Dublin 1728 ou 1732  – Londres 1784).

Fils d'un drapier, il fréquenta un atelier de peinture à Dublin et développa son style de paysagiste en Irlande. Établi à Londres en 1762, il y connut immédiatement le succès et, devenu en 1768 membre fondateur de la Royal Academy, il eut désormais jusqu'à la fin de sa carrière de nombreuses commandes, surtout des vues de maisons de campagne dans leur cadre champêtre. Vers 1775, il s'inspira de la région des Lacs pour décorer de paysages en trompe l'œil (exécutés à l'huile sur plâtre) une salle de Norbury Park (Surrey). Son style, plus populaire et pittoresque, est analogue à celui de Wilson.

 
Son fils George, dit Barret le Jeune (1763-1842) , également peintre, est surtout connu comme aquarelliste.

Barry (James)

Peintre et graveur britannique (Cork, Irlande, 1741  – Londres 1806).

Il fréquenta d'abord l'école des Beaux-Arts de Cork et, en 1763, emportant avec lui plusieurs tableaux d'histoire, partit pour Dublin, où il fit impression sur le philosophe et futur homme d'État Edmund Burke. Celui-ci l'emmena à Londres (1764), où il rencontra Reynolds et James Stuart, " l'Athénien ", qui suscitèrent son admiration. Il visita Paris en 1765, puis, de 1766 à 1770, Rome, où il étudia surtout les antiques et subit l'influence du Néo-Classicisme. De retour à Londres, il devint A. R. A. en 1772, puis académicien en 1773. Il exposa à l'Academy de 1771 à 1776 et, nommé professeur de peinture en 1782, y donna des cours, jugés tendancieux ; ses relations avec ses collègues ayant toujours été difficiles, il fut exclu de l'Academy en 1799 et dut vivre de ses gravures. Son catholicisme et l'appui qu'il apporta aux révolutions américaine et française lui aliénèrent encore la société de son temps. Il mourut dans la pauvreté.

   Presque toute son œuvre est consacrée à la peinture d'histoire, d'inspiration classique (Portrait allégorique de Burke et de Barry sous les traits d'Ulysse et d'un compagnon échappant à Polyphème, 1776, Cork, Crawford Municipal Art Gal. ; Philoctète, 1770, Bologne, P. N. ; Jupiter et Junon, v. 1785, Sheffield, City Art Gal.). Il a peint également un beau tableau shakespearien, Lear et Cordelia (1786, Londres, Tate Gal.), pour la " Boydell Shakespeare Gallery ", mais la Mort de Wolfe (1776, Saint John, Canada, New Brunswick Museum) fut mal accueillie.

   Son chef-d'œuvre est la série de toiles décrivant les Progrès de la civilisation, qu'il peignit de son propre chef, et pratiquement sans rétribution, pour la grande salle de la Société des arts à Londres (1777-1784). Ce cycle est considéré comme " le plus vaste ensemble réalisé par un peintre anglais du XVIIIe s. dans l'authentique Grand Style ".

   À propos de ces toiles, Barry publia un commentaire polémique, saisissant ainsi l'occasion de condamner la façon lamentable dont le mécénat et la protection des arts étaient assurés en Angleterre et attaquant l'art du portrait, qu'il dédaignait et pratiquait rarement. Il était préoccupé par l'idée du sublime et avait lu l'essai de Burke sur le Sublime et le Beau (1757), dont on trouve un écho dans la suite destinée à la Société des arts et qui ne contredit pas l'accusation portée contre lui de confondre le sublime et les grandes dimensions. Par ses motifs et la force de son trait, son style dénote l'influence du Néo-Classicisme ainsi que celle de Michel-Ange et de Raphaël ; mais la vigueur et l'extravagance de son imagination le classent parmi les précurseurs du Romantisme.

Barry (Robert)

Artiste américain (New York 1936).

Appartenant à la première génération des artistes conceptuels, Barry, après des études au Hunter College de New York, particulièrement auprès de Robert Motherwell, porte un intérêt notable aux idées d'un artiste comme Ad Reinhardt, qui lui semblent devoir déboucher, hors du formalisme visuel, sur une nouvelle conception des rapports entre œuvre et langage. Ce passage d'une peinture systématique à une intégration de l'œuvre dans l'espace, s'éloignant progressivement des composants visuels, se concrétise, en 1968, dans des expositions au Bradford College de Bradford (Massachusetts) et au Windham College de Putney (Vermont), dans lesquelles Robert Barry relie des bâtiments et des espaces avec des fils de Nylon, virtuellement invisibles.

   Au cours des années suivantes, Barry se concentre sur l'expression du monde invisible de la matière, supprimant totalement l'élément visible au profit d'un intérêt pour les modes de perception conceptuels, ainsi dans les Carrier Waves (Ondes de fréquence, 1968) ou les Inert Gaz (Gaz inertes, 1969). Les recherches sur ces principes de communication, de connaissance, intégrant la dimension psychique de l'art, se développent dans des séries d'œuvres telles que les Presentation Pieces, les Invitation Pieces, les Closed Gallery Pieces et les Marcuse Pieces, consistant en l'envoi de cartons annonçant la clôture de la galerie durant l'exposition ou la présentation dans celle-ci d'œuvres d'autres artistes ou de critiques (ainsi Lucy Lippard à la galerie Yvon Lambert, Paris, 1971).

   Dans les années 70, Barry utilise, autour de l'usage du langage et de listes de mots, des formes d'expression variées : livres, projections de diapositives (Remember, 1973, Bâle, M. A. C.), films, enregistrements. À partir de 1977, l'artiste revient à l'usage de la peinture en inscrivant des mots sur des tableaux ou des murs monochromes : mots sur des murs blancs, écrits sur la périphérie, images d'arbres tracés de manière plus ou moins visible sur le fond, séries de mots en forme circulaire (Radiation) ou en rayon à partir d'un centre, sur des fonds monochromes (roses, noirs) ou bicolores (le Consortium, Dijon, 1986). Présent dans de nombreuses collections (Eindhoven, Van Abbe Museum ; Paris, M. N. A. M. ; Lyon, musée Saint-Pierre A. C.), son œuvre a fait régulièrement l'objet d'expositions aux États-Unis et en Europe dans les galeries Art and Project à Amsterdam, Leo Castelli à New York, Yvon Lambert à Paris ainsi qu'au Stedelijk Museum d'Amsterdam (1974) et au Gemeentemuseum de La Haye (1989).