Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Roberts (David)

Peintre britannique (Stockbridge, près d'Édimbourg, 1796  – Londres 1864).

Roberts est un des meilleurs représentants de la génération d'aquarellistes illustrée par C. Fielding, J.D. Harding ou Cl. Stanfield. Il débuta comme peintre de décors pour un cirque ambulant dans le nord de l'Angleterre (1817) et travailla par la suite pour les plus grandes scènes de Glasgow et d'Édimbourg. Il fut engagé en 1822 par le théâtre de Drury Lane et partit pour Londres, où il se lia d'amitié avec Cl. Stanfield. Il finit par abandonner les décors de théâtre pour la seule peinture, se spécialisant dans les vues d'architecture puis de paysage. Sa carrière fut brillante, à l'image de son succès : vice-président de la Society of British Artists à sa fondation, en 1823, président en 1830-1834, A. R. A. en 1838, R. A. en 1841, il fit partie du comité d'organisation de l'Exposition universelle de Londres en 1851. Il ne cessa de voyager, tirant ses sujets de ses séjours en France (1826, 1831), en Espagne et au Maroc (1832-33), en Égypte et en Terre sainte (1838-39), en Italie (1851 et 1853). Il se consacra à la fin de sa vie à une série de toiles sur London from the River Thames (1860-1864). Le public goûtait tout autant ses peintures, ses aquarelles et ses dessins, fort nombreux, que ses recueils de lithographies et de chromolithographies : Picturesque Sketches in Spain, 1835-1837, Views in the Holy Land, Syria, Idumea, Arabia, Egypt and Nubia, six vol., 1842-1849, firent ainsi sa fortune.

Robinson (Theodore)

Peintre américain (Irasburg, Vermont, 1852  – New York 1896).

Robinson est, avec Mary Cassatt, l'un des peintres américains entrés le plus étroitement en contact avec l'Impressionnisme. Il se forma à la National Academy of Design (1874) puis partit pour la France, où il étudia avec Carolus-Duran puis Gérôme. Il exposa au Salon en 1877 et 1879, à la Society of American Artists et à la N. A. D., respectivement à partir de 1878 et de 1881, partageant son temps entre les États-Unis et la France. Robinson ne trouva que progressivement un style personnel : il pencha ainsi vers le réalisme avant de se tourner vers l'Impressionnisme, qu'il n'adopta jamais complètement, après un passage par l'école de Barbizon, sa palette s'éclaircissant ainsi peu à peu. Décisive de ce point de vue fut, en 1888, sa rencontre avec Monet à Giverny. Une profonde amitié lia bientôt les deux peintres, et Robinson suivit la démarche de Monet tant dans la couleur que dans la manière d'aborder les sujets (il traita ainsi en " série " la Vallée de la Seine vue des hauteurs de Giverny, Andover, Mass., Addison Gal. of American Art, Washington, Corcoran Gal., Randolph Macon Women College). Il appliqua la leçon de l'Impressionnisme aux paysages américains à son retour aux États-Unis, en 1892, faisant découvrir cette école à ses compatriotes par les œuvres de Monet, les siennes propres et l'enseignement qu'il dispensait, mais il mourut peu après de l'asthme dont il avait souffert toute sa vie.

Rochegrosse (Georges)

Peintre français (Versailles 1859  – El Biar, Algérie, 1938).

Formé dans l'atelier d'A. Dehodencq, il fréquenta ensuite l'Académie Julian où il suivit l'enseignement de G. Boulanger et de Lefebvre, et se lia d'amitié avec le peintre L. Doucet. Cet artiste fut avant tout un peintre d'histoire, et d'une histoire conçue de façon grandiose et théâtrale (Vitellius traîné dans les rues de Rome par la populace, 1882, musée de Sens ; Andromaque, 1883, musée de Rouen). Ces tableaux, d'un lyrisme tragique, sont exécutés dans une pâte épaisse et souple avec des effets brusques de couleurs violentes. Certains détails, visages ou natures mortes sont de véritables morceaux de bravoure (la Mort de César, 1887, musée de Grenoble). Rochegrosse se tourna ensuite vers une peinture plus symboliste, presque préraphaélite (le Chevalier aux fleurs, 1893, Paris, Orsay), et allia cette inspiration fantastique à son goût de l'Orientalisme dans des œuvres au coloris exaspéré qui rappellent par leur dépaysement les rêves barbares de Gustave Moreau (la Légende merveilleuse de la reine de Saba et du roi Salomon, triptyque, Salon de 1901, localisation inconnue). L'artiste fournit de nombreuses illustrations : dès 1878, ses dessins furent publiés dans la Vie moderne aux côtés de ceux de Forain ; il réalisa de nombreuses aquarelles pour illustrer Salammbô de G. Flaubert (1900). Sa technique est alors précieuse, ses tons, rares, en complet accord avec la sensibilité du romancier. Il illustra aussi les Burgraves de Hugo, la Samaritaine de Rostand, les Trophées de Heredia et les Princesses de Banville. Fréquentant les milieux symbolistes, il dessina des décors pour le théâtre de l'Œuvre de Lugné-Poe (la Belle au bois dormant de H. Bataille et R. d'Humières). Rochegrosse décora le grand escalier de la bibliothèque de la Sorbonne (le Chant des Muses éveillant l'âme humaine, 1898) et exécuta des affiches (Pénélope de Gabriel Fauré, 1913) et des cartons de tapisserie (la Conquête de l'Afrique, Gobelins, exposée en 1900, Paris, Mobilier national).

Rockburne (Dorothea)

Peintre américain d'origine canadienne (Verdun, Québec, 1934).

Elle étudia à l'école des Beaux-Arts et au Black Mountain College sous la direction du mathématicien Max Dehn, qui l'influença profondément. Son œuvre, qui semble hésiter entre le dessin et la peinture, fait appel tout à la fois à des concepts mathématiques — notamment la section d'or — et linguistiques pour étudier les relations et les permutations de la forme, de la ligne et de la couleur au sein de contraintes définies par les composants visuels (Parallelogram with two small squares, 1974, Atlanta, High Museum). Son œuvre, strictement géométrique, est planifié en fonction du concept d'élaboration choisi, ce qui permet aux formes — carré, rectangle ou triangle — de se développer elles-mêmes. D'où le titre de la plupart de ses tableaux : Drawing Which Makes Himself. Les couleurs, sourdes et ternes dans les années 60 et 70, éclatantes et acides dans ses dernières œuvres, transforment et enrichissent ses compositions. Son œuvre est bien représenté dans les musées américains ainsi qu'en Allemagne (Aix-la-Chapelle, Ludwig Museum).