Tal-Coat (Pierre Jacob, dit Pierre)
Peintre français (Clohars-Carnoët 1905 – Saint-Pierre-de-Bailleul, Eure, 1985).
Autodidacte, il s'intéresse d'abord à la sculpture. Ses premiers pastels, tableaux et dessins de personnages, exécutés en Bretagne (1926-1927), participent du réalisme expressif de l'après-guerre. Un séjour à Paris (1932) précipite l'évolution de l'artiste, qui entre en contact avec le groupe Forces nouvelles (Rohner, Humblot, Lasne) en 1935. Il travaille alors à des portraits empreints d'une acuité sourde (Portrait de Gertrude Stein, 1935) et à de grandes figures féminines assises ou allongées (Femme au bol, 1933). La guerre civile espagnole suscite peu après un expressionnisme virulent, haut en couleur, à l'accent proche de Picasso : autoportraits (1935-1936, portrait de Gertrude Stein, petites sculptures de têtes à la façon de Giacometti, série des Massacres (1936-1937). Mais la nature est pour Tal-Coat la source principale de son inspiration. De 1933 à 1937, il séjourne à Paris et en province. La période d'Aix-en-Provence (v. 1940-1954), coupée de voyages à Paris et en Bourgogne, aboutit à une vision nouvelle. Le paysage est perçu par un regard apparemment lointain et vu de façon subjective (le Château-Noir, 1949). Soutenu par une activité graphique alimentée par ses promenades dans la campagne, cet art se dépouille progressivement de l'accidentel. À Forges-les-Bains et dans la vallée de Chevreuse (1954-1961), Tal-Coat fixe les traces animales portées par le sable et le reflet du vol des oiseaux. Une palette restreinte mais délicate (beiges, gris, rosés), une matière accordée aux phénomènes physiques qu'il s'agit de restituer prennent ainsi au piège les manifestations fugitives de la vie (Peinture, 1956). De 1962 à sa mort, l'artiste réside à Saint-Pierre-de-Bailleul, en Normandie. Des toiles austères, de tous formats, monochromes dans le vert, l'ocre et le noir expriment des étendues désertes, oppressantes autour d'un foyer plus dense. Tal-Coat est représenté à Paris (M. N. A. M. et musée d'Art moderne de la Ville) et à la Fond. Maeght de Saint-Paul-de-Vence. L'artiste fut aussi un excellent lithographe. Une rétrospective de son œuvre s'est tenue à Paris (Grand Palais) en 1976 et au Cateau-Cambrésis (musée Matisse) en 1991.
Tamayo (Rufino)
Peintre mexicain (Oaxaca 1899 – Mexico 1991).
Sa famille s'installa à Mexico en 1907. Il suivit d'abord des cours du soir de peinture (1915-1916), puis s'inscrivit à l'Académie des beaux-arts San Carlos (1917-1918). Professeur de dessin et de peinture en 1926, il expose pour la première fois, la même année, à Mexico et à New York, et son art est accueilli très favorablement aux États-Unis, où il se rend ensuite tous les ans à partir de 1938. Ses débuts se situent dans la voie d'un réalisme dru et monumental qui rappelle celui de son aîné Rivera (les Messagers du vent, 1928) et, après une phase d'un cubisme figuratif un peu scolaire, c'est encore la leçon de celui-ci qui le guide dans la réalisation de son premier décor mural (1933, Mexico, École nationale de musique). Vers 1940, sa poétique et son langage pictural s'affirment ; à des suggestions venues de Picasso surtout pour le dessin, de Miró pour la symbolique, il joint un bestiaire, le plus souvent fabuleux, inspiré de l'ancien Mexique et qui se distingue du réalisme social de ses devanciers (Chien hurlant, 1942). L'œuvre murale de Tamayo est importante : 1943, The Hillyer Art Library, Smith Collège, Northampton (Mass.) ; 1952, Palais des beaux-arts de Mexico ; 1955, Bank of the South West, Houston (Texas) ; 1957, Bibliothèque de l'université de Porto Rico ; 1958, Palais de l'Unesco (Paris). Outre la verve décorative et expressive qui s'y donne cours, les références à Picasso sont souvent flagrantes. Venu à Paris en 1957, Tamayo intéressa les milieux artistiques par son utilisation du vinyle, technique qui permet des effets lisses et brillants. Les tableaux de chevalet révèlent d'ailleurs un talent plus personnel, où les thèmes de l'oiseau, de la lune et du soleil semblent bercer un très ancien rêve (le Chanteur, 1950, Paris, M. N. A. M.). Tamayo a laissé également des portraits d'une objectivité saine, sans mystère.
Il est représenté dans de nombreux musées des États-Unis (M. o. M. A. et Guggenheim Museum à New York) et d'Amérique latine, surtout à Mexico (Palais des beaux-arts et M. A. M.), ainsi qu'en Europe, notamment à Paris, Bruxelles, Venise (Fond. Peggy Guggenheim). En 1974 fut ouvert le musée d'Art préhispanique d'Oaxaca, constitué de la collection réunie par l'artiste. L'exposition « Myth and Magic », consacrée à son œuvre, fut organisée par le Guggenheim Museum, New York, en 1979. Une rétrospective a été présentée à Madrid (Centro de Arte Reina Sofia) en 1988.
Tamm (Franz Werner von) , dit Francesco Varnertam, surnommé Dapper ou Daprait
Peintre allemand (Hambourg 1658 – Vienne 1724).
Élève de Dietrich von Sosten et de Hans Pfeiffer à Hambourg, il se rend à Rome, où il est mentionné de 1685 à 1695. Il débute par la peinture d'histoire et le portrait, puis se spécialise dans la nature morte de chasse, les fleurs et les fruits. Il succède à Karl von Vogelaer, dit « Carlo dei Fiori », auprès de Maratta pour peindre les guirlandes ou les bouquets dans ses tableaux (Amours et guirlandes, 2 dessus-de-porte, Louvre). Appelé à Vienne par l'empereur Leopold, il y devient peintre de la Cour et travaille pour le prince de Liechtenstein. En 1702, il est établi à Passau (Décollation de saint Paul, église Saint-Paul). Mêlant souvent les influences septentrionales (Weenix, Hondecoeter, Jan Fyt et D. de Heem) et italiennes, il obtient des arrangements brillants et fastueux, parfois sur un fond de paysage où la richesse de coloris des plantes rares est rendue par une facture précise et délicate.
L'artiste est représenté à Rome, Gal. Pallavicini (Fleurs, fruits et paon ; Fleurs, champignons et gibier), à l'abbaye de Seitensteten (Nature morte de fleurs, 1703), au musée de Prague (Oiseaux et fruits), à Hambourg, Kunsthalle (4 tableaux de Fleurs et de Fruits), et au musée de Gotha (4 tableaux d'Oiseaux).