Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Hantaï (Simon)

Peintre français d'origine hongroise (Bia, près de Budapest, 1922).

Il fréquenta l'École des beaux-arts de Budapest, puis se rendit à Paris en 1949, attiré d'abord par le Surréalisme. Il peignit alors de curieux " personnages-animaux " (La jeune mouche D. s'envole, 1951), et expérimenta une grande variété de techniques, empruntées ou non au Surréalisme, sorte de répertoire dans lequel il puisa ensuite. Sa première exposition, préfacée par André Breton, eut lieu à Paris à la gal. l'Étoile scellée (1953). Cette période surréaliste évoque d'étranges planches d'anatomie, des entrelacs viscéraux, de grandes formes onduleuses, enchevêtrées, d'allure animale, dans des couleurs somptueuses où jouent les transparences et les moirures. À partir de 1954, Hantaï se détache du groupe, avec lequel il rompt en 1955 ; sa peinture évolue rapidement vers une forme plus abstraite et plus lyrique. L'artiste fait la découverte, capitale, de Pollock. La primauté est alors donnée au geste et à l'explosion de l'instant. En 1956, la gal. Kléber à Paris présente l'exposition Sexe-Prime — Hommage à Jean-Pierre Brisset. L'important tableau (Paris, M. N. A. M.) qui porte ce titre réalise, avec son fantastique enchevêtrement de signes et dans une technique très sûre (la peinture appliquée est retirée par places, laissant apparaître les fonds colorés), la " matérialisation d'un moment de délire érotique ". Hantaï organise ensuite avec Georges Mathieu les Cérémonies commémoratives de la condamnation de Siger de Brabant (Paris, gal. Kléber, 1957), puis expose en 1958 des Peintures religieuses accompagnées d'un violent manifeste. Des recherches nouvelles s'y font jour ainsi qu'une tendance vers un plus grand dépouillement. En 1959, une rétrospective de dix années de peinture est présentée (gal. Kléber). Hantaï rompt bientôt avec l'agitation parisienne et se retire près de Fontainebleau. Vers 1960 apparaissent les Mariales, immenses toiles pliées, nées de recherches pour le vitrail, dont la suite se poursuivra deux ou trois ans, évoluant de la multitude serrée des facettes prismatiques qui occupent la totalité du tableau vers des formes de plus en plus amples, détachées sur fond clair, qui évoquent parfois les " papiers collés " de Matisse (Meun I, 1968). Dans cet esprit, l'artiste réalisa plusieurs " murs ", notamment à Trappes et pour la Maison de France à Jérusalem.

   Approfondissant la technique du pliage, il en obtint successivement des formes irrégulières comparables à des feuillages où parties peintes et non peintes sont équivalentes (Études pour Pierre Reverdy, 1968-69), des formes déchiquetées polychromes (1973-74) et, à partir de 1974 (série des Tabulas : Tabulas 1980, Paris, M. N. A. M.), des quadrillages réguliers dont, au début des années 80, il restreindra progressivement le nombre des unités carrées qui les composent en les agrandissant. Ces méthodes répétitives et pour ainsi dire mécaniques, où l'artiste s'en remet au procédé pour élaborer la composition, ont eu une grande influence sur toute une génération de jeunes peintres au cours des années 70. Une exposition rétrospective de l'œuvre d'Hantaï eut lieu au M. N. A. M. en 1976. Il représenta la France à la Biennale de Venise de 1982. Ses œuvres figurent dans plusieurs musées français et étrangers (Buffalo [Albright-Knox Art Gallery], Bruxelles, le Vatican, Paris [M. N. A. M.], Grenoble, Marseille, Saint-Étienne, fondation Maeght, abbaye de Beaulieu) et dans de nombreuses collections dont celle de Peter Stuyvesant.

happening

Définis par Gordon Brown (Art Voices. Hiver 1965, " What is a Happening ? ") comme des " assemblages en mouvement où les participants réagissent à un contexte naturel ou artificiel, librement ou sous la conduite d'un meneur ", les happenings apparurent à New York en 1957-58. Allan Kaprow en fut l'instigateur principal au côté d'artistes tels que Jim Dine, George Brecht et Claes Oldenburg. Les happenings revêtirent une importance singulière dans la formation de la nouvelle sensibilité qui engendra le pop art. À mi-chemin entre la peinture et le théâtre, les happenings héritèrent du geste dramatique et de l'automatisme de l'Action Painting. Une grande part de leur esthétique remontait aussi aux représentations ou mises en scène surréalistes et dadaïstes.

   Les happenings différaient cependant de celles-ci par l'usage littéral qu'ils faisaient des images, symboles et débris de l'environnement urbain. Les happenings — art éphémère, vécu plutôt que vu, dont seule la photographie peut retenir une forme tangible — furent, pour reprendre à nouveau les termes de Gordon Brown, la " vie elle-même, transformée en œuvre d'art ".

hard edge

Signifiant littéralement " arête dure ", le terme de Hard Edge fut inventé par le critique Jules Langsner en 1959. Jugé vague et imprécis, il est aujourd'hui peu utilisé. C'est une dénomination stylistique, ne désignant aucun mouvement, mais une des tendances de l'Abstraction géométrique d'après-guerre. Son application convient surtout à l'œuvre de l'artiste américain Ellsworth Kelly, qui, à partir de 1949, conçoit une Abstraction froide et impersonnelle, fondée sur la répétition sérielle d'éléments peints en aplat et uniformément dans des tons francs et intenses ou sur une structuration de la toile en zones rigoureuses (Couleurs pour un grand mur, 1951 ; tableau constitué de 64 petites toiles carrées, montées sur châssis et placées bord à bord). Ne montrant rien d'autre que la matérialité de la couleur sur espace plan, l'Abstraction de Kelly met en évidence des contours fermes et tranchants en réponse aux bords flous de l'Expressionnisme abstrait (Rothko). L'appellation peut aussi s'appliquer à l'œuvre d'Alexander Libermann, à celle de Kenneth Noland ou encore de Leon Polk Smith (Anitou, 1958, New York, M. O. M. A.).

Harding (James Duffield)

Peintre, lithographe et aquarelliste britannique (Deptford 1797  – Barnes 1863).

Par son père, dont il fut l'élève à ses débuts, il recueillit la tradition de P. Sandby. Il travailla également avec Prout et le graveur J. Pye et exposa dès 1811 des paysages à la Royal Academy. Associé de la Watercolour Society en 1820, il en fut élu membre en 1821. Il eut un succès constant durant toute sa carrière, originale en ce qu'il manifesta toujours un grand intérêt pour les questions d'enseignement. Ses recueils lithographiques ont ainsi souvent une valeur pédagogique (Sketches at Home and Abroad, 1836 ; Harding's Portfolio, 1837 ; The Park and the Forest, 1841) et Harding les compléta par de nombreux ouvrages techniques (Principles and Practice of Art, 1845 ; Lessons on Trees, 1852). Il voyagea incessamment en France (Normandie), en Italie, en Allemagne et aux Pays-Bas (Rhénanie et Moselle), accumulant ainsi des vues et des paysages repris ensuite dans ses aquarelles et ses recueils, typiques de la lithographie anglaise et romantique. Il publia aussi d'après d'autres artistes : Gothic Ornaments d'après Pugin, 1821 ; Views of Pompei, 1828 ; Subjects from the Works of R.P. Bonington, 4 vol., 1829-30 ; Antiquities of Ireland, 1830 ; Costumes of the French Pyrénées d'après Johnston, 1830. Cette activité le rendit célèbre en son temps : il fut le maître de Ruskin, qui le comparait sur certains points à Turner.