Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
K

Kline (Franz)

Peintre américain (Wilkes Barre, Penn., 1910  – New York 1962).

Cet artiste, dont l'influence et l'exemple furent considérables aux États-Unis, possède un vocabulaire de formes immédiatement identifiable. Il se forma d'abord au Girard College de Philadelphie et à l'université de Boston (1931-1935) ; mais, intéressé par l'art moderne européen, il passa deux ans à Londres (1936-1938), travaillant à la Heatherley School of Fine Art. Cependant, son œuvre demeurait encore semi-figurative, et l'influence du portrait expressionniste et même celle de la peinture de genre américaine y étaient fort sensibles (Lehighton, 1946, Lehighton, Penn., American Legion Post 314). En 1950, Kline abandonna pour toujours la figuration. Son style atteignit à la simplicité totale par l'agrandissement de dessins au pinceau et à l'encre noire, qu'il exécutait sur des enveloppes, des journaux, des feuilles d'annuaire téléphonique. Kline transposa ces intuitions picturales sur une grande échelle en mettant l'accent sur le dynamisme de l'exécution et en apportant la même attention au travail de la brosse qu'à l'équilibre rythmique des blancs et des noirs (Nijinsky, 1950, dépôt à New York, Metr. Museum ; Andes, 1957, musée de Bâle). Jusque v. 1955, il s'exprima uniquement par des valeurs absolues. Avec la réintroduction de la couleur aux env. de 1957, l'espace ainsi créé devint plus complexe, plus dense, plus délicatement hiérarchisé dans un ensemble illusionniste (Jaune, rouge, vert, bleu, 1956, Baltimore, Museum of Art ; Horley Red, 1960, New York, coll. R. C. Sall). Sa mort en 1962 le surprit au sommet de son art. Il est représenté dans de nombreux musées américains, notamment à New York (M. O. M. A., Metropolitan Museum et Guggenheim Museum) et à Pittsburgh (Carnegie Inst.). Une grande rétrospective de son œuvre a été présentée en 1985-86 au musée de Cincinnati (Ohio), puis en 1994-95 à New York, Chicago, Barcelone, Londres, Madrid.

Klinger (Max)

Peintre, graveur et sculpteur allemand (Leipzig 1857 – Grossjena, près de Naumburg, 1920).

Il fut l'élève de Karl Gussow en 1874-75 à la Kunstschule de Karlsruhe et le suivit à l'Académie de Berlin (1875-1878), où il apprit à graver. Après avoir séjourné à Bruxelles (1879), à Munich (1880), à Berlin (1881-1883), à Paris (1883-1887) et à Rome (1888-1892), il s'installe en 1893 à Plagwitz. En 1897, il est nommé professeur à l'Académie d'art graphique de Leipzig et correspondant de la Sécession de Vienne, dont il est l'un des trois invités étrangers en 1901 avec Rodin et Segantini. En 1912, il participe à la fondation de la Leipziger Jahresaustellung, dont il est le président. Son œuvre gravé est capital. Il exécuta de 1878 à 1915 14 cycles à l'eau-forte, qui sont ses œuvres les plus remarquables : le plus célèbre reste Paraphrase über den Fund eines Handschuhs (" Paraphrase sur la découverte d'un gant ", 1880), dont 8 dessins furent exposés dès 1878 à Berlin et lui apportèrent une reconnaissance immédiate. La technique de la gravure, le style ainsi que le scepticisme de l'attitude par rapport au monde extérieur révèlent maintes affinités avec Goya : dans un univers à la fois cocasse et mystérieux, il explore la dualité entre le monde de la mythologie classique et sa sensibilité aux drames contemporains ; suicides, meurtres, adultères sont chez lui des thèmes récurrents. Un trait incisif et sûr, un sens vigoureux de la plastique mêlé d'un réalisme archaïsant confèrent une grande puissance à ses images. Dans l'œuvre peint, son premier tableau important est Der Überfall an der Mauer (" l'Attaque du mur ", 1877, musées de Berlin), qui élève un événement sans signification historique au niveau de l'allégorie des conflits humains et de la dysharmonie entre la société moderne et la nature. La Crucifixion (1891, musée de Leipzig) est un exemple d'une conception moderne qui ne se réfère plus aux thèmes chrétiens traditionnels. Son style s'apparente à celui de Böcklin : l'Heure bleue (1890, Leipzig, Museum der Bildende Künste) alimente le sentiment d'étrangeté par son éclairage dramatique et sa composition énigmatique. La dérision s'y ajoute dans la Mort qui pisse (1900, Hambourg, coll. part.). À partir de 1892, il aborda la sculpture, à laquelle, sous l'influence de l'Antiquité, il associa la couleur (pierres de teintes différentes et sculptures peintes). Il dut sa célébrité en matière de sculpture à son Beethoven assis (1902, musée de Leipzig), exposé dans la salle aménagée par V. Hoffmann et décorée par Klimt, à la Sécession de 1902. En 1891, il rédigea une étude théorique, Malerei und Zeichnung (" la Peinture et le dessin "). Le symbolisme fantastique de ses gravures permet de le considérer comme un précurseur du Surréalisme, mais il prolonge aussi le romantisme allemand et annonce Munch et Käthe Kollwitz. Il est représenté en particulier à Leipzig. Vienne (K. M.) conserve l'immense Jugement de Pâris (1886-87). Une exposition a été consacrée à Klinger (Ferrare, G. A. M.) en 1996.

Klioune (Ivan Vassilievitch Kliounkov, dit Ivan)

Artiste russe (Bolchie Gorki 1873  – Moscou 1943).

Cet Ukrainien se forme d'abord à Kiev, puis à Varsovie avant d'être attiré par le foyer moscovite, où il fait la rencontre en 1907 de Malevitch, qui sera son maître et dont il suivra longtemps la trajectoire artistique et les choix politiques. Il est de toutes les entreprises de l'avant-garde de Moscou, où il se range dans le camp du Suprématisme, rejoignant le groupe Supremus, pratiquant d'abord, comme l'a fait Malévitch, un Cubo-Futurisme chargé d'expressivité (Autoportrait à la scie, 1914, Moscou, Gal. Tretiakov) avant d'en venir à un suprématisme raffiné (Suprématisme, 1916-18, Iaroslavl, musée d'art), puis aux formulations épurées du Flûtiste (1917, Moscou, galerie Tretiakov). Il adhère à la Révolution, enseigne aux Vhutemas. En 1925, il entre au groupe Ost (peintres de chevalet) et des Quatre Arts. Au contraire de la plupart des artistes, il refuse le compromis du design et continue à peindre et à sculpter dans un esprit puriste, puis surréaliste. On ne sait rien de lui entre 1927, où il adhère à la Société des sculpteurs, et 1942, où il meurt. Klioune n'a fait l'objet que d'une rétrospective, en 1983 à la Matignon Gal. New York.