Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
C

Chenavard (Paul)

Peintre français (Lyon 1807  –Paris 1895).

Arrivé à Paris en 1825, il travailla avec Ingres, puis avec Delacroix, dont il resta l'ami intime. À Rome où il séjourne de 1827 à 1832, il connut les peintres allemands Cornelius et Overbeck, dont les théories l'influencèrent. Le gouvernement de 1848 lui confia la décoration du Panthéon, où l'artiste pensait représenter en grisaille l'histoire de l'humanité (Palingénésie universelle) ; le retour au culte de ce monument en 1852 annula la commande. Découragé, Chenavard ne produisit plus qu'une œuvre importante, d'un symbolisme religieux complexe, l'immense Divinia Tragedia (1869, Orsay), et se consacra à la philosophie et à l'esthétique. Il se fit l'apôtre d'un art moralisateur, dépouillé d'effet coloré. Sa pensée influença certains artistes (Eugène Carrière) et la critique contemporaine. Son œuvre, surtout composé de dessins, se trouve en majeure partie au musée de Lyon. Citons parmi ses rares peintures les étonnants Martyre de saint Polycarpe (1842, église d'Argenton-sur-Creuse) et Résurrection des morts (1845, église de Bohal, Morbihan).

Chéret (Jules)

Peintre et affichiste français (Paris 1836  – Nice 1932).

Élève de Horace Lecoq de Boisbaudran et apprenti lithographe, il séjourne à Londres de 1856 à 1866, où il étudie les procédés de la lithographie en couleurs. De retour à Paris, il obtient l'appui du parfumeur Rimmel et monte un atelier où il développe le procédé nouveau de la lithographie polychrome. Par l'éclat de leur graphisme et de leurs couleurs, leur élégance et leur gaieté, les affiches dont il couvre Paris de 1866 à 1900 (Loïe Fuller [1893], la Saxoléine [1894], les Patineurs [1896], Palais de Glace [1896], la Loïe Fuller aux Folies-Bergère, Bal au Moulin-Rouge) influencent ses contemporains, comme Seurat, Lautrec, les Nabis, et contribuent au développement du Modern Style (les Pantomimes lumineuses, 1892). Véritables chroniques de leur époque, elles représentent le Paris populaire, le monde du cirque et du music-hall. Épris de l'art de Tiepolo (on l'appela " le Tiepolo des carrefours "), de Watteau et de Turner, Chéret décore quelques édifices (villa du baron Villa à Évian ; musée Grévin à Paris, 1894) et réalise des cartons de tapisseries pour les Gobelins (les Quatre Saisons, 1900-1910). Il s'adonne aussi au pastel et à la peinture. Le musée de Nice qui porte son nom abrite 200 peintures, pastels et maquettes. La Bibliothèque municipale de Lyon lui a consacré une exposition en 1996.

Cherkaoui (Ahmed)

Peintre marocain (Boujad 1934  – Casablanca 1967).

Après avoir suivi les cours aux Écoles des beaux-arts de Paris et de Varsovie, il réactive son patrimoine culturel berbère en intégrant la calligraphie traditionnelle à une abstraction gestuelle très liée à la scène parisienne des années 1950. Il expose au cours des années 1960 dans plusieurs galeries de la capitale française des œuvres empreintes d'une forte charge lyrique. Son travail a influencé d'autres artistes marocains de sa génération (Farid Belkahia, Marrakech, 1937) ou plus jeunes (Ab del Kebir Rabi, Boulmane, 1944).

chevalet

Assemblage de pièces de menuiserie servant de support à un tableau en cours d'exécution.

   De forme variable (trépied ou bâti vertical reposant sur deux traverses à angle droit), le chevalet est employé pour exécuter des tableaux de moyennes ou petites dimensions, dit " tableaux de chevalet ". La tablette horizontale sur laquelle repose le tableau peut se hausser ou s'abaisser à volonté, au moyen d'un système à crémaillère. Des chevalets plus massifs servent à la présentation, dans les musées ou dans les collections particulières, de tableaux spécialement choisis.

Chia (Sandro)

Peintre italien (Florence 1946).

Il étudie à l'Académie des beaux-arts de Florence, où il obtient son diplôme en 1969. En 1970, il s'installe à Rome et fait de nombreux voyages en Europe et en Inde. Ses premières œuvres sont d'un éclectisme subversif, puis, de 1972 à 1975, il abandonne la peinture pour faire du " conceptualisme magique ". En 1975, il recommence à dessiner, puis retourne à la peinture avec une figuration complexe où le vrai sujet n'est autre que la peinture. Chia pratique aussi la sculpture (le Peintre poète, 1983, bronze polychrome). Il impose la prédominance des couleurs vives, à la limite du kitsch, et joue sur une texture épaisse ou transparente, tandis que ses sujets multiples développent souvent des thèmes mythiques (Perpétuelle [E] Motion, 1978 ; Oisiveté de Sysiphe, 1981). Il présente des personnages de grand format, souvent figurés en gros plan, parfois en apesanteur dans des paysages colorés, sans topographie précise (Grotte bleue, 1980 ; Événement au café Tintoretto, 1982 ; Figure avec arbre, 1990). Artiste appartenant à la Trans-avant-garde italienne, il tente de remettre au premier plan les valeurs picturales tout en privilégiant la couleur.

Chiari (Giuseppe Bartolomeo)

Peintre italien (?  1654  – Rome 1727).

Chiari se forme à Rome, qui sera le lieu privilégié de son activité durant toute sa carrière. Élève de Carlo Maratta, il devient l'un de ses plus fidèles suiveurs et son héritier dans l'école romaine de peinture. En 1690, il décore deux voûtes du palais Barberini, l'une, conçue par Bellori, avec la représentation du Char d'Apollon, l'autre avec la Naissance de Pindare. En 1700, Chiari peint à fresque la voûte de l'antichambre de la galerie du palais Colonna (Marcantonio Colonna présenté à la Vierge). Sous le pontificat de Clément XI Albani, il restaure les fresques de Melozzo da Forlì détachées des parois de la basilique des Saints-Apôtres et peint un Abdias pour Saint-Jean-de-Latran (1718). Ses œuvres tardives (Repos en Egypte, Calke Abbey, Derbyshire ; épisodes des Métamorphoses d'Ovide, Rome, galerie Spada, 1708 ; Gloire de saint Clément, v. 1715, basilique de Saint-Clément ; Cérès et Bacchus, palais De Carolis) témoignent de l'évolution progressive de l'artiste vers une manière fluide, un chromatisme chaud, et un ton narratif plus intimiste, due à l'influence des courants du rococo contemporain.