Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
L

Lely (Pieter Van der Faes, dit sir Peter)

Peintre anglais d'origine néerlandaise (Soest 1618  – Londres 1680).

Il travailla dans l'atelier de Pieter de Grebber à Haarlem en 1637. Il arriva en Angleterre en 1643 et commença à peindre des petits personnages dans des paysages ou des compositions historiques. Parmi les sujets qu'il choisissait, citons Jeune Fille en compagnie de son maître de musique (1654, coll. part.), qui associa la manière de Metsu à celle de Van Dyck. Mais Lely s'aperçut bientôt du peu de profit qu'il tirait de ces travaux et se consacra désormais au portrait. Son premier protecteur fut le comte de Northumberland, qui lui commanda le portrait de Charles Ier avec le duc d'York (1647, Londres, Syon House). Lely, n'ayant aucune attache politique, travailla aussi bien pour les royalistes que pour les parlementaires sous le Commonwealth. Il était considéré comme le " meilleur artiste d'Angleterre " en 1654. Devenu " Principal Painter " sous la Restauration, il obtint une pension à la suite de sa naturalisation anglaise, en 1662. À partir de cette date, il adopta un nouveau style, en accord avec les goûts de la Cour, ce qui l'amena à peindre un grand nombre de portraits de dames de la haute société, nonchalantes et voluptueuses. L'afflux des commandes exigeait l'organisation d'un vaste atelier avec plusieurs assistants. Lely exécuta une série de portraits de dames de la Cour intitulée les Belles de Windsor (Hampton Court) ainsi qu'une série de portraits d'amiraux (Londres, Greenwich Maritime Museum) qui révèlent une sensibilité très proche de la manière hollandaise ; le style de sa dernière période est représenté par le portrait de Lady Barbara Fitzroy (v. 1670, York, City Art Gal.), dont l'attrait réside surtout dans les coloris. Au début, Lely s'était appliqué à traduire l'esprit et le caractère de ses modèles à la façon de Van Dyck ; par la suite, il insistera sur leur grâce superficielle. Il fait prendre à ses modèles des attitudes conventionnelles qui les différencient peu les uns des autres. Lely fut le premier peintre en Angleterre qui ait eu un atelier très important, et le type de ses portraits fut imité jusqu'au milieu du XVIIIe s. : il constitue en fait le lien entre Van Dyck, qu'il vulgarise, et le créateur de la peinture anglaise, Reynolds.

   Il constitua une importante collection de peintures et de dessins. Outre des Van Dyck, sa collection de tableaux était surtout riche en peinture vénitienne ; y figuraient également Guerchin, Guido Reni, Lorrain et Rubens. Quant à sa collection de dessins et d'estampes, il semble qu'elle ait comporté près de 10 000 pièces, représentant le plus riche ensemble encore réuni en Angleterre.

Lemaire (Jean)

Peintre français (Dammartin, Seine-et-Marne, 1598  – Gaillon, Eure, 1659).

L'artiste, dont la présence à Rome est attestée dès 1613, se lia avec Poussin à l'arrivée de celui-ci en Italie, en 1624. Il retourne à Paris en 1639 et collabore à la décoration de la Grande Galerie du Louvre, confiée à Poussin ; en 1642, il repart en Italie, puis s'établit définitivement en France peu après. Lemaire a laissé de nombreux tableaux d'architecture ornés de figures drapées à l'antique (Prado, Agen, Ermitage, Fontainebleau). Ses toiles, baignées d'une lumière cristalline, rythmées avec sévérité, s'inscrivent parfaitement dans le courant néoclassique avant la lettre, que l'on a pu appeler " attique ", si caractéristique de la peinture parisienne du milieu du XVIIe s. Il ne doit pas être confondu avec Pierre Lemaire (son frère ?), dit tout comme lui " Lemaire– Poussin ".

Lemaire (Pierre) , dit Lemaire-Poussin

Peintre et graveur français (? 1612 [?]  – Rome [?] 1688).

Élève de Claude Vignon, il alla à Rome en 1632 et y resta probablement jusqu'à sa mort. Il fut le collaborateur de Poussin, avec qui il vécut à Rome. On lui doit une suite de 14 eaux-fortes retraçant l'Histoire de Pâris, dédiée à son maître Vignon en 1637.

Lemberger (Georg)

Peintre et graveur allemand (Landshut [?] v. 1495  – ? v. 1540).

Il est probablement le frère de Hans Leinberger, sculpteur originaire de Landshut, et il travailla surtout dans le nord de l'Allemagne. On peut considérer son style comme une imitation de celui d'Altdorfer et de Huber, avec une saveur maniériste. De 1522 date une Épitaphe des familles Schmidburg et Pistoris (musée de Leipzig). La Chute et la Rédemption (1535, musée de Nuremberg) semble influencée dans son iconographie par les représentations analogues de Cranach. Le chef-d'œuvre graphique de Lemberger demeure les illustrations pour l'Ancien Testament (1532-1535), imprimées à Magdeburg.

Lembrí (Pere)

Peintre espagnol (actif dans la région de Castellon entre 1400 et 1423).

Plusieurs documents attestent son activité de peintre de retables. A. José y Pitarch a émis l'hypothèse qu'il pourrait être l'auteur d'un groupe d'œuvres réunies autour du Retable des deux saints Jean (église d'Albocacer) et attribuées jusqu'alors à Domingo Valls, tels que le Retable de saint Jean-Baptiste (église de S. Juan del Barranco), la Transfiguration (église de Chiva de Morella), l'Entrée du Christ à Jérusalem (Worcester, Art Museum), 2 scènes de la vie de sainte Ursule (musées de Perpignan et de Boulogne) et un grand nombre de panneaux isolés (New York, Hispanic Society ; Barcelone, M. A. C. et coll. part.). Le style de ces peintures un peu rude, voir naïf, suit, par ses formes fluides et ses couleurs contrastées et vives, la ligne du Gothique international.

Lemieux (Annette)

Artiste américaine (Norfolk, Virginie, 1957).

Elle finit ses études à l'université de Hartford en 1980, où elle expose ses premiers travaux la même année. Ne faisant pas partie d'un mouvement particulier des années 80, elle partage avec nombre de ses contemporains une conscience sociale. Sa violente réaction vis-à-vis de la condition humaine est le point de départ de son art et une des raisons du manque d'homogénéité de celui-ci. Elle utilise peintures, sculptures en bronze, objets, constructions mixtes, photographies, collages et dessins dans des abstractions modernistes proches des derniers travaux de Ad Reinhardt (Walking on Water, 1985 ; Unruly Child, 1987). Sa réaction personnelle envers la société se traduit aussi, à l'instar de B. Nauman et W. Wegman, dans l'exagération de ses titres (Vital Organ, 1986 ; Truth, 1989). Ses travaux récents sont plus symboliques ; les pensées, plus simples, et le vocabulaire, plus proche de l'art minimal. L'impact en est d'autant plus fort (Distinction/Extinction, 1989 ; Stampede, 1989). Elle a participé à de nombreuses expositions collectives entre 1980 et 1990, exposé au New Museum de New York en 1989, et participé à la Biennale de Venise en 1990.