Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
V

Venusti (Marcello)

Peintre italien (Mazzo 1512/13  – Rome 1579).

Originaire de Lombardie, en contact avec un groupe lié à la Réforme (gli Spiritualisti), Venusti se forme à Rome dans l'atelier de Perino del Vaga, puis après son retour de Gênes (1537/38), travaille dans plusieurs églises, dont la Trinité-des-Monts (1553), S. Maria sopra Minerva (Adoration des bergers), Saint-Jean-de-Latran (Annonciation). On conserve de ce peintre des œuvres de petit format, destinées à la dévotion privée souvent exécutées d'après des compositions de Michel-Ange, dont il est l'un des meilleurs interprètes (Pietà, Rome, Gal. Borghèse ; Crucifixion, Offices), et une copie fidèle du Jugement dernier (Naples, Capodimonte, 1549) pour le cardinal Alessandro Farnese. À la fin des années 1560, Venusti décore la chapelle Saint-Jean-Baptiste à S. Caterina dei Funari, témoin du chromatisme lyrique qui rappelle ses origines. En 1573, il exécute la décoration de la voûte de la chapelle du Rosaire à Santa Maria sopra Minerva, église où se trouve sa sépulture.

Verbruggen (Gaspar Pieter, dit le Vieux)

Peintre flamand (Anvers 1635  – id. 1681).

Maître à la gilde d'Anvers en 1649-50, il a peint, à la suite de Bruegel de Velours et de Daniel Seghers, des bouquets et des guirlandes de fleurs dont la profusion et la richesse révèlent son sens du Baroque : Fleurs (1654, musée d'Innsbruck), Guirlande de fleurs ornant un cartouche (1670, musée de Lyon), Guirlande de fleurs avec saint Jean-Baptiste (Copenhague, S. M. f. K.), Fleurs et fruits ornant un bas-relief (Turin, Gal. Sabauda).

 
Son fils Gaspar-Pieter, dit le Jeune (Anvers 1664 – id. 1730) , fut maître à la gilde en 1677, puis doyen en 1691. Personnalité étrange, selon son biographe Weyerman (1729) il peignit ses bouquets la nuit, allant de taverne en taverne dans la journée. Endetté, il s'enfuit à La Haye en 1706 et y resta jusqu'en 1723. De retour à Anvers, il mourut dans la plus grande misère.

   Il retint l'opulence des bouquets touffus de son père, mais, les agrémentant de vases à l'antique, il montra une plus grande originalité : Vases de fleurs (musées de Poitiers, de Bruges, de Schwerin), Fleurs et perroquets (musée de Dijon), Guirlande de fleurs ornant un cartouche (musée de Tournai), Vase de fleurs et figures allégoriques (1688, 1696), Fleurs ornant une niche (musée d'Anvers).

verdaccio

Ce terme désigne à l'origine un mélange de terre de Sienne brûlée, d'ocre, de noir de charbon, de craie et de terre d'ombre verdâtre, utilisé par les fresquistes et les peintres de tempera. Par extension, il désigne aussi le dessin définitif exécuté en grisaille ou en camaïeu qui détermine ombres et contours avant que le peintre ne pose les couleurs. Dans son Libro dell' Arte (Livre de l'art), Cennino Cennini recommande cette technique, précisant que ce mot était en usage chez les peintres florentins, tandis que les Siennois employaient celui de bazzéo.

Verdilhan (Louis Mathieu)

Peintre français (Saint-Gilles-du-Gard 1875  – La Pomme, près de Marseille, 1928).

C'est l'un des plus importants peintres modernes de la Provence, à laquelle il consacra presque toute son œuvre. Né dans une famille liée à Mistral, il s'installa à Marseille, où, à partir de 1895, il occupa toujours le même atelier. Il vint à Paris en 1898, puis en 1906 et se lia intimement avec Bourdelle et Marquet. Sa première exposition, discrète, eut lieu chez Braun, à Paris, en 1900, et dès lors il exposa régulièrement au Salon des indépendants. Il exécuta en 1925 la décoration murale du pavillon de la Provence pour l'Exposition universelle et en 1926 un panneau pour l'Opéra de Marseille. En 1923, il fit une exposition à New York. Artiste très scrupuleux, il a détruit lui-même et jeté dans le vieux port de Marseille un grand nombre de ses toiles. Un accident physique, la perte, en 1900, de son œil droit et l'influence de son ami Marquet expliquent peut-être l'orientation nouvelle de sa peinture, d'une pureté très originale, quoique d'un aspect plat et transparent. Son style consiste en aplats de tons très clairs, les formes étant indiquées seulement par des cernes pleins et purs. Ses thèmes, empruntés aux ports du Midi (le Port de Marseille, Paris, M. A. M. de la Ville), à la vie populaire, aux paysages et fleurs de Provence, se caractérisent par un dépouillement monumental et, suivant son propre terme, l'" aristocratie du ton ". Verdilhan est représenté au musée de Marseille.

Verdussen (Jan Peeter)

Peintre d'origine flamande (Anvers v. 1700  – Avignon 1763).

Fils du peintre de batailles et paysagiste Pierre Verdussen (Anvers 1662 – id. 1701) , il travailla à la cour de Sardaigne (1744) et fut reçu à l'Académie de Marseille (1759). Il a peint essentiellement des paysages et des scènes de batailles (Siège de saint Guillaume, Versailles), qui s'inspirent tantôt de Snayers et de Van der Meulen, tantôt de Wouwerman.

Verechtchaguine (Vassili Vassilievitch)

Peintre russe (Ljnbez, Novgorod, 1842  – Port-Arthur 1904).

Il quitte dès 1860 le corps des cadets de la marine pour étudier à l'Académie des beaux-arts de Saint-Pétersbourg (1861-1863), puis vient à Paris chez Gérôme, où il acquiert une technique originale d'une précision presque photographique. La voie originale et personnelle de Verechtchaguine, peintre de guerre, lui est donnée par ses voyages au Turkestan dans les années 1867-1868 et 1869-1871, au cours des expéditions militaires des généraux russes. De 1871 à 1874, il s'installe à Munich, où il met au point ses expériences et ses souvenirs de correspondant de guerre, et, dès 1874, il rencontre lors d'une première exposition collective à Saint-Pétersbourg un immense succès auprès du public, avec sa fameuse Apothéose de la guerre (1871, Moscou, gal. Tretiakov), où les crânes humains s'empilent dans le désert en une pyramide symbolique. Le riche marchand Tretiakov achètera alors la presque totalité de l'exposition. Il expose à Londres, dès 1873, au Crystal Palace, puis en 1879 au South Kensington. Ayant donc trouvé au Turkestan une voie exotique et ethnographique dans laquelle il fait merveille, Verechtchaguine passe ensuite aux Indes en 1875-1876, s'établit quelque temps en France, à Maisons-Laffitte, où il bâtit un atelier, passe en Bulgarie à la suite du général Skobelev lors de la guerre russo-turque (1877-1878), se révèle enfin dès 1880 au public parisien dans une importante exposition au cercle de la rue Volney. L'un des chefs-d'œuvre de ce nouveau cycle de peintures exotico-militaires est la Bataille de Chipka (1878, Moscou, gal. Tretiakov). En 1884, Verechtchaguine effectue un voyage en Syrie et en Palestine, d'où il tire une Vie du Christ qui suscite, pour la trop grande crudité des détails, la réprobation de l'archevêque de Vienne ; enfin, établi en 1892 à Moscou, il s'attaque à son dernier grand succès pictural, le cycle de Napoléon en Russie, qui sera montré à la fin des années 1890 dans toutes les grandes capitales européennes. Il meurt dans le désastre naval de Port-Arthur, à bord du navire de guerre impérial Petropavlovsk. Mis à part la grande collection de la galerie Tretiakov de Moscou, une collection considérable de ses œuvres est conservée au Musée russe de Saint-Pétersbourg (70 tableaux).