Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Dyck (Antoon Van) (suite)

Période anglaise

Le 1er avril 1632, Van Dyck arrive à Londres sur l'invitation de sir Kenelm Digby. Le 5 juillet de la même année, il est pensionné par le roi au titre de " principal peintre ordinaire de Leurs Majestés " et créé chevalier. Sa carrière londonienne fut interrompue par deux voyages en Flandres : à Bruxelles, en 1634, il portraiturait le Cardinal-Infant Ferdinand (Prado), nouveau gouverneur des Flandres, ainsi que des personnages de la Cour, comme le Marquis de Moncada (Louvre) et le Prince Thomas de Savoie (Turin, Gal. Sabauda). Il réalise encore, en 1634, la Pietà de Munich (Alte Pin.) et probablement le tableau de groupe des Magistrats de Bruxelles, commandé en 1628 (détruit en 1695, esquisse conservée à Paris, E. N. S. B. A.). À son retour à Londres, en 1635, il projetait de décorer d'une suite de tapisseries les murs de la salle des Banquets de Whitehall, dont Rubens avait auparavant peint le plafond. Les cartons de Van Dyck avaient été consacrés aux cérémonies de l'ordre de la Jarretière, mais les difficultés du trésor royal firent abandonner ce projet en 1638.

   Il quitta Londres une seconde fois en 1640, année de son mariage avec une Anglaise, Marie Ruthven. Il se rendit à Anvers, où Rubens venait de mourir, et à Paris. De retour à Londres au début de 1641, il tombe gravement malade et il meurt le 9 décembre 1641. Il fut inhumé dans le chœur de la cathédrale Saint-Paul, où le roi fit placer une épitaphe.

   Dans son hôtel de Blackfriars, Van Dyck s'était consacré presque exclusivement au portrait. Sa production, de quelque 400 tableaux entre 1632 et 1641, présente des inégalités et parfois des négligences de facture. Son atelier exécute de nombreuses répliques, systématise certains effets, peint les costumes et les draperies. On a parlé même d'une décadence du style de Van Dyck à Londres, mais la critique d'aujourd'hui est revenue sur ce jugement. En fait, c'est pendant cette période que le portraitiste crée ses chefs-d'œuvre : son portrait équestre de Charles Ier (Londres, N. G.), celui de Charles Ier à la chasse (Louvre), où le souverain est placé dans un monde idéal, harmonieusement uni à un grand paysage à la flamande dont la légèreté rappelle ses aquarelles de vallées et de vues boisées contemporaines (British Museum ; coll. du duc de Devonshire). Les portraits de Robert Rich, comte de Warwick (1635, Metropolitan Museum), du Comte de Strafford (1636, coll. de lord Egremont), de George Digby et William Russell (coll. Spencer), où le geste maniéré, le flot d'une draperie, la pâleur d'un jaune safran, l'éclat d'un gris argenté ou celui d'un vermillon éclairent l'état d'âme des modèles, préfigurent le Romantisme, ainsi que les minces visages allongés de James Stuart, duc de Lenox (Metropolitan Museum), de la Comtesse de Bedford (v. 1640, coll. de lord Egremont) et de John et Bernard Stuart (Londres, coll. Mountbatten).

   Les audaces de sa facture, maintenant très libre, sa science du groupement des figures dans les Portraits des enfants de Charles Ier (Turin, Gal. Sabauda) ou du Prince Guillaume II et sa jeune épouse (Rijksmuseum), dernier tableau de 1641, sa virtuosité dans le rendu des satins et des étoffes exerceront un immense prestige sur les portraitistes anglais (P. Lely, Dobson, Greenhill et Kneller) et flamands (Hanneman et G. Coques).

   L'art de Van Dyck inspirera les peintres français du XVIIIe s., mais marquera surtout d'une façon indélébile Joshua Reynolds et Thomas Gainsborough, chefs de file et prestigieux représentants de l'école anglaise du XVIIIe s.