Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
V

Vezelay (Paule)

Peintre et sculpteur britannique (Clifton, Bristol, 1892  – Londres 1984).

Après avoir effectué ses études à la Slade School puis à la London School of Art de Londres, Paule Vezelay a sa première exposition dès 1918 à Londres. En 1922, elle devient membre du London Group. Elle se rend en 1926 à Paris et sera marquée par le Cubisme, que Braque pratiquait à cette époque. En 1928, elle se tourne vers l'abstraction et participera l'année suivante, et jusqu'en 1937, au Salon des surindépendants. En 1934, elle fait partie du mouvement Abstraction-Création : elle réalise à ce moment des natures mortes très stylisées au point de devenir tout à fait abstraites, qui témoignent de l'influence du Purisme, en particulier grâce à leur gamme colorée. Ses sculptures sont alors marquées par l'art de Jean Arp. En 1937, elle commence sa série des Lignes dans l'espace (Lines in space n° 10 ; 1950, musée de Grenoble), qu'elle exposera d'ailleurs à la gal. Jeanne Bucher à Paris et qui sont peintes ou effectivement constituées de réseaux de fils tendus devant un fond sur lequel sont peintes des formes organiques. En 1939, elle est invitée à la première exposition du groupe Renaissance plastique, qui devait devenir le Salon des réalités nouvelles. Elle rentre en Grande-Bretagne en 1939 puis s'installe à Londres en 1942. En 1946, elle participe au premier Salon des réalités nouvelles, où elle figurera jusqu'en 1951. Elle fait partie en 1953 de la section britannique du groupe Espace. L'art de Paule Vezelay, qui est resté très marqué par les formes de Jean Arp, mais aussi de César Domela et dans une certaine mesure par celles de Moholy-Nagy, appartient à la tendance de l'Abstraction géométrique mais la sensibilité continue à y tenir une large place. En 1983, une exposition rétrospective de son œuvre a été organisée à la Tate Gal. de Londres. Ses œuvres sont conservées dans de nombreux musées britanniques ainsi qu'au musée de Grenoble.

Vhutemas (" vyschie khoudojestvenno-tekhnitcheskie masterskie ", en français " laboratoires artistiques et techniques supérieurs ")

Cette école d'art, ouverte à Moscou de 1920 à 1926, peut être comparée au Bauhaus en Allemagne ; elle représente comme le Bauhaus une des premières tentatives de lier la création artistique au monde de la production industrielle : Vhutemas s'intéressait aux domaines artistiques (peinture, sculpture, architecture) et aux domaines industriels (art graphique, tissus, céramique, travail du bois et des métaux) et formait peintres, architectes et designers. Une grande importance était donnée à un cours didactique, obligatoire pour tous les élèves, sur les principes de l'union des sciences artistiques et techniques, sur l'étude de la construction des formes par rapport à la couleur, sur les principes de l'organisation spatiale, etc. ; cette étude devait servir de base à la formation d'artistes d'un type nouveau. Parmi les professeurs de Vhutemas, on compte des peintres qui poursuivaient les traditions de la peinture russe du XIXe s. (A. Arkhipov, D. Kardovski) et des peintres qui participaient aux mouvements symboliste (P. Kouznetsov) et cézannien (I. Maschkov). Mais le rôle le plus important appartenait aux premiers constructivistes et aux designers comme A. Rodtchenko, V. Tatline, A. Vesnine, V. Stepanova, G. Kloucis, El. Lissitsky, D. Moor, L. Popova, qui élaborèrent toute une méthodologie de l'analyse esthétique et fonctionnelle de la production industrielle. Une place particulière est occupée par V. Favorski, le recteur de l'école (1923-1925), qui enseignait la théorie de la composition en relation avec les théories constructivistes. En 1926, Vhutemas prit le nom de Vhutein [" Vyschi Khoudojestvenno-Tekhnitcheski Institout "] (" Institut supérieur artistique et technique " ; l'école exista jusqu'à la fin de 1930), qui poursuivit au début les principes de l'enseignement de Vhutemas, mais peu à peu retourna aux méthodes traditionnelles d'enseignement, ce qui reflète la situation générale de la culture artistique soviétique des années 1930.

Viallat (Claude)

Peintre français (Nîmes 1936).

Dans la lignée d'une Abstraction qui se réclame à la fois de Matisse et des abstraits américains, et qui n'a d'autre sujet que la peinture elle-même, il développe depuis la fin des années 60 une critique pratique et théorique du tableau traditionnel. Sa recherche sur les supports le conduit à utiliser des toiles non tendues, des fils, des cordes, des nœuds, des filets, des galets, des bois roulés, des papiers, des lièges, des treillis métalliques, tandis que la couleur (généralement des " teintures ") s'organise à partir d'empreintes répétées de formes. Ce travail de " déconstruction " du tableau, mené avec un vocabulaire réduit, rejoint les recherches de peintres comme Dezeuze et Saytour et prend de l'ampleur avec le regroupement temporaire opéré en 1970 sous le nom de " Supports/Surfaces ".

   La réalité matérielle du support, de l'outil et de la couleur met en évidence la démarche du peintre, à l'opposé de toute mystique de la création artistique : l'image n'a d'autre sens que celui du travail qui la produit. Par leur nature même, les œuvres appellent le plein air et la rue (par exemple manifestations du village de Coaraze en 1969), tandis que les travaux exploratoires et les inventaires systématiques de nœuds, ligatures, épissures, châssis, présentés comme partie intégrante de l'œuvre, font clairement apparaître le projet et la méthode de l'artiste. Fondant très tôt sa pratique sur la répétition d'une même forme issue des mailles de ses filets, Viallat en couvre divers supports de toile non tendus sur châssis : bâches, parasols, stores à franges parfois eux-mêmes imprimés de motifs décoratifs. Viallat a également réalisé des vitraux pour la cathédrale de Nevers et pour l'église d'Aigues-Mortes (1989-91).

   C'est l'infinie variation des oppositions de couleurs entre cette forme répétée et le fond sur lequel elle s'inscrit qui devient alors le sujet principal de sa peinture.

   Après avoir enseigné à l'école des Beaux-Arts de Marseille-Luminy, Viallat dirige depuis 1979 celle de Nîmes. Le M. N. A. M. lui consacra une exposition rétrospective en 1982. Il a représenté en France à la Biennale de Venise en 1988. Un ensemble d'œuvres de l'artiste couvrant la période 1974-96 a été présenté (Paris, E. N. S. B. A.) en 1996.