Masone (Giovanni)
ou Giovanni Mazone
Peintre italien (Alexandrie v. 1433 Gênes [ ? ] v. 1512).
Issu d'une famille de peintres originaire d'Alexandrie, en Piémont, installé à Gênes, où il possédait un atelier florissant, Masone se voulut toujours alexandrin et fit suivre sa signature du nom de cette cité. Son activité est signalée entre 1463 et 1500 à Gênes et à Savone. Ses œuvres étaient si réputées que le futur pape Jules II, alors cardinal Giuliano della Rovere, lui fit exécuter v. 1490, pour la chapelle sépulcrale érigée par son oncle, le pape Sixte IV, un retable qu'il n'hésita pas à payer un prix considérable. Le triptyque acquis par Vivant-Denon à Savone pour le Louvre (panneau central : la Nativité ; volets : Saint François présentant le pape Sixte IV, Saint Antoine de Padoue présentant le cardinal Giuliano della Rovere) est exposé au Petit Palais d'Avignon, qui fut la résidence de Giuliano della Rovere.
D'autres œuvres religieuses sont conservées à la Pin. de Savone (polyptyque de la Nativité, polyptyque de l'Annonciation, contesté par la critique récente) et dans les églises de Gênes (polyptyque de l'Annonciation à l'église S. Maria del Castello). Il faut citer aussi de ce maître un retable du musée d'Alençon, Noli me tangere (1477), qui provient de Savone.
Formé par des peintres lombards, Giovanni Masone paraît particulièrement influencé par Foppa ; son dessin est net et précis, et son coloris clair et translucide.
Massari (Lucio)
Peintre italien (Bologne 1569 – id. 1633).
Parmi les élèves des Carrache de moindre renommée, il fut celui qui ressentit le plus fortement l'influence des œuvres de la maturité d'Annibale, étudiées au cours d'un bref séjour à Rome. Mais ses travaux les plus significatifs sont ceux dans lesquels le sentiment religieux, d'une austérité sincère comme chez Bartolomeo Cesi, le grand peintre de la Contre-Réforme bolonaise, prévaut sur l'académisme formel : Madone et saints à S. Maria dei Poveri et à S. Benedetto de Bologne, Sainte Famille au palais Pitti, l'Aumône du bienheureux Corradino Ariosti à S. Paolo Maggiore de Bologne. Massari s'exprime en images graves et sans ornement, groupées en compositions simples et fluides. En dehors de Bologne, il travailla à Rome, à Florence (où il exécuta un cycle de fresques pour la chartreuse) et à Mantoue.
massier
Élève d'un atelier de peinture ou de sculpture qui est chargé de recueillir les cotisations mensuelles (masse) et de pourvoir aux dépenses de l'atelier, dans l'administration duquel il seconde le maître en tant que représentant des élèves. (On dit au féminin massière.)
Massironi (Manfredo)
Artiste italien (Padoue 1937).
Il reste l'un des chercheurs les plus rigoureux dans le domaine de l'art cinétique en Italie. Ses travaux effectués dans le domaine de la perception visuelle débutent dans les années 60, alors que le Cinétisme se développe en Europe. Avec Biasi, Costa et Landi, Massironi compte parmi les fondateurs du groupe N de Padoue, caractérisé par une approche très scientifique de ces phénomènes perceptifs. Le musée des Beaux-Arts de Łódź (Pologne) organise en 1967 une importante exposition rétrospective, trois ans après la séparation des membres du groupe. Mêlant la lumière et le mouvement, Massironi réalise des œuvres tridimensionnelles, mobiles ou manipulables, produisant, à travers des prismes, des images spectrales en mutation continue de couleur et de position (Cube + Sphère, Cylindre + Sphère). Théoricien actif de la Nouvelle Tendance, il rédige en 1964 l'essai intitulé Technique et idéologie. Engagé politiquement, il crée à Marghera un centre pour ouvriers. Poursuivant sa contestation au début des années 70, il abandonne partiellement ses recherches esthétiques pour une critique systématique de la communication artistique. En 1974, il obtient un diplôme d'architecte et devient professeur. Arrêtant tout cycle d'expositions, il déclare alors : " Il fallait répondre aux demandes incessantes du marché et je n'ai pas voulu me soumettre à la volonté totalitaire de ce canal de divulgation [...] J'ai pris mes distances, aujourd'hui, par rapport aux règles et aux jeux des expositions. "
Masson (André)
Peintre français (Balagny, Oise, 1896 – Paris 1987).
À l'âge de huit ans, il suit sa famille à Bruxelles, où il apprend le dessin et où, devant une œuvre d'Ensor, il éprouve sa première émotion artistique. Verhaeren, qu'il rencontre en 1912, persuade ses parents de l'envoyer à Paris, où il entre bientôt à l'École des beaux-arts. En 1914, une bourse lui permet de voyager en Toscane. Mobilisé, il est grièvement blessé en 1917. Réformé, il gagne le Midi et rencontre Soutine à Céret. En 1922, à Paris, il est remarqué par le marchand Kahnweiler. Il peut alors se consacrer à son art ; il fréquente Gris et Derain. Sa peinture est d'abord d'un Cubisme modéré (Route de Picardie, 1924 ; l'Aile, 1925). Il s'installe alors rue Blomet dans le voisinage de Miró. Aragon, Artaud, Leiris deviennent ses amis, et Breton lui achète les Quatre Éléments (1923-24). Dès la fondation du groupe surréaliste, Masson s'engage dans la voie de l'automatisme graphique et participe aux expositions du groupe. La liberté de ses dessins trouvera un équivalent sur le plan pictural avec l'invention des " tableaux de sable " en 1927 : des giclées de colle sur une surface posée à plat, peinte ou non, sont recouvertes de sable, et, lorsqu'on redresse la toile, le sable glisse et reste accroché là où la colle le retient (Lancelot, Titane [1927]). En 1928, après des voyages en Hollande et en Allemagne, Masson illustre la Justine de Sade en collaboration avec d'autres peintres surréalistes. Il se trouve néanmoins parmi les exclus du Second Manifeste du Surréalisme (1929). Il consacre de nombreuses œuvres au thème du Destin des animaux. Puis apparaissent les thèmes du Massacre (1931-32), de l'Enlèvement (1931, Paris, M. N. A. M.), de la Poursuite (1931). Masson rencontre Matisse à Grasse en 1932, peint ses premiers décors de théâtre en 1933 (les Présages, ballet de L. Massine, Monte-Carlo) et, l'année suivante, voyage en Espagne et s'installe en Catalogne (Ibdes de Aragon, 1935, Londres, Tate Gal.). Collaborateur de la revue Minotaure, il retrouve André Breton au moment de la guerre d'Espagne et participe aux expositions internationales du Surréalisme à Londres (1936) et à Paris (1938). Il fait la connaissance de J.-L. Barrault en 1937 et travaillera souvent avec lui (Numance de Cervantès au Théâtre-Antoine, 1937 ; la Faim de K. Hamsun à l'Atelier, 1939). Replié en Amérique avec les surréalistes en 1941, il illustre Martinique charmeuse de serpents de Breton, avant de se brouiller de nouveau avec le poète en 1943. Dans ses œuvres, comme Vue emblématique de Tolède (1943-44), son style, plus expressionniste que surréaliste, s'affirme, et sa plastique prend de la force. Sa période américaine représente un des sommets de son art et des toiles comme Paysage iroquois (1942) exercèrent une influence certaine sur toute une génération de jeunes peintres américains. Rentré en France en 1945, il compose des décors pour le théâtre Marigny (Hamlet, 1946). Installé en Auvergne, puis en Provence, il exécute de nombreuses gravures pour illustrer Mallarmé, Coleridge et Malraux. Il voyage alors à Venise et à Rome entre 1951 et 1954, année où il obtient le grand prix national des Arts. L'Embellie (1956, musée de Grenoble), le Couple (1958, Paris, M. N. A. M.) témoignent, par leur graphisme, de sa découverte de l'Orient en même temps que d'un retour à l'écriture automatique. Thaumaturges malveillants menaçant le peuple des hauteurs (1964), Cérémonie chez Sade, Hommes écorchés et femmes en armure (1963) correspondent à sa période de plénitude : le dessin égratigne nerveusement la surface, et les lignes restent errantes, tandis que la couleur est portée à une intensité violente. Bien qu'il affirme admirer la sérénité orientale, Masson est un peintre du tragique, et sa peinture reste occidentale. Son plafond pour le théâtre de l'Odéon de Paris (1965) est l'un de ses chefs-d'œuvre : les formes, à peine figuratives, s'entrechoquent dans un mouvement tourbillonnant. Une exposition rétrospective de son œuvre fut présentée en 1976 au M. O. M. A. de New York puis, à Paris, au Grand Palais. Le musée des B. A. de Berne lui a consacré une exposition en 1996. Masson a publié sous le titre de Plaisir de peindre le recueil des articles qu'il publia après la guerre dans la revue les Temps modernes.