Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
V

Vleughels (Nicolas)

Peintre français (Paris 1668-Rome 1737).

Fils d'un portraitiste flamand, il fut l'élève de Mignard (1694), fit un voyage à Rome et à Venise — où il connut Edelinck, qui devait graver certains de ses tableaux — et fut reçu à l'Académie en 1716 avec Apelle peignant Campaspe (Louvre), tableau dans lequel l'influence des coloristes vénitiens du XVIe s. semble prédominante. Il s'établit à Rome (1724), où il devait prendre le poste de directeur de l'Académie de France en 1727 ; il en transféra le siège du palais Capranica au palais Mancini et s'occupa beaucoup de ses élèves (Bouchardon, M. A. Slodtz), leur faisant copier Raphaël au Vatican (1729), les Carrache à la galerie Farnèse, les œuvres des Napolitains, de Pietro da Cortona ou de Guido Reni. Il épousa en 1731 Marie-Thérèse Gosset, belle-sœur du peintre Pannini. Excellent administrateur, il peignit peu : le trait nerveux et la sensibilité de ses dessins et de ses pastels (Louvre) dénotent un souci d'élégance et de légèreté, peut-être appris des Vénitiens. L'exquise variété colorée de ses rares tableaux, souvent influencés par les œuvres de Véronèse et généralement de petit format (Vulcain présentant à Vénus les armes d'Énée, musée de Toulouse ; Hérodiade, 1730 ; Diseuse de bonne aventure, musée d'Angers ; Visitation, Sainte Famille, 1729, Ermitage ; le Repas chez Simon,1727, les Noces de Cana, 1728, Munich, château de Schleissheim), la vivacité spirituelle de la touche, rappelant Watteau, dont il fut l'ami, désignent Vleughels comme un peintre délicat et qui mériterait d'être mieux connu.

Vlieger (Simon Jacobsz de)

Peintre néerlandais (Rotterdam 1601  – Weesp 1653).

Élève de Willem Van de Velde le Vieux, puis de Jan et Julius Porcellis, Simon de Vlieger peignit quelques portraits et quelques sujets de kermesse, mais il fut, avant tout, connu pour ses Marines. Il vécut jusqu'en 1634 à Rotterdam, date à laquelle il s'inscrivit à la gilde de Saint-Luc à Delft. De 1638 à 1648, il est à Amsterdam (sauf en 1642, date à laquelle on le trouve à Rotterdam), puis s'établit à Weesp en 1649 où il demeura jusqu'à sa mort. Ses premières marines annoncent déjà les principales caractéristiques de son style : composition en horizontales ; importance d'un ciel souvent nuageux qui occupe la majeure partie du tableau ; accords de couleurs à prédominance de gris argent et de bruns... Ses principales œuvres (Côte près de Scheveningen, 1633, Londres, Greenwich Maritime Museum ; Eau calme, Rotterdam, B. V. B. ; la Tempête, 1651, Cambridge, Mass., Fogg Art Museum) et ses très nombreuses Marines (1643, Mauritshuis ; 1649, Vienne, Akademie ; Louvre), par le calme qui s'en dégage, sont à rapprocher de celles de Jan Van Goyen et de Jacob Van Ruisdael. Citons aussi une œuvre assez exceptionnelle : l'Entrée d'une forêt (Rotterdam, B. V. B.), dérivée de H. Saftleven et de Vroom, ainsi que la très rembranesque Arrivée du chasseur, peinte dans une belle tonalité dorée (1637, Rijksmuseum). Par l'importance et la qualité de son œuvre, Simon de Vlieger tint une place prépondérante dans l'évolution de la peinture hollandaise de marines ; son art fut à l'origine de celui de Hendrick Dubbels, de Willem Van de Velde le Jeune et de Van de Cappelle. Il ne faut pas le confondre avec Nicolas Vlieger (Hollande, XVIIe s.), le peintre néerlandais de fleurs.

Vliet (Willem Van der)

Peintre néerlandais (Delft v.  1584  – id. 1642).

Élève en 1613 de Mierevelt — avec qui il collabora —, inscrit la même année à la gilde de Delft, dont il fut le doyen en 1634, il peignit des portraits, aux coloris délicats, apparentés à ceux de Mierevelt et de Ravesteijn : Portrait d'un bourgmestre et de son épouse (1625, musée d'Amiens), Suitbertus Purmerent (1631, Londres, N. G.), Portrait de femme, Portrait d'homme (1636, Louvre), Jeune Garçon (1638, Rijksmuseum), Portrait d'homme (1640, musée d'Utrecht) ; un Portrait allégorique (1627, loc. inc.) à l'iconographie difficile, est d'un style tout à fait classique, conparable à celui de Poussin. Il influença Cornelis de Man.

 
Son neveu Hendrik Cornelisz (Delft v. 1611/12 – id. 1675) fut son élève et celui de Mierevelt. Inscrit à la gilde de Saint-Luc de Delft en 1632, il reçut une formation de portraitiste. On peut citer de lui en ce domaine un Portrait de famille (1640, loc. inc.), à l'exécution d'une parfaite netteté, confinant à un archaïsme voulu. Il signait rarement, ce qui fait que beaucoup de ses portraits sont sans doute encore baptisés de fausses attributions. Cependant, tout comme Houckgeest et de Witte, il peignit essentiellement des vues des principales églises de Delft, dans une manière claire et précise : la Nieuwekerk (1666, Rotterdam, B. V. B. ; musée de Nîmes), la Oudekerk (1654, Rijksmuseum ; 1655, musée de Châteauroux ; 1662, musée de Karlsruhe ; 1665, musée de Caen ; Louvre ; Vienne, Akademie ; Munich, Alte Pin. ; Mauritshuis ; Boston, M. F. A. ; musée de Clermont-Ferrand).

Voet (Jacob Ferdinand)

Peintre flamand (Anvers 1639  – Paris 1700 [ ?]).

Longtemps confondue avec certains tableaux de Laurent Fauchier, l'œuvre de Voet, redécouverte en 1939, se compose d'élégants portraits en buste situés à mi-chemin entre ceux de Mignard et ceux de Carlo Maratta : Portrait de jeune homme (Bruxelles, M. R. B. A.), 3 Portraits de femmes, le Chevalier Jean de Souhigaray, Bertrand de Souhigaray, Catherine de Souhigaray (musée de Nantes), Thomas Burnet (1675, Londres, N. P. G.), Portrait d'un membre de la famille Rospigliosi Pallavicini (1672), Portrait d'homme, Lorenzo Onofrio Colonna (Rome, Gal. Pallavicini), Orazio Archinto (musée de Varsovie), Portrait de jeune femme (Ermitage), Sulpicia Chigi, princesse Farnèse (musée de Chartres), Urbano et Pompeo Rocci (Rome, Gal. Spada). Principalement actif à Rome entre 1670 et 1690 env., Voet y peignit de nombreux portraits, dont ceux des nièces du cardinal de Mazarin : Olimpia, Hortense, Maria et Maria-Anna Mancini (3 exemples à l'Escorial ; Offices ; Rome, Gal. Spada ; Rijksmuseum ; musée d'Agen) ; l'artiste s'en alla ensuite à Turin, puis finit sa carrière à la cour de France.